Même avec mes parents négligents, j’avais su étant enfant qu’un jour je rencontrerais l’homme avec qui je devais être. J’avais rêvé de ce à quoi il ressemblerait, de sa voix. Je l’avais imaginé du genre costume et cravate qui rentrerait à la maison après une longue journée de travail et que ça n’aurait pas dérangé que je l’accueille avec des doigts tachés de peinture. Il serait intentionné et ouvert avec un sens de l’humour malicieux et taquin, et il voudrait les mêmes choses que moi – des enfants, un chien, une clôture blanche.
Une nuit des « leçons » d’Eduardo changea tout ça. Je sus dans la seconde où il vola ce qui restait de mon enfance qu’il avait volé l’homme, les enfants, le chien et même la clôture blanche. - Jonas
Mais ce que je ressentais le plus, c'était la perfection que ces deux hommes m'apportaient. Et je sus à ce moment-là que je ferais n'importe quoi pour la préserver. N'importe quoi. - Cole
Le viseur de mon fusil était bon, mais en aucun cas il n’avait fait honneur à cet homme. Même les photos n’avaient pas su capturer sa beauté nue. Ses lèvres étaient bien plus charnues que je l’avais pensé et je voyais qu’elles étaient juste tachées d’un peu de couleur, comme s’il avait meurtri la chair sensible avec ses dents. Ses yeux n’étaient pas du simple bleu auquel je m’attendais ; ils étaient si pâles que son regard en était presque argenté, étrange. On aurait dit qu’il avait passé ses doigts dans ses cheveux bruns et hirsutes ; je me surpris à vouloir m’approcher pour lisser quelques mèches et sentir leur texture. - Mace
Je n’y connaissais rien en art, mais j’avais su à la seconde même où j’avais vu le tableau pourquoi il avait passé tant de temps dessus. Parce qu’il ne peignait pas simplement une image abstraite qui n’avait de sens que pour lui. Non, il se mettait lui dans chaque coup de pinceau, dans chaque couleur choisie avec soin. Douleur, espoir, deuil… je voyais tout ça. Et alors qu’il revenait dans la pièce, ma seule envie avait été de le prendre dans mes bras et de lui demander qui il était et pourquoi il avait besoin d’un pinceau pour dire au monde ce qu’il ressentait.
"je fis définitivement de mon mieux pour ne pas m’attarder sur le fait que ce serait si facile de tourner à peine la tête afin que mes lèvres goûtent sa peau, voltigent au-dessus de son pouls, frôlent ses lèvres pulpeuses.
Je fus chanceux que Jonas recule enfin de lui-même, car j’avais du mal à être le premier à rompre le contact. Mais ensuite, il me décocha un sourire tremblant et je sus que j’étais foutu. Complètement et royalement."
"Puis ce fut l’obscurité et ma dernière pensée consciente fut que je devais trouver un moyen de ne jamais perdre cette seconde chance qui m’était donnée d’atteindre la perfection."