AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur De toutes les nuits, les amants (27)

Savez-vous pourquoi la nuit est si belle ?
Et bien sans doute parce que, à minuit, le monde est réduit de moitié. Marchant dans la nuit, je pense à ce que M. Mitsutsuka m'a dit une fois. Je compte les lumières. Je compte les lumières de la nuit. Il ne pleut pas, mais le rouge des feux de signalisation tremble, comme mouillé. Alignements de réverbères. Phares des voitures qui passent et s'en vont. Lumières aux fenêtres. Téléphones portables de ceux qui rentrent, de ceux qui sortent. Pourquoi est-ce si beau, à minuit ? Pourquoi la nuit brille-t-elle autant ? Pourquoi n'y a-t-il que des lumières, à minuit ?
Les écouteurs emplissent mes oreilles, la musique m'emplit et forme un tout. Berceuse. La belle berceuse pour piano. C'est beau, n'est-ce pas ? Oui, c'est mon morceau de Chopin préféré. Vous aussi, Fuyuko, elle vous a plu ? Oui. C'est comme la respiration de la nuit. Comme un chant de lumières dissoutes.
Une fois la grande lumière de la journée disparue, celles qui restent brillent de toutes leurs forces, c'est pour cela que les lumieres de la nuit sont si précieuses. C'est vrai, M. Mitsutsuka. C'est tellement beau que les larmes me montent aux yeux,
sans raison.
Commenter  J’apprécie          4315
Alors j'ai appris à ne plus être celle que j'étais normalement. Avec une bière, une seule, que je buvais gorgée après gorgée, lentement, ou un flacon de 18 centilitres de saké.
Que ce soit la bière ou le saké, d'abord la première gorgée est toujours bonne. Au début ça me faisait un peu mal à la tête, mais en supportant un certain temps, on finit par s'habituer aux deux, au mal à la tête et au goût, c'est assez étonnant. Mes membres devenaient un peu lourds, mais d'autres parties de mon corps devenaient plus légères, et puis j'avais l'impression que mon esprit prenait de l'ampleur. Tout ce que je ressentais devenait plus lointain sans pour autant disparaître, ma tension se relâchait, j'avais l'impression de tout voir à travers une vitre. Ma silhouette devenait plus ténue. Toutes mes pensées sur moi-même se transformaient en pensées sur d'autres gens, je n'avais plus besoin de baisser la tête. Et puis, globalement, je me sentais bien.
Quand j'ai fini mon travail, s'il reste du temps avant que le sommeil n'arrive, maintenant je bois.
Commenter  J’apprécie          362
Je suis seule, j’ai pensé.

