A l'assaut de la Comtesse

-Vous me comparez à un oignon, grommela-t-elle.
Il partitd'un gloussement rauque.
-Mais un oignon doux, avec un petit côté piquant, précisa-t-il.

Avec lui, elle était en sécurité et elle pouvait se permettre d’être elle-même. Elle pouvait crier, se mettre dans tous ses états, oublier qui elle était et ne plus se soucier des apparences.

Depuis qu’elle avait commencé à prendre des amants, après la mort de Reggie, elle s’était assurée de toujours avoir sous contrôle les circonstances de l’acte : l’heure, l’endroit et, plus important encore, sa propre apparence. Elle avait toujours mis un point d’honneur à garder une apparence parfaite. Ses amants n’en attendaient pas moins d’elle.

Elle le regarda avec un sourire malicieux et lubrique, puis changea de position sur le manteau de John, écartant très légèrement les jambes. La même couleur rosée régnait entre celles-ci. Il pouvait déceler la chair tendre et délicate de son sexe sous les quelques bouclettes.

La force de son désir lui fouetta les sangs, l’exhortant à écarter les cuisses de sa belle afin de pouvoir goûter l’autel de sa féminité. Il se retint toutefois. Il s’agissait de la première fois, chose précieuse, qu’il allait lui faire l’amour. Il n’allait pas se précipiter – dans leur intérêt à tous les deux.

Il l’embrassa de nouveau, lentement et passionnément, afin de l’empêcher de poser davantage de questions et de gagner un peu de temps pour réfléchir.

Il la couvrit de baisers ardents plusieurs minutes durant. Sa bouche était un véritable délice, aussi doux que le plus onctueux des nectars et aussi addictif que le plus pur des opiums.

Il l’attira contre lui et sentit l’ample poitrine de la jeune femme compressée contre son torse. Elle eut un hoquet de surprise et ouvrit précipitamment la bouche pour inspirer. Il profita de cet instant pour intensifier son baiser. Il l’embrassa avec toute la fougue et toute la passion qu’il avait en lui, se délectant de ses lèvres suaves et moites, et prenant entre les siennes sa douce langue. Elle capitula et lui passa les bras autour du cou dans un soupir lascif.

La sensualité de ce sourire était telle que c’en paraissait dangereux. Un nuage cacha le soleil, plongeant la place dans l’ombre, et elle frissonna. Une soudaine nervosité s’empara d’elle. Si elle n’avait pas eu des gants pour lui couvrir les mains, elle aurait déjà cédé à la tentation de se ronger les ongles.

Il fallait aussi prendre en compte le fait qu’il était l’homme le plus attirant qui lui ait été donné de rencontrer. Là, sur cette place, entouré de tant de gens, l’impression de grandeur et de beauté de ce corps fin et viril était curieusement sublimée.

Ces derniers jours, elle n’avait fait que penser à ses lèvres fermes goûtant la douceur des siennes. Cela la rendait folle – folle de désir et d’envie. Si elle ne rentrait pas bientôt à Londres, elle en viendrait à se jeter dans la rivière Ure juste pour arrêter de penser à lui.

Quelqu’un dans la foule la bouscula, manquant de la faire tomber à la renverse. Elle se cramponna au bras de Matthew pour conserver l’équilibre. Son cousin se retourna brusquement, l’inquiétude se lisant dans son regard.