AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Enroute


Louis a onze quand Jeanne meurt sur le bûcher. Elle est parvenue à faire couronner son père, Charles VII, à Reims. Mais la France est encore fragile, la couronne plus encore, et le caractère de son souverain bien davantage. Les deux plus puissants seigneurs sont le duc de Bretagne, toujours prompt à s'allier dans ses projets à l'Angleterre, et le si riche et puissant duc de Bourgogne. D'ailleurs, ce dernier vient de signer avec Charles VII la paix d'Arras qui prive le royaume de la Picardie. La France peut toutefois compter sur l'Écosse et les banquiers de Florence. Il faudra faire avec. L'époque de Louis XI, c'est celle du roi René d'Anjou, des banquiers Jacques Coeur à Bourges, Cosme puis Laurent de Médicis à Florence, de Sforza à Milan, de Charles le Téméraire, de Philippe de Commynes, de Pie II, puis de Sixte IV et de sa chapelle, d'Agnès Sorel et du nain et fou du roi, Triboulet.

Louis XI n'a pas hérité du caractère velléitaire de son père. À treize ans, on lui fait épouser à Tours la princesse d'Écosse, fille de Jacques Ier, Marguerite, âgée de 11 ans. À 14 ans, il est chargé d'un premier assaut, à Château-Landon, qu'il prend. Une rivalité semble s'installer entre Charles et son fils. Ce dernier ayant tendance à comploter contre son père, et celui-ci à charger son fils d'entreprises périlleuses en le privant de ressources. La prochaine victoire de Louis est diplomatique : il convainc les contrées de Toulouse de lui verser de l'argent et lève la menace que faisaient peser les Écorcheurs sur la ville en les achetant. Charles s'irrite. Son fils réussit tout ce qu'il entreprend. le duc d'Alençon, dont les terres sont toujours ravagées par les Anglais, en appelle à Louis. Et le duc de Bourbon le verrait bien prendre la couronne par anticipation – sous son commandement. le complot est déjoué. Les négociations à Clermont sont l'occasion de présenter ses arguments pour un gouvernement plus efficace. Mais Louis doit s'avouer vaincu – et affine ses connaissances en diplomatie en comprenant qu'il a été dupé par le duc de Bourbon. Sans doute vaut-il mieux prendre le pouvoir tout seul que de composer avec des seigneurs calculateurs et versatiles. Pour l'instant, il se soumet. Et pour le calmer, Charles lui accorde les revenus du Dauphiné – et le charge d'une nouvelle gageure : évacuer les pillards anglais qu'Henri VI ne paie plus et qui ravage la Seine et la Somme. Qu'à cela ne tienne, Louis prend Dieppe.

On l'envoie alors dans le Midi arraisonner le comte d'Armagnac qui y sème la zizanie. Rodez capitule, puis Toulouse. le comte se soumet – et Louis l'emprisonne – avant de fraterniser à vie avec ses généraux. Next step ?

Les Anglais n'ont pas renoncé au continent : voilà que le roi Henri VI se fiance à l'héritière de l'Anjou, fille du roi René, roi de Naples et duc de Lorraine, une autre Marguerite. Et pendant ce temps, les milliers d'Écorcheurs que comptent le royaume disloqué de France passent le temps en pillant les villages. Pour les occuper, on les envoie aider l'Allemagne et l'Autriche contre les Helvètes. Et c'est naturellement Louis, à 21 ans, qui en est chargé.

On lui promet, en cas de victoires, pour le motiver dans cette tâche qui fait achopper l'empereur, de nombreuses villes alsaciennes. L'armée de Louis part de Langres. Il prend Bâle. Zurich accepte de reprendre les négociations avec l'empereur. Subitement, Louis devient quelqu'un. Et puisqu'on lui refuse finalement les villes promises, il les prend lui-même.

Trop, c'est trop. Charles exige qu'il arrête ses manoeuvres et le rappelle à la cour. Fin du premier acte et deuxième soumission. Louis, dépité qu'on lui retire ses jouets, retourne s'enfermer à la cour.