J’avais toujours été seule, si longtemps, je pensais qu’il n’était pas possible de l’être plus, et pourtant, là, j’étais vraiment seule.
Commenter  J’apprécie          150
Mon cœur battait si fort que je pouvais l'entendre, tandis que se mouvait silencieusement l'être immense que formait le camaïeu de gris des multiples couches de nuages superposés dans le ciel, comme l'ombre d'un animal, ni vraiment blancs ni complètement gris.
Commenter  J’apprécie          140
Je m'appelle Fuyuko Irié, je travaille comme correctrice free-lance, j'ai trente-quatre ans. Trente-cinq cet hiver, en décembre. Je vis seule. J'habite le même appartement depuis que je suis à Tokyo. Je suis née à Nagano. Dans le département de Nagano, à la campagne. Dans la vallée. Une seule fois par an, la nuit de mon anniversaire, je sors me promener, c'est mon seul plaisir. Mais j'imagine mal que ce petit plaisir puisse intéresser qui que ce soit. D'ailleurs je n'en ai jamais parlé à personne. Pour commencer, je n'ai pas d'amie à qui je pourrais en parler. C'est tout ce qu'il y a à dire de moi.
Commenter  J’apprécie          130
- Le maquillage vous met bien en valeur, elle a dit d'un air convaincu.
- Oui, j'ai dit en acquiesçant sans pouvoir détacher mes yeux de mon image dans le miroir.
Un instant j'avais eu un mouvement de recul tellement je trouvais le résultat outrancier, mais en regardant mieux, c'est vrai, mes sourcils autant que mes yeux avaient gagné en énergie, globalement cela donnait à mon visage une sorte de volonté si on peut dire (...) une impression commençait clairement à me gagner, un impression sur laquelle les mots "souriante et gaie" s'accordaient parfaitement.
Commenter  J’apprécie          120
Tout le monde demande tout le temps de l'aide ou un conseil, pas vrai ? Mais ceux qui demandent conseil, ça n'a jamais été pour écouter l'avis des autres et s'y référer, c'est juste parce qu'ils ont envie de dire ce qu'ils pensent eux et de parler de leur situation. C'est pour ça qu'on n'a jamais trouvé la solution à son problème en demandant conseil à quelqu'un.
Commenter  J’apprécie          110
A Shinjuku, la marée humaine refluait.
Des jeunes femmes les mains chargées de multiples sacs de boutiques, une autre qui éclate de rire en parlant avec quelqu'un sur son téléphone portable, des filles habillées comme des poupées, les yeux cernés d'un trait noir. Un bébé dans une poussette poussée par le papa, la maman qui tient une ombrelle. Dans cette agitation lumineuse et gaie, j'étais là, immobile et floue, à me demander comment on fait pour flâner, par quel geste commencer. Et je suis restée là, peut-être quinze minutes, à regarder les gens passer, avant de me décider à rentrer.
Commenter  J’apprécie          101
L'espace d'un instant la bougie fichée sur le chandelier marron et orange eut comme une bouffée, éclairant la joue gauche de M. Mitsutsuka.
- Oui, très nettement dessiné, dit M. Mitsutsuka en souriant.
J'ai failli lui demander : et vous me trouvez comment, très nettement dessinée ? mais j'ai vite bu une gorgée de vin pour me sortir cette bêtise de la tête.
- Et puis j'ai comme qui dirait l'impression qu'il y a quelque chose de changé par rapport à d'habitude, a dit M. Mitsutsuka en riant.
- Non vraiment ? j'ai dit en riant moi aussi.
- Vous venez souvent ici ? a demandé M. Mitsutsuka en baissant la voix.
- C'est la première fois, mais une amie m'avait dit que c'était bien alors j'ai réservé.
- Le nom est assez spécial...a dit M. Mitsutsuka en souriant et en regardant autour de lui. Comment c'est déjà ? Nu...nuré...
- Nu-re-se-pa, j'ai dit en riant. Etrange comme sonorité, n'est-ce pas ?
Le vin était très bon. Je regardais M. Mitsutsuka, nos regards se croisaient, je déviais le regard et je prenais une gorgée de vin, et je comprenais bien que ces choses invisibles à l'oeil qui existaient entre M. Mitsutsuka et moi, l'espace, la distance, les souvenirs, toutes ces choses invisibles à l'oeil, s'étaient endormies dans l'alcool et étaient en train de se métamorphoser en chair. Aussi bien M. Mitsutsuka que moi avons continué à boire beaucoup. Quand la femme est venue débarrasser les assiettes, je lui ai demandé le sens du nom du restaurant.
- C'est du français, cela signifie "Ne me laissez pas", elle a dit avec un sourire.
Commenter  J’apprécie          90
J'ai vaguement vu quelqu'un en blouse blanche marcher dans la pièce, s'approcher, me badigeonner un désinfectant sur l'avant-bras. Il m'a planté une aiguille affreusement grosse sans me prévenir et le sang qui circulait jusque-là dans mon corps a commencé à couler comme s'il ne me connaissait plus, comme une corde foncée, et s'en est allé remplir un sac, sans le moindre regret.
(Kitchen)
Commenter  J’apprécie          80






    Lecteurs (388) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les mangas adaptés en anime

    "Attrapez-les tous", il s'agit du slogan de :

    Bleach
    Pokemon
    One piece

    10 questions
    890 lecteurs ont répondu
    Thèmes : manga , littérature japonaiseCréer un quiz sur ce livre

    {* *}