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Critique de CDemassieux


Dans Les Travailleurs de la mer, Victor Hugo écrivait ceci : « L'obstiné dans le vrai a la grandeur. » Voici une phrase qui colle exactement à ce géant débonnaire – et non moins déterminé à faire triompher ses justes idées – et dont le monde entier connaît la silhouette : Abraham Lincoln.
Cet avocat de profession, que le sinistre John Wilkes Booth a fait entrer précipitamment dans l'éternité en l'assassinant dans un théâtre de Washington en avril 1865, avait une grandeur qui ne se mesurait pas à l'aune de de sa gloire militaire, bien qu'il dût mener une guerre, la plus effroyable alors pour cette jeune Nation américaine, et qui devait le rester.
Car, ainsi que le rappelle Doris Kearns Goodwin – dans sa très sérieuse et non moins romanesque biographie faite à partir de témoignages de première main de l'époque –, cette Guerre civile – ou Guerre de Sécession – causa plus de morts que toutes les autres guerres réunies auxquelles les États-Unis avaient participé et participeraient ultérieurement. Une guerre fratricide dont Lincoln ne cessera jamais de mesurer la portée tragique, lui qui, traversant un champ de bataille, en découvrira toute l'horreur. Et s'il cède au chagrin et parfois au découragement, il ne laissera jamais son désespoir déteindre sur sa fonction et maintiendra le cap jusqu'à son terme. Par effet d'entraînement, la Nation le suivra.
La grande empathie de cet homme, luttant cependant avec acharnement pour maintenir l'unité de son pays et considérant finalement que l'abolition de l'esclavage – question qui divise jusqu'au cabinet du Président – doit s'étendre à tout le pays, se trouvera renforcée par la mort de son jeune fils Willie : « Maintenant plus que jamais, Lincoln compatit d'une manière profonde et personnelle aux peines des familles qui ont perdu un proche à la guerre. »
Il y a la guerre militaire mais il y a aussi la guerre politique, à l'occasion de laquelle certains politiciens roués tenteront de décrédibiliser l'action de Lincoln pour satisfaire leurs ambitions propres. Lincoln composera tout de même avec eux pour le bien du pays et dans ces temps de crise – endossant à l'occasion la responsabilité des erreurs qui ne sont pas les siennes, comme tout chef digne de ce nom. Dans l'état-major aussi, il faudra compter avec un général dandy plus préoccupé de sa personne que de l'avenir de la Nation et défiant à l'égard de Lincoln : le général McClellan, antithèse du grand vainqueur de la guerre de Sécession et futur Président des États-Unis, Ulysse S. Grant.
Le même Grant qui réservera plus tard – devenu à son tour Président des États-Unis – un sort atroce au Indiens, qu'il trahira pour de l'or. Mais ceci est une autre histoire et Little Bighorn n'est pas Gettysburg ou Atlanta, pas plus que Sherman n'est Custer…
Quel destin, enfin, que celui de cet homme d'extraction modeste qui, par sa seule volonté, toujours accompagnée d'une forte conscience morale – et d'un indéniable sens de l'humour – réussit là où bien d'autres auraient échoué. Un homme qui représentait une figure paternelle et rassurante. Voici ce qu'en disait un soldat de l'Union : « Son sourire bienveillant était le reflet réel de son coeur bon et sincère ; mais au plus profond, sous la surface de ce visage sévère et si singulier, se lisaient une bienveillance et une inquiétude manifestes. En fait, sa popularité dans l'armée était universelle et le demeure. »
C'est un fait, Lincoln « appartient non seulement aux États-Unis, mais à l'éternité »…


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