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Critique de Arakasi


Après un passage dans l'Italie de la Renaissance et un détour par le Reconquista espagnol, c'est maintenant l'antique Byzance que Guy Gavriel Kay fait revivre avec son talent hors-pair. Byzance, le somptueux joyau du règne de l'empereur Justinien, reine des cités depuis que Rome a sombré dans la décrépitude et la barbarie. Byzance où se dressent palais, cathédrales, thermes ; où se mêlent marchands, soldats, généraux, artistes, artisans, conducteurs de chars dans une un brillant chaos culturel et politique. Mama mia, mes amis ! Quel voyage !

Le périple commence au fin fond de l'empire occidental déchu où Caius Crispus, maître-mosaïste de son état, broie du noir depuis la mort de son épouse et de ses enfants emportés par une épidémie de peste. Une nouvelle stupéfiante vient le cueillir au plus noir de son marasme : l'empereur Valérius le fait mander à Sarance pour réaliser l'immense mosaïque qui couvrira le plafond de la grande cathédrale du dieu Jad (nous sommes dans une uchronie et les noms des personnages et des lieux sont donc déformés, mais l'amateur d'Histoire n'aura aucune difficulté à deviner la ville de Byzance derrière Sarance et la personnalité fascinante de l'empereur Justinien sous le masque de Valérius). Plus poussé par le désoeuvrement que par l'enthousiasme, Cais Crispus accepte et entame son voyage vers la lointaine Sarance.

Il affrontera bien des périls sur la route – car il n'est guère conseillé de voyager seul dans l'Occident troublé – mais les pires dangers l'attendent dans Sarance même. Entre les murs dorés des villas, dans les tavernes, dans les vapeurs des thermes, sur le sable brulant du cirque… Partout, des factions s'affrontent sous le regard perspicace de l'empereur et de sa splendide épouse Alixana. Chacun lutte pour la moindre miette de pouvoir, et un maître-mosaïste talentueux mais caractériel pourrait se révéler un atout intéressant pour certains : un pion à manipuler et, s'il se montre trop contrariant, à éliminer.

Cette critique porte sur les deux tomes de la « La Mosaïque de Sarance » : « le chemin de Sarance » et « le Seigneur des Empereurs », car ils ne forment pour moi qu'un seul tout. Peu de fictions ont été écrites sur l'empire byzantin et encore moins de fictions de qualité : une raison de plus de se jeter sur ce passionnant roman-fleuve – surement le plus complexe, le plus long et le plus foisonnant écrit par Guy Gavriel Kay. le plus historique également, car sous le manteau de la fantasy, Gavriel Kay nous offre un portrait merveilleusement détaillé et réaliste de la plus puissante – et probablement la plus belle – des cités du VIe siècle. « La Mosaïque de Sarance » incarne pour moi ce que devrait être le roman historique par excellence : l'équilibre parfait entre la description d'une époque et un scénario solide, servi par des personnages passionnants et attachants (et si « Tigane » et « Les lions d'al rassan » gardent la place d'honneur dans mon coeur, ce n'est que pure subjectivité de ma part). le suspense en plus, car le format uchronique permet à l'auteur de tourner ses intrigues politiques dans les directions les plus inattendues : qui vivra ? Qui périra dans cette lutte féroce pour le pouvoir ?

Quelques longueurs peut-être (et encore… moi, je ne les ai pas senties passer), mais qu'importe : l'immersion est totale ! Guy Gavriel Kay vous fera sautiller d'excitation dans votre fauteuil à la description d'une course de char – épique et pourtant, dieu sait que je hais les spectacles sportifs… – et verser une larme sur une mosaïque fracassée. Un livre qui vous emporte, vous secoue dans tous les sens et vous laisse repu, ravi et pris d'une envie boulimique de dévorer des dizaines d'ouvrages sur l'empire byzantin. Je conseille absolument !
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