AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Osmanthe


Fuyuko est une jeune femme célibataire de 34 ans. Correctrice initialement comme salariée d'une maison d'édition, elle décide de devenir free-lance. Elle va travailler pour une femme de son âge, Hijiri. Fuyuko est une solitaire, entièrement dévouée à son travail. Elle ne sort pas et n'a pratiquement pas de relations sociales, et a toujours l'air de tomber de l'armoire (dans les conversations avec ses rares connaissances féminines, elle se contente neuf fois sur dix d'un « Ah bon ? » en guise de relance). C'est qu'elle n'a pas grand-chose à raconter. Alors qu'Hijiri est l'archétype de la femme moderne, célibataire qui assume ses aventures masculines sans s'engager, que Kyôko, son ancienne collègue de travail, mère de deux enfants, se plaint d'avoir une morne vie de couple, Fuyuko noie le poisson quand il s'agit de parler des hommes. C'est qu'elle n'en a connu qu'un, il y a longtemps déjà, un camarade étudiant qui l'a forcée sexuellement. Alors pour affronter le monde, se donner du courage en société, elle boit des bières et du saké…jusqu'à s'endormir d'ivresse dans un lieu public, où elle fera la connaissance d'un homme qui l'aide à émerger. M. Mitsutsuka a 58 ans, il se dit enseignant en sciences physiques. Il a l'air emprunté aussi, lui non plus n'a pas grand-chose à raconter. Ils vont nouer une curieuse relation, se donner des rendez-vous régulièrement au café pour malgré tout échanger un peu sur la pluie et le beau temps, mais surtout, du mystère de la lumière qui manifestement les rapproche. Mais Fuyuko est complètement chamboulée, et s'enfonce de plus en plus dans la déprime au fur et à mesure qu'elle comprend qu'elle est tombée amoureuse…Elle finira par prendre l'initiative, par se faire violence pour approcher M. Mitsutsuka dont elle rêve, se fait belle comme jamais (avec d'élégants vêtements qu'Hijiri lui avait donnés) pour l'inviter au restaurant et fêter l'anniversaire de cet homme dont elle ne connaît même pas le prénom. Mais au-delà de la magie d'une soirée, le rêve va s'évanouir, laissant place à un retour sur terre à la fois douloureux et dans l'ordre des choses, qu'Hijiri l'amie réaliste facilitera et adoucira.

Au début, j'étais dubitatif, entre le sentiment d'un manque d'action et la crainte d'un scénario superficiel et à l'eau de rose, et puis j'ai découvert peu à peu la richesse sous-jacente du propos. Car ce livre baigne dans un esprit bien japonais, au centre duquel émergent entre autres thèmes les interrogations de la femme japonaise dans son rapport au couple, aux enfants, la solitude, les blessures intimes, l'incommunicabilité entre les êtres, la destinée, et ce qu'on se cache à soi-même et aux autres.

Un beau et subtile roman, qui suscite attachement et compassion envers la narratrice Fuyuko, dont la vie intérieure est faite de souffrance permanente. L'auteur s'y entend pour nous faire toucher du doigt son mal être intérieur et ses peurs, sans pathos exagéré, et finalement avec un relatif optimisme.
Commenter  J’apprécie          530



Ont apprécié cette critique (48)voir plus




{* *}