Il s'ennuie. Son père fricote avec « la plus belle fille de France », Agnès Sorel, « Dame de beauté », devenue « maîtresse officielle ». Les Anglais, par des tournois, fêtent le départ de Marguerite d'Anjou. Quant à la sienne, de Marguerite, elle écrit et lit des poésies.

Les mondanités et les fêtes de contes de fées ne sont pas du goût de Louis qui préfère la vie de camp. Et comme il doit régler les affaires qu'il a laissées en plan en Alsace et que son père ne lui donne pas le dixième de ce qu'il dépense pour sa maîtresse, il fait la manche et utilise son temps et son argent pour monter une armée permanente avec ses troupes stationnées en Alsace.

Mais malgré les besoins dans le Roussillon et le Milanais, les tentatives de Louis de participer activement aux affaires du royaume se heurtent aux refus intransigeants de son père pour le neutraliser.

À l'été, rien ne le retient plus à la cour : sa fiancée Marguerite est morte d'avoir pris froid après une chaude journée. Pour éloigner l'importun qui dérange tout le monde, Charles l'envoie administrer le Dauphiné – où, naturellement, il fait des merveilles. Louis a 23 ans. Il ne reverra plus jamais son père.

En 1450, il ne reste en France aux Anglais que Calais : « le roi de France était devenu Charles le Victorieux, le plus puissant des monarques de la chrétienté ». Agnès Sorel meurt à Jumièges. Jacques Coeur, depuis Bourges, finance le roi, mais aussi le dauphin. le roi en prend ombrage. Il reproche à Louis de manigancer loin de la cour. C'est pourtant bien sa faute si Louis, à 27 ans, n'est toujours pas mêlé aux affaires du Royaume. Célibataire depuis la mort de Marguerite, il demande à son père d'approuver ses épousailles avec la fille du duc de Savoie. Refus de Charles. Louis l'épouse tout de même. Furieux, Charles se venge sur les alliés de Louis, à commencer par Jacques Coeur : emprisonné, exilé, il se réfugie à Rome et est chargé par le pape d'une croisade contre les Turcs. Il meurt en 1456 à Constantinople. C'est con, Jacques Coeur était aussi son banquier. Et Charles marche désormais sur la Savoie et le Dauphiné pour soumettre son fils.

Fort heureusement, les Anglais, qui sont rentrés dans Bordeaux, dévient le trajet de l'armée royale. Trêve pour Louis qui se voit chargé par René d'Anjou de prendre la tête d'une armée payée par Milan et Florence pour les aider à repousser Naples et Venise. Bonne occasion pour René de prendre enfin possession de Naples dont il est officiellement le souverain. le tout capote parce que la menace de l'armée de Louis s'approchant de Gênes suffit à réorganiser les alliances, y compris pour René. Un peu déçu, Louis rejoint la cour de René à Nancy. Et Charles reprend la route du Dauphiné.

Louis cherche partout des alliés : le pape, les Suisses – même les Anglais et le duc de Bourgogne. Succès mitigés… Seule solution : prenant prétexte d'accompagner la volonté du duc de Bourgogne de suivre la croisade demandée par le pape, Louis se dirige vers la Bourgogne – et, au cours d'une partie de chasse, se sauve du Dauphiné. Il se met sous la protection du premier ennemi de son père, Philippe le Bon, duc de Bourgogne : « le dauphin s'installa donc à la fastueuse cour de Bruxelles ». Philippe accorde à Louis la jouissance du château de Genappe, où Charlotte de Savoie le rejoint. Pendant ce temps, Charles reprend le Dauphiné. Ah les histoires de famille…

Louis ne s'ennuie pas moins de la vie de château à Genappe qu'à Nancy, mais s'évertue à faire bonne figure à son hôte et à comprendre la complexité et les raisons de la richesse de son duché : il observe, en apprend l'étiquette (reprise à Versailles après avoir été affinée en Espagne), et l'organisation. Philippe le Bon vieillit. Ils se fâchent. Louis sympathise avec son fils, le comte de Charolais, futur Charles le Téméraire et héritier du duché de Bourgogne. En 1459, tandis que Louis approche des 40 ans, Charlotte accouche d'un premier fils, qui meurt à 4 mois. Charles VII vieillit lui aussi. Louis sollicite des réconciliations – refusées.

