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Critique de Leslivresdelecturine


Depuis l'assassinat, quinze ans auparavant, du dernier khalife, l'empire d'Al-Rassan est éclaté en cités-états rivales. Dans ce climat troublé, la discorde règne, et inlassablement se querellent asharites, adorateurs des étoiles d'Ashar, kindaths et jaddites, les fils du Dieu-soleil Jad. Il est cependant une menace plus grande encore qui pèse sur le royaume : Au Nord, les anciens monarques d'Espéragne semblent s'organiser pour lancer une guerre sainte de reconquête. C'est dans ce contexte instable que trois destinées d'exception vont se croiser. Trois êtres que tout oppose : Rodrigo Belmonte, le prestigieux chef de guerre jaddite, Jehane brillant médecin kindhat, et Ammar Ibn Khairan, le poète asharite, celui-là même qui jadis assassina le khalife...

Ce one-shot était ma troisième lecture de Guy Gavriel Kay que j'avais déjà découvert avec La Chanson d'Arbonne et la trilogie de la Tapisserie de Fionavar. Si j'ai pourtant adoré ces deux autres, mon avis est nettement plus mitigé pour les Lions d'Al-Rassan...

Cet auteur que j'aime beaucoup a écrit plusieurs livres dont l'intrigue se déroule dans des lieux imaginaires ressemblant fortement à des pays ou des régions réelles telles que la Provence, l'Italie de la Renaissance, la Chine ou bien encore ici, l'Espagne de la Reconquista (XIe-XIIe siècles). Si j'ai apprécié la familiarité avec l'Arbonne correspondant à ma Provence d'origine, c'est en partie grâce à la mesure équilibrée de l'inspiration, en me laissant l'idée qu'on se trouvait bien dans un autre univers. Ce n'est pas un roman historique quoi.

Sauf que dans les Lions d'Al-Rassan, impossible de me détacher du contexte politico-religieux de l'Espagne de cette époque. Pourtant, je ne suis pas du tout connaisseuse de ce contexte, j'ai juste eu la chance de partir à Séville en vacances, d'avoir entendu parler de l'Alhambra à Grenade et d'avoir visité le département des Arts de l'Islam au Musée du Louvre où sont exposés des chefs d'oeuvre de l'Al-Andalous. Mais dans ma lecture, impossible de me décrocher de ce contexte historique bien réel pour partir en Al-Rassan.

Quant à l'histoire, qu'en est-elle ? Pour la faire simple, nous suivons les derniers jours de l'Al-Rassan, le royaume établit sur la péninsule de l'Espéragne (en même temps, avec des noms si proches de la réalité, dur dur de s'en détacher !) qui lutte tous les jours pour faire face aux rois d'Espéragne, retranché dans le nord de la péninsule. En plus de ce conflit politique, ajoutez à cela trois religions présentes sur la péninsule et qui se détestent : les asharites, disciples d'Ashar et confession des souverains d'Al-Rassan, les jaddites, adorateurs du dieu Jad et confession des rois d'Espéragne et enfin les Kindaths, aussi appelé les errants, répartis sur la péninsule mais tout juste tolérés. Difficile de faire plus proche de la situation réelle entre les trois religions majeures de l'Espagne à ce moment-là !

Tout l'enjeu du roman tourne donc autour de la cohabitation ou non de ces trois religions et de ces régimes politiques, tout cela également intérieurement divisés entre extrémistes et pacifistes, pouvoir légitime ou illégitime etc.... Bref, un gros micmac politico-religieux. On est en droit de se dire qu'avec tout ça, guerres et batailles légendaires vont se succéder, drames et victoires à la pelle pour toutes ces parties...... Et bien non. le livre est d'un calme plat, à l'exception de quelques micro rebondissements et à la fin, toute l'escalade de tensions politiques retombe comme un soufflé... Quel dommage !

Tout au long du récit, on suit les aventures de quelques personnages principaux plus ou moins attachants : Jehane, une femme médecin kindath, Amar, un poète assassin asharite, Rodrigo, capitaine d'une compagnie jaddite et enfin Alvar, jeune soldat au sein de cette compagnie. Si leur CV promet sur papier, je n'ai pas trouvé que cela ajoutait un quelconque piment à la narration. J'ai vraiment eu du mal à m'attacher à eux, peut-être à l'exception de Rodrigo dont la noblesse d'âme et de coeur m'a particulièrement touchée.

Tout cela n'est pas vraiment positif me direz-vous ! Et bien non, pas vraiment. J'ai vécu ma lecture comme un roman politique, où l'on suit les deux camps opposés parallèlement sans forcément prendre parti pour l'un ou pour l'autre. C'est certes là la volonté de l'auteur : montrer que les deux parties se valent et que les Chrétiens ne sont pas nécessairement les héros de toutes les histoires, et encore moins de l'Histoire, mais du coup l'enjeu passe à la trappe. Je ne dis pas qu'il faut du manichéen partout, simplement donner plus d'ampleur et de singularité aux deux camps pour que l'on comprenne mieux ce qui est en jeu pour eux, plutôt que de simples conquêtes de territoires et de luttes contre l'infidèle.

Bref, mitigée car j'ai toutefois bien aimé certains morceaux secondaires de l'histoire comme celle de Rodrigo et de sa famille, celle de la famille de Jehane et celle du chancelier de la ville de Ragosa. Et puis le style d'écriture de l'auteur correspond totalement à ce que j'aime. Mais voilà, au final, le rendu de ce livre me semble plat, sans relief vraiment intéressant...

En conclusion:
Trop de rapprochement avec la réalité, trop d'enjeux proches de ceux tragiques d'aujourd'hui, difficile de fantasmer sur ce royaume en déclin imaginaire ; la déconnexion n'a pas été faite de mon côté, l'immersion et l'apprivoisement des personnage ont raté. Cependant, cela ne m'empêchera pas de lire les autres livres de Guy Gavriel Kay par la suite !
Lien : https://leslivresdelecturine..
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