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Critique de gerardmuller


le Maître ou le Tournoi de Go
Yasunari Kawabata (1899-1972)
Prix Nobel 1968
Né à Osaka en 1899 Yasunari Kawabata est mort en 1972 après avoir obtenu le prix Nobel de littérature en 1968.
Dans ce récit il relate la dernière partie de go disputée en 1938 au restaurant Koyokan du parc de Shiba à Tokyo par le vieux Maître Shusaï, joueur professionnel, déjà malade, jusque-là invincible, contre le champion Otaké septième dan. Une partie d'adieux en quelque sorte au cours de laquelle le Maître, sa femme à ses côtés, met son titre en jeu.
On peut dire que cette histoire commence par la fin puisque tout le début concerne la veillée mortuaire de Shusaï , mort quelques mois après avoir perdu la partie, ce qui brisa sa vie :
« La vie de Shusaï, Maître de Go, semblait s'être achevée quand son art s'était éteint, lors de ce dernier tournoi. »
Lui qui disait toujours :
« Je m'absorbe dans le jeu ; mon adversaire ne compte plus. »
La partie qui dura six mois fut interrompue durant un mois en raison de la santé chancelante du Maître et reprit à l'auberge Danko à Ito, mais faillit être annulée à plusieurs reprises pour diverses raisons liées à la tension extrême régnant entre les deux adversaires.
C'est une histoire vraie que nous conte ici avec minutie Kawabata, en place de journaliste narrateur sous le nom d'Uragami. Seuls les noms des protagonistes ont été changés dans ce récit sous forme de reportage. Avec force détails nous sont décrits l'aspect, les gestes, et le comportement général des joueurs. En somme comme le dit le narrateur, « j'observais moins le jeu que les joueurs », ce qui fait tout l'intérêt de ce récit même si l'on ne pratique pas le jeu de go.
le jeu de go est un jeu stratégique, complexe et subtil, reposant sur la notion d'encerclement. D'origine chinoise, il fait partie des cérémoniaux japonais où il a pris sa forme définitive.
Deux générations dans cette partie s'affrontent, celle du vénéré Maître Shusaï né au début de l'ère Meiji pour qui le jeu de go est plus un art de vivre qu'un jeu, et celle du jeune Otaké pour qui le jeu de go est plus un combat qu'un art :
« le Maître n'avait pas l'habitude de l'égalité moderne, mais celle des prérogatives d'antan. »
D'où les conflits qui surviendront au cours des mois que va durer la partie.
Un face à face dantesque parfaitement décrit par l'auteur, chaque joueur tour à tour usant de ses armes pour déstabiliser avec respect l'autre. le comédien et raisonneur Otaké contre le rusé et capricieux Shusaï. Un fabuleux combat psychologique.
Et l'état de santé du Maître tout au long de la partie déstabilisa Otaké en ce sens que si Otaké gagnait on pourrait dire qu'il avait vaincu le Maître affaibli ; et s'il perdait, ce serait pire encore, plus humiliant, car il serait vaincu par un Maître affaibli.
Quand Otaké sentit qu'il allait gagner, « il nous donna l'impression de se trouver en état d'extase, entrainé par des pensées trop fortes pour être contenues. Son visage plein, rond, harmonieux, évoquait, par sa perfection, quelque bouddha ; ce visage d'une beauté qui défiait l'analyse, devait être celui d'un homme devant lequel s'ouvrait le domaine de l'exaltation artistique. »
Magnifique !

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