La vraie rencontre signifie que l'on est disponible, ouvert à la suprise, curieux de l'autre. Or le trouble provoqué par la transition identitaire entre les échanges à distance et la real life pousse au contraire à se crisper sur ses repères anciens, à se clore dans une carapace défensive et donc à ne voir chez l'autre que ce qui peut devenir prétexte à un jugement négatif.
La révolution que nous sommes en train de vivre est celle de la banalisation du sexuel. Pour tout un chacun, qu'il vive avec son partenaire habituel ou qu'il soit plongé dans l'aventure des rencontres. Il [le sexe] tend au contraire aujourd'hui à devenir quelque chose de simple, de normal, de plaisant. Une sorte de loisir. Très agréable.
Alors qu'autrefois l'amour menait au sexe, nous assistons à un véritable retournement historique: désormais c'est le sexe qui peut mener à l'amour.
La rencontre amoureuse précipite la métamorphose des deux identités. C'est ce qui irrésistiblement attire et fait peur à la fois.
Il suffit d'un clic pour choisir. Bienvenue dans l'illusion consommatoire, qui laisse penser qu'un homme (ou une femme) pourrait être choisi comme un fromage dans un hypermarché.
Le développement régulier du nombre des célibataires à travers le monde montre d'ailleurs que le couple à long terme est sérieusement remis en cause.
Et pourtant il résiste. Parfois, par simple habitude, par paresse, par peur de l'aventure, on se raccroche à l'autre parce que la vie est froide et dure au dehors.
La nouvelle donne empeche désormais de pouvoir séparer clairement rencontre sérieuse et strict "plan cul"... de plus en plus, une zone intémerdiaire se dévelloppe, où rien n'est vraiment défini à l'avance.
Depuis des siècles, hommes et femmes ont une vision différente de la sexualité, différence qui aujourd'hui s'atténue sans vraiment disparaître. Les hommes sont excités à l'idée du pur plaisir sans suites relationnelles: ils sont depuis longtemps des adeptes du sexe pour le sexe. Les femmes découvrent cette possibilité depuis peu.