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Critique de Apoapo


"Au tournant des années 2000, la conjonction de deux phénomènes très différents (la banalisation d'Internet et la revendication féminine d'un droit au plaisir) allait brusquement accélérer le mouvement et bouleverser le paysage des rencontres. La sexualité, qui avait commencé à s'autonomiser en se séparant du sentiment depuis plus d'un siècle, puis à s'émanciper, jusqu'à apparaître dans les médias comme une banale technique de plaisir, s'installa alors dans un espace assez clairement séparé, distinct de la question de l'engagement conjugal, et dédié au seul bien-être. Loin des effrois diaboliques et des transgressions frissonnantes d'antan, une nouvelle activité de loisir, somme toute très ordinaire, était née. Prenant la forme d'un immense hypermarché de l'amour et/ou du sexe, où chacun est à la fois consommateur et vendeur, affichant ses désirs et cherchant à les satisfaire de la façon la plus efficace qui soit." (p. 193)

Cela constitue le paysage. La problématisation sociologique vient du dédoublement contradictoire de chacun de ces éléments factuels, dès lors que les représentations (individuelles et sociales) s'en mêlent. Ainsi de la "revendication féminine" où semblent s'alterner continuellement, comme dans un mouvement de pendule, une sexualité prédatrice et boulimique (anciennement masculine et fondée sur le nombre des trophées) avec une recherche de la liaison et du sentiment. Ainsi de la dichotomie entre sexe-loisir (comme une place au cinéma) et sexe-bien-être qui requiert de l'écoute, de l'empathie, du réconfort en vue de la reconstruction de l'estime de soi. Ainsi de la persistance d'une moralité sexuelle atavique qui sépare le "plan cul" de la "meuf officielle" et le "connard" de l'amant rêvé, par rapport à laquelle l'anonymat et le "monde parallèle" (virtuel) que semble assurer la Toile sont en réalité minés par des relations osmotiques avec la "real life". Ainsi d'une alternance également cyclique et proche des syndromes bipolaires entre boulimie sexuelle et écoeurement, entre facilité de la rencontre et insatisfaction par rapport à ses contenus. Une possible synthèse imaginée par une blogueuse (P.C.R.A. = Plan Cul Régulier Affectif) pourrait à la longue s'affirmer et changer les moeurs en profondeur et durablement (?) si seulement les attentes réciproques des deux sexes s'y rencontraient simultanément, ce qui semble improbable par ailleurs.

Tout ce matériau est très fluctuant. Ma satisfaction à la lecture a été passablement amoindrie par de nombreuses répétitions, une relative lacune d'encadrement théorique, un gros flou méthodologique que ne dissipe pas l'annexe. Il est probable que cela soit inévitable dans le monde très mouvant de l'Internet, ou alors que l'analyse sociologique de ce nouveau type de terrain soit encore insuffisamment mûre. Ma difficulté de synthèse dans cette note en est sans doute le reflet.
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