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Critique de Dixie39


Que dire ? J'attendais beaucoup de ce livre. J'aurais aimé n'en dire que du bien, mais voilà, j'avoue qu'en toute honnêteté, je ressors de cette lecture avec un avis mitigé.

Et pourtant Black Museum est un beau projet : L'auteur se rend chez les Hadzas, un peuple africain qui semble être resté au plus proche du mythe de l'homme « des origines », avec tout ce que cela comporte de fantasmes et de préjugés, dans le but de faire paraître un article sur eux. Il sait qu'un grand anthropologue a déjà publié une thèse fort remarquée sur ce clan, qu'il a lue et connaît sur le bout des doigts… mais il souhaiterait livrer une image plus fidèle, plus vraie, de ce que sont ces hommes, sans dénaturer et réinterpréter leur vie.

Cela ne va pas être si simple…

Alexandre Kauffmann nous apparaît souvent désabusé par cette mission et l'ampleur de la tâche : comment rentrer en contact avec les Hadzas ?

« le mystère de la société hadza, je l'avais approché avec naïveté. Comment faire autrement ? Personne ne savait au juste d'où venaient ces nomades et où ils allaient. Les archers pouvaient être d'anciens agriculteurs ruinés par les sécheresses, des pasteurs privés de bétail qui avaient gagné le bush pour fuir leurs créanciers, ou les descendants d'un peuple lointain à la rechercher d'une terre d'asile. »

Comment ne pas être dupe de la comédie qui se joue devant ses yeux ? Que penser de ce tourisme organisé qui offre aux étrangers une mise en scène théâtrale, leur donnant à voir ce qu'ils étaient venus chercher : un spectacle exotique entre dépaysement et mythe occidental du « bon sauvage » ?

« Pour résumer le tableau de la rivière Barai : des crève-la-faim vendaient des visites truquées chez d'autres crève-la-faim à des étrangers qui auraient mieux fait de rester chez eux. »

Est-ce que ce reportage vaut tous les efforts qu'il pressent devoir faire et pour atteindre à quoi ? Une vérité ? Est-ce que tout récit de ce genre n'est pas, quoi qu'on y fasse, une fiction, une ré-écriture de ce qu' « on » a décidé de nous donner à voir ? À quoi bon s'acharner et se battre contre des moulins à vent, là où il pourrait rédiger de son hôtel un condensé de toutes ses notes et recherches, agrémenté de deux, trois photos et anecdotes, et le tour serait joué. Les lecteurs n'y verraient que du feu. Fake news !

Même dans ses désillusions et dans ce qui a vraiment nuit à ma lecture, il est fidèle en quelque sorte à ce projet d'écriture. Est-ce que le fait d'entrecouper son récit de ses réflexions sur sa co-locataire, avare et manipulatrice, la façon dont il prévoit de la congédier et d'autres réflexions du même acabit, ne serait pas une manière de nous montrer à nous lecteurs, le côté blasé du journaliste, qui même dans les plus beaux coins du monde, n'arrive pas à se poser, à décrocher de ses considérations matérielles pour tout simple dire « Waouhh ! » ? Si c'est le cas, chapeau bas ! On n'a qu'une envie c'est de lui demander de nous laisser sa place, car non, nous « Monsieur », on ne ferait pas la fine bouche… Si ce n'est pas le cas, et bien, je dois dire que je me suis souvent retrouvée dans la situation qu'il met en scène où, à son retour en France, il pollue tout son entourage avec ses récits sur les Hadzas :

« Même ma mère, pourtant patiente avec son fils, se raidissait quand j'abordais le sujet : « Non, disait-elle avec une lueur d'effroi dans les yeux, pas les chasseurs-cueilleurs ! »

Et moi de me dire : « Non, pas la colocataire !! »
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