Basky Surf Party

Le soleil du Nevada cognait fort sur Reno, sa capitale. Benjamin Basky, «Benji» pour les intimes, avait donné rendez-vous aux Diablos sur les ruines du Sphinx. Trois mois plus tôt, ce casino majestueux avait la forme d'une pyramide de quinze étages. Depuis qu'un engin de démolition avait éventré ses façades triangulaires, il ressemblait aux Twin Towers au matin du 12 septembre. Les falaises vertigineuses nées du cataclysme étaient devenues l'objet de défis parmi les fans de roller extrême. Dans ce décor de fin du monde, les Mexicains des Diablos étaient les seuls capables de contester la suprématie de l'équipe de Benji.
Les deux tribus adverses se trouvaient face à face dans les décombres du parking égyptien de dix étages ayant subi le même sort que le casino. Benji se demandait s'il allait finir dans un des sarcophages décorant l'ancienne zone de stationnement. Car c'était souvent à la morgue que finissaient ceux qui pratiquaient le High jump depuis que les pires bookmakers de la ville avaient décidé de s'adapter à leur époque en investissant l'univers du patin en ligne.
Ces charognards faisaient miroiter des sommes à quatre chiffres à de jeunes casse-cous, en échange de franchissement vertigineux sur lesquels ils organisaient des paris.

« La vague se cabra à l’endroit exact où Benji se trouvait, soulevant légèrement sa planche, avant qu’il ne l’incline dans le creux, par un ultime crawl fougueux. Il sentit alors toute l’énergie de l’Atlantique gagner son surf, puis ses reins, puis l’ensemble de son corps. Sa combinaison sembla prendre vie comme une poupée envoûtée. Elle se redressa en soulevant tout ce qu’elle contenait. Benji ne réalisa pas tout de suite qu’il s’était redressé, il était trop concentré…… Un rire qu’il ne connaissait pas, primitif, commandé par l’instinct, le rire du vivant triomphant du destin. C’était comme s’il venait de tuer son premier mammouth. »