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Critique de Andromeda06


Sur ma liste des auteurs à découvrir cette année, c'est un nouveau nom que je vais pouvoir cocher, celui de Douglas Kennedy, grâce à "Cet instant-là". Et si j'ai trouvé les 300 premières pages plutôt longues, voire même très longues par moments, j'ai été happée par les 400 dernières, que j'ai littéralement dévorées.

En recevant un colis provenant d'Allemagne, l'écrivain Thomas Nesbitt voit tous ses souvenirs remonter douloureusement à la surface. Souvenirs qui remontent à 1984, où jeune globe-trotter, il venait d'arriver en RFA dans l'objectif d'écrire un roman sur Berlin. Employé chez Radio Liberty, c'est là qu'il rencontre Petra, jeune "transfuge", originaire de la RDA. Ils tombent amoureux presque immédiatement, mais le passé de la jeune femme va devenir un obstacle à leur passion.

Guerre froide, capitalisme et communisme, espionnage et contre-espionnage sont au coeur de l'histoire de Douglas Kennedy. Et c'est de là que me sont venues les difficultés à "rentrer dedans". Car s'il y a bien un sujet historique qui m'a toujours profondément ennuyée, c'est bien celui-là. Et comme l'auteur prend le temps pour implanter ce contexte, il m'est souvent arrivé de bailler ou de souffler, du moins dans le premier tiers. Pourtant, l'histoire de Berlin, de son Mur, de l'Allemagne de l'ouest et de l'est est humainement intéressante, mais ne m'a jamais attirée. [Et d'être tombée dessus au brevet (alors que j'espérais très fort tomber sur la Seconde Guerre mondiale), puis à l'oral du bac deux ans après (dans ma section, on passait l'hist-géo en Première), n'y est certainement pas pour rien non plus...] Quoi qu'il en soit, il m'aura fallu presque 300 pages pour être à l'aise dans ma lecture, pour finalement ne plus arriver à la lâcher. Il est important de souligner que l'auteur a fait un travail consciencieux sur ce contexte historique, sur les conflits géopolitiques de l'époque, sur les modes de vie qui diffèrent selon qu'on vit à l'ouest ou à l'est du Mur, créant un tout, historiquement parlant, sacrément bien approfondi.

Il en est de même pour les personnages, tous bien campés. À commencer par Thomas, personnage principal et narrateur, qui nous conte son histoire, sans omettre de décrire ses moindres ressentiments, ainsi que les lieux et décors par lesquels il est passé et ses impressions, nous projetant directement sur place. Petra est également l'un des personnages les mieux creusés, alors qu'elle est l'un des plus énigmatiques puisqu'on ne sait pas tout d'elle et qu'on apprend la vérité peu avant la fin, lorsque Thomas retourne à Berlin 30 ans après les événements. Quant aux autres personnages, à part pour Alastair, on en sait finalement très peu afin de laisser planer le doute, la situation du moment voulant qu'il y ait des "espions" disséminés un peu partout. Ils en imposent tout de même, ont leur personnalité bien à eux.

Côté émotions, l'histoire prend un tel tournant qu'elle finit par nous atteindre. Plus on approche du dénouement, plus cela devient de plus en plus émouvant, laissant de temps à autre une petite larme au coin de l'oeil.

Et puis l'auteur a une très belle plume, à la fois simple et fluide, élégante et méticuleuse. Tout est extrêmement bien dépeint, que ce soit au niveau du contexte, des lieux, ou des personnages. On ressent tour à tour les différentes émotions par lesquelles passe Thomas : l'amour passionnel bien évidemment, mais aussi le doute, la peur, la colère, la trahison, les regrets, la culpabilité.

Bien plus qu'un roman d'amour, Douglas Kennedy nous offre aussi un roman historique et un roman d'espionnage qui, malgré un début laborieux, m'a finalement offert un très bon moment de lecture.

[N.B. : Si vous venez ou êtes en train d'arrêter de fumer, mieux vaut passer votre chemin pour l'instant. Tous les protagonistes fumant clope sur clope dans chacune des scènes (sur 704 pages, ça fait beaucoup de cigarettes allumées), votre volonté serait mise à rude épreuve !]
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