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Critique de Thrinecis


Lors d'un troc à ma bibliothèque, j'ai eu le plaisir de tomber sur ce recueil de textes que je ne connaissais pas du tout et qui manquait à ma collection des oeuvres de Yasunari Kawabata. le grand écrivain japonais a écrit ces textes sur une quarantaine d'années, des années 20 aux années 60, et les a réunis lui-même sous le titre poétique de "Récits qui tiennent dans la paume de la main", titre malheureusement tronqué dans sa traduction, perdant ainsi le sens de l'extrême brièveté de ces textes dont certains remplissent à peine deux pages. Seulement une soixantaine en sont repris ici.

Il y a bien des années que je n'avais lu l'auteur et j'avoue que les premiers textes, ceux des années 20, à mi-chemin entre rêves, cauchemars, légendes et superstitions locales, m'ont parus assez hermétiques et, bien que très sensible à la beauté de ces textes, leur sens m'a souvent échappé.

Je leur ai préféré les textes écrits plus tardivement qui, par leur plus grand réalisme ou par leur forme narrative plus aboutie, offrent des instantanés de la vie des artistes du quartier d'Asakusa, ou bien des anecdotes, souvenirs de l'auteur, toujours empreints d'une grande poésie.
Dans ces textes, la mort, obsession issue des traumatismes d'enfance de l'auteur, est omniprésente - veillées mortuaires, funérailles, agonies, suicides - mais sa cruauté est magnifiée par les plus belles expressions de la nature, ainsi une branche d'éléagne aux baies flamboyantes, le tonnerre d'automne, les chrysanthèmes blancs des couronnes mortuaires, un grenade oubliée sur un arbre... Mêlée à une sensualité trouble, la mort côtoie aussi des naissances ou renaissances, des scènes de séparations et d'adieux pour un fiancé qui part à la guerre, pour une jeune fille qui quitte le cocon familial pour aller vivre dans sa belle-famille...

La belle poésie de ces minuscules récits s'accompagne du plaisir esthétique que procure la très belle édition de cette oeuvre publiée chez Albin Michel en 1999, dont la couverture de papier filigrané, d'un blanc pur, s'orne d'une délicate calligraphie du titre en idéogrammes japonais.

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