AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de hannah851


Avec ce récit autobiographique, Fanny Kelly nous livre le témoignage unique et authentique sans affabulation de ces cinq interminables mois de captivité auprès de la tribu des Sioux Oglalas. Elle nous entraîne ainsi dans la période de colonisation de l'ouest américain, au milieu du XIXème siècle, où la rencontre entre les pionniers blancs et les tribus indiens ne se fait pas sans heurts.

En juillet 1864, le petit convoi auquel appartient Fanny, son époux et sa fille adoptive est attaquée par les Oglalas alors qu'ils campent sur leur territoire dans le Wyoming. Amenée en captivité, elle devient la propriété du chef de la tribu, Ottawa. Ce dernier lui donne les mêmes devoirs que ses squaws et elle se retrouve à à réaliser les basses besognes. de par son statut de prisonnière, elle est également victime de mauvais traitements, fait l'objet de constantes suspicions et d'une surveillance accrue. Sa santé physique et psychologique résiste tant bien que mal à la dureté de la vie indienne malgré quelques hauts et bas. En effet, elle n'était pas préparée à vivre une vie d'itinérance ponctuée de périodes de disette et de grand froid. Sa captivité aurait été peut-être moins difficile si l'armée américaine n'avait pas été à sa recherche obligeant la tribu à se déplacer sans cesse de campement en campement et à partir faire des raids contre les bataillons de soldats.

Ce récit autobiographique se révèle être par sa construction un véritable roman d'aventures avec des rebondissements où l'auteur n'hésite pas à parler de ses espoirs et de ses peurs que sa condition de captive lui fait ressentir. Si les pratiques guerrières et rituelles des Oglalas la répugnent et l'effrayent, il n'en va pas de même de leur quotidien et notamment des activités des femmes dans le campement qu'elle décrit abondamment et qui attire sa curiosité. Elle nous livre ainsi les derniers moments de liberté de ces tribus des Plaines qui vivent encore selon les usages de leurs ancêtres. Les rituels de la danse du scalp et de la danse du soleil malgré l'horreur qu'elle lui procure sont décrits avec force de détails mais sans exagération contrairement aux témoignages d'autres de ses contemporains comme le peintre George Catlin.

Pendant et après sa captivité, Fanny Kelly ne hait pas les Indiens et s'offusque du mauvais traitement et de la discrimination dont sont victimes les enfants métis et les enfants blancs enlevés par des tribus indiennes lors de leur retour parmi les siens. Bienveillante à leur égard, elle l'est aussi envers la nature qu'elle apprend à respecter probablement grâce aux contacts avec les indiens Oglalas. Au fil des pages, l'importance de la beauté des paysages grandit pour l'auteur qui s'abandonne à leur contemplation et y puise la force de survivre.

Ce récit révèle aussi la personnalité forte et battante de cette pionnière qui trouve la force de se relever de cette épreuve. Elle reconstruit sa vie et n'hésite pas à partir à Washington pour y rencontrer le président Grant et faire valoir ses droits à un dédommagement pour l'outrage qu'elle a subi. Elle donne aussi une véracité historique à son récit en le faisant reconnaître par le gouvernement américain et les représentants de la tribu sioux présents en délégation. Femme intelligente et indépendante, Fanny Kelly apparaît comme une femme moderne en cette fin du XIXème siècle où le mouvement féministe s'amplifie.



Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}