Depuis Gênes, le roi René entend toujours conquérir Naples. Il demande son aide à Charles VII. En Angleterre s'écharpent les York et les Lancastre du roi Henri VI. Puisque Charles VII les finance (Marguerite d'Anjou est reine et le roi Henri VI est petit-fils du roi de France Charles VI), Louis et le duc de Bourgogne s'allient au comte de Warwick, qui tient Calais, soutien du duc d'York. Milan étant l'ennemie de Naples, Warwick et Louis s'allient à son nouveau duc, Francesco Sforza. Lancastre-Anjou-roi-de-France-Naples contre York-Bourgogne-dauphin-Milan. Voilà comment l'Europe se clive par la rivalité entre un père et son fils.

Le 25 juillet 1461, Charles VII meurt d'une infection de la mâchoire. Louis devient roi. Il fait donner une messe de requiem – et part à la chasse.

Les coûteuses réjouissances (tapisseries dans les rues, fontaines de lait, de vin…) de la procession vers Reims et Paris sont payées par Philippe le Bon, qui tient à marquer son allégeance au nouveau souverain. Changement de gouvernement, les fidèles du père sont remplacés par ceux du fils. Mais fin septembre, Louis est lassé de la vie parisienne. Il gouvernera depuis la Loire : Amboise, Tours, Orléans, Montargis. Il a 38 ans. La France féodale et disloquée va devenir centralisée, monarchique et bureaucratique. Il s'agit pour le moment de contrôler les initiatives de ses rivaux – homologues royaux ou vassaux.

Tout commence avec l'Espagne. L'Aragon lui demande son aide contre Barcelone qui (déjà) se révolte. Louis accepte contre la Cerdagne et le Roussillon. Et hop, en deux ans, c'est plié, les frontières du royaume s'étendent vers le sud.

En Italie, Louis, devenu roi, se doit maintenant de soutenir René d'Anjou, son vassal, contre Milan. Changement d'alliance. Mais Louis et Sforza se comprennent : Louis n'entend pas menacer plus qu'oralement – et Sforza n'est pas homme à se laisser impressionner. La diplomatie précelle la guerre – qui n'a pas lieu.

Louis excelle en diplomatie. Allié des Yorkistes, avec Warwick, il doit maintenant soutenir les Lancastre, de sang français. Fastoche : Louis convainc ces derniers que la paix est au prix de son retrait des affaires anglaises. Pour calmer la Bourgogne, alliée des York, il convainc le duc que la paix en Angleterre est la condition de sa croisade contre les Turcs. Louis, au centre de l'Europe, obtient ainsi que Warwick, avec l'accord de tout le monde, négocie une trêve avec les Lancastre : « le roi de France accomplit un nouveau « tour de force » ».

Ce n'est pas fini. Louis avait relu les traités. Il s'était avisé que le traité d'Arras de 1435 qui retirait la Picardie à la France, prévoyait son retour contre paiement. La somme était jugée incommensurable (400 000 écus d'or). Depuis deux ans qu'il est sur le trône, Louis travaille à la réunir. En 1463, il paie. Et de deux. Ou voilà comment la paix en Angleterre étend les frontières de la France vers le nord. le front du duc de Bourgogne se plisse.

En 1463, avec tous ces succès, Louis agace. L'Anjou s'impatiente. D'autant que l'Aragon est l'alliée du roi et de Naples. le pape réclame de l'argent. Louis se braque. Ils se fâchent. Louis envoie paître le pape en rétablissant l'indépendance de l'église gallicane. le pape menace de l'excommunier. Et François II, duc de Bretagne, s'insurge de ne plus avoir la liberté de nommer les prélats de son duché. Il fomente une alliance avec l'Angleterre. Henri VI répudie Marguerite d'Anjou. Et la Bourgogne se dérobe aux ambassades de Louis. Tout part à vau-l'eau.

Pour calmer le jeu, Louis convoque une diète des Princes à Tours pour juger François II. Son discours fait à nouveau merveille : François II est prié de se soumettre au roi, ce qu'il fait de bonne grâce. Mais c'est une façade : tous, en secret, sont en train de se liguer contre lui. Louis le comprend en un éclair quand son frère, le duc de Berry, au comportement étrangement nerveux depuis quelques temps, s'enfuit sans prévenir vers – Nantes.

