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Critique de Luniver


Après avoir lu « L'Évangile selon Jésus-Christ » à Noël, il me paraissait logique d'achever ma phase christique avec « La Dernière Tentation » à Pâques. Les deux livres se ressemblent beaucoup, dans le sens où les auteurs réinterprètent l'histoire de Jésus à leur façon. Nikos Kazantzaki a cependant été le premier à faire de Jésus un personnage de fiction, ce qui lui a valu quelques ennuis à la publication du livre (menaces d'excommunication, mise à l'Index), qui se sont prolongés jusqu'à notre époque (attentats en France dans les cinémas qui ont projeté le film basé sur ce roman).

Le livre mérite-t-il une telle rage (sur la violence qu'il a engendrée, je ne poserai même pas la question) ? Sur l'intention de l'auteur, on ne peut que répondre non. La préface, dans laquelle on imagine l'auteur en larme en lisant la Passion, suffit déjà à clôturer la question. La Dernière Tentation est un livre profondément religieux, qui raconte le combat interne que vit un Jésus tiraillé entre une part divine qui veut accomplir sa mission (répandre son évangile, mourir sur la croix), et une part humaine qui souhaite par dessus tout vivre une vie paisible dans son village, avec une femme et des enfants. Cette tentation, de tout lâcher pour rejoindre une femme qui lui est entièrement dévouée, rongera Jésus tout au long de sa vie d'adulte, surtout dans les moments-clés de son existence.

Si Kazantzaki respecte à la lettre les événements décrits dans la Bible, il prend, il est vrai, pas mal de liberté pour remplir les blancs. On y retrouvera un Jésus amoureux, obligé d'attendre dans un bordel en compagnie d'autres hommes pour parler à Marie-Madeleine, parfois faible, miné par le doute, tenté d'abandonner sa mission… Mais ces passages, s'ils énerveront certainement les fanatiques, ne servent qu'à souligner la violence des émotions qui l'agitent.

Si l'écriture est magnifique, j'ai toutefois eu du mal à m'impliquer vraiment dans le thème du roman : les combats entre la chair et l'esprit, se flageller pour se libérer des tentations du corps, … tout cela m'est quand même assez étranger. J'imagine qu'il faut chez le lecteur une certaine forme de religiosité pour apprécier pleinement le propos que développe l'auteur. L'ironie du sort, c'est que l'oeuvre est désormais défendue par des laïcs qui n'en comprennent pas grand-chose, contre des croyants qui la considèrent comme blasphématoire. Et dans les deux camps, probablement sans l'avoir lue.
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