L’avantage de l’armée était de couper l’individu du monde des civils. Leurs codes, leurs manies, la hiérarchie imposée par l’argent n’avaient plus cours, surtout à la Légion. Restait la naissance.
Joanin sentait que rien ne se passait comme les autorités l'espéraient. Prendre un tramway, aller danser, se rendre au travail, boire un verre en terrasse, tout acte s'avérait dangereux. Partout, continuellement, des bombes explosaient, rendant la population peureuse et résignée. Les rafles, les contrôles, rien n'est faisait. Le gouverneur général avait parait-il, demandé le concours de l'armée pour rétablir l'ordre à Alger. Bon courage aux troufions.... ! Les 11000 flics, les 900 CRS, les 1500 hommes des unités territoriales recrutés exclusivement chez les Européens nés sur place n'arrivaient à rien, ça explosait encore et toujours, chaque jour, à toute heure. Les flics n'entraient plus dans les bidonvilles tenus par L'ADN, ses hommes y paradaient en uniforme. Investirle Clos Salembier ? Merci bien ! Après vous commissaire ...
[...] – Combien y’avait-il d’Arabes, en terre algérienne, quand vos troupes ont débarqué ?
– Trois millions.
– Combien sont-ils à présent ?
– Dix ! Dix millions. Hollyman se mit à rire.
– Et voilà tout le problème. Au lieu de les rejeter vers le désert, au lieu de les pourchasser, de les affamer, de les exterminer méthodiquement, sans pitié, sans que quiconque s’en mêle, ce que le siècle dernier permettait encore, vous les avez humiliés mais laissés en vie, pire, vous les avez aidés à proliférer.
Quelle erreur funeste ! Croyez-en un descendant d’esclavagiste comme moi.
Mais voilà, il est trop tard désormais. Ils vont vous submerger et le monde entier les approuvera.
[...] Des innocents étaient embarqués afin d’être interrogés. Fébriles, craintifs, ils fouilleraient dans leur mémoire et donneraient un nom, une date, un renseignement précieux.