Rappliquant dare-dare à Thouars où se trouve le trésor royal, Louis organise la riposte. Son plus fidèle allié reste son oncle, le roi René d'Anjou. Et Sforza de Milan lui envoie une petite armée. Louis peut aussi compter sur son armée permanente, stationnée à Poitiers et dont une partie revient du Midi. Après quatre mois de manoeuvre, l'armée royale rencontre celle du duc de Bourgogne à Monthléry – et la vainc.

Vient le siège de Paris. Il s'enlise. Les négociations traînent. Stupeur et catastrophe, Rouen est prise. Louis fait à nouveau le diplomate : s'il satisfait égoïstement la Bourgogne, la Ligue du Bien Public sera disloquée. le frère du roi hérite de la Normandie ; et Louis, sans descendance mâle, promet à mots couverts, car sa fille Anne est à marier, la couronne de France à la Bourgogne. Ça marche. La paix est négociée séparément avec la Bourgogne – et les ligueurs n'obtiennent que des picaillons. En novembre, après six mois de conflit, la paix rompue en mars est revenue. Elle coûte à Louis la Normandie, la Picardie et 200 000 livres annuelles.

C'est passager : quelques semaines après seulement, le nouveau maître de la Normandie appelle le roi son frère à l'aide : le duc de Berry ne s'en sort pas. Trois mois après l'avoir perdue, en janvier, Louis récupère la Normandie. Et le duc de Bretagne doit lui faire allégeance. L'optimisme revient.

En 1466, la reine donne un second garçon au roi. Mais il meurt après quelques heures. La couronne reste pour le moment à la Bourgogne.

Louis veut maintenant briser l'alliance entre la Bretagne, la Bourgogne et l'Angleterre. Édouard IV vient d'obtenir le financement d'une nouvelle campagne en France, avec l'aide de ses alliés. Jouant comme toujours la diplomatie, Louis s'ingénie à mettre en défaut les traités d'alliance. La Bourgogne signe pour trois la prolongation d'une trêve. La Bretagne omet de confirmer. le lendemain de l'échéance, l'armée française marche vers la Bretagne. En catastrophe, François II, pris au dépourvu, appelle ses alliés à l'aide. Au traité d'Ancenis, il renonce à nouer alliance avec l'Angleterre et la Bourgogne. La Bourgogne l'apprend et se fâche contre François II. Louis doit aller s'expliquer sur le bazar qu'il a mis.

À Péronne, les négociations patinent. Liège se révolte. Commynes, transfuge du duc de Bourgogne, se met opportunément au service de Louis et lui prodigue ses conseils : Louis doit souscrire à apporter son aide à Charles contre Liège. Ensemble, ils matent la ville rebelle. On ignore qui a joué qui dans cette affaire : quand ils entrent, la ville est vide. Et Louis recommande de ne pas la raser comme le veut Charles. La promesse réalisée, Louis obtient la signature du traité de Péronne qui isole maintenant de ses alliés la Bourgogne. Pour tout cela, il aura fallu à Louis un mois.

En juin, Charlotte accouche d'un garçon. Celui-ci vivra et deviendra le futur Charles VIII. Pas de chance pour la Bourgogne qui voit la couronne de France s'éloigner.

Mais la paix ne tient pas. le duc de Bourgogne est encore trop puissant. Il tire sa puissance de sa richesse. Louis va donc le ruiner. Les Médicis sont ses alliés. Ils possèdent une succursale à Bruges. Louis obtient qu'elle cesse de financer Charles. Les banquiers, dans ce monde, n'étant pas si nombreux, Charles se met à trembler.

Les Pays-Bas qui lui appartiennent sont très industrieux. du coup, ils importent leurs vivres. Louis décrète un embargo sur le vin et les céréales. Genève rayonne avec ses quatre foires annuelles ? Louis les coule en instituant celles de Lyon. Maintenant, c'est toute la Bourgogne qui gronde.

Mais c'est la Suisse et la Lorraine – et sa mégalomanie – qui achèveront le duc. le voilà qui veut faire la guerre à l'empereur. Deux défaites cuisantes en Suisses l'affaiblissent et celle de Nancy le tue. L'héritière, Marie, n'a aucun pouvoir. Voilà, c'était un peu plus long que pour le reste, mais Louis a encore gagné : la Bourgogne, la plus puissante et la plus riche cour d'Europe, est vaincue.

Restent les Anglais qui se tâtent encore pour repasser la Manche à l'occasion. Louis change leurs incursions militaires en séjours touristiques : les délégations britanniques sont constamment rassasiées en vin, repas, divertissements et repartent toujours avec de l'or, de l'argent et des tombereaux de tissus et de soies qui font la publicité outre-Manche de la qualité des productions françaises. Ça coûte un peu – sauf si on prend ces dons pour des échantillons : réjouis, ses hôtes font la publicité de leurs belles étoffes à Londres – et l'industrie française s'ouvrent à nouveaux marchés et de nouveaux clients. La paix coûtera 50 000 livres par an, mais sans tenir compte de l'augmentation des revenus commerciaux – et elle reste acquise : les Anglais laissent définitivement tranquilles les provinces françaises.

Quant aux villes du nord (Arras, Douai, Valenciennes, etc.), puisque la tentative de « colonisation » d'Arras a échoué, Louis part en campagne – et récupère la Somme et la Picardie. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir le temps de soutenir son allié Laurent de Médicis qui échappe de justesse à un attentat contre lui organisé par ses concurrents les Pazzi, alliés à Naples et au Pape, qui veulent sa peau.

En 20 ans de règne, le pouvoir royal faible et le territoire disloqué, s'étaient centralisés et homogénéisé autour de la figure royale. Les tensions aux frontières (Anglais, Bretons, Bourguignons, Armagnac) ont disparu. le budget de l'État a doublé (2 à 4,5 millions de livres). Et pour asseoir sa supériorité – à ses vassaux qui tenteraient de bluffer dans leurs initiatives –, Louis n'hésite pas à étaler devant eux, grâce à la performance de ses services de renseignement, les sommes de courriers qu'ils ont envoyés et reçus – les originaux bien sûr – manière de faire comprendre qu'ils n'ont reçu que des copies. Sic. L'universelle araigne, diabolique, a bien tissé sa toile…

À partir de 1481, Louis XI enchaîne ce qui semble être des hémorragies cérébrales. En retraite au Plessis-du-Parc-lès-Tours, il ne se remet pas de la troisième et, en 1483, meurt, à soixante ans, entouré de ses reliques, médailles, de ses chiens de chasse adorés – et de la compagnie de l'ermite François de Paule. À 70 ans, du royaume de Naples, il a fait le voyage pour venir apaiser son âme. Louis a juste eu le temps de faire ses dernières recommandations à son fils, âgé de treize ans, qu'il a peu fréquenté, le futur Charles VIII. Louis ne pensait pas mourir à cet âge si avancé, puisque, depuis un siècle, rapporte-t-il, aucun roi de France ne l'aurait dépassé.

Le biographe révèle que les plus proches de Louis sont inquiétés (exil, décapitation, cage de fer pour Commynes), mais que le règne de Charles VIII, bien que moins volontaire que son prédécesseur, n'est pas contesté, marque de la solidité des institutions mises en place par son père. Il achève en regrettant que la ruse diplomatique ne se soit pas davantage transmise et que l'agitation en Italie ait mené au contraire à une première campagne, désastreuse, qui initiait celles à venir de Louix XII et François premier – pour le malheur de l'Italie.

***************
La biographie est précise, parfois, croit-on, à l'excès, surtout au début, mais s'éclaircit après les victoires à Montlhéry et l'apaisement des ardeurs anglaises. On saisit alors comme il fallait avoir l'esprit pénétrant pour composer avec les difficultés contingentes sans perdre un projet qui s'étend à l'échelle d'une vie et d'un continent. Et peut-être fallait-il, pour révéler la ruse de son objet d'intérêt, un biographe aussi filou que lui… La traduction est splendide et les nombreux inserts de citations des courriers d'époque divertit en ressuscitant le parler du monde de Louis XI. Si lointain, si proche…
Commenter  J’apprécie          104



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}