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Critique de Nadael


Dès les premières pages, Maylis de Kerangal nous cueille. Un peu de temps est nécessaire pour s'accoutumer à son écriture alerte, à cette rapidité qui saisit le lecteur : un flot de mots qui submerge, éblouit, surprend, impresssionne. Moult répétitions, des synonymes à tout va, une ponctuation abondante, des onomatopées - blablabla, ploc, tap tap tap, tac tac tac tac... - , des interjections, un vocabulaire riche tantôt technique tantôt léger. Des mots insoupçonnés (par moi en tout cas!) - dipsomane; gangue ; aniline ; licol... - , des mots durs, des mots purs, des mots scientifiques, des mots familiers, des mots anglais, des gros mots... Cette écriture s'apprivoise, nécessite de la concentration, et aime qu'on la savoure à haute voix.
L'auteure détaille beaucoup, digresse énormément, décrit tout...ça ne traîne pas, elle va vite, vite. Tout cela coule prestement, comme l'eau de ce fleuve qui sépare la ville de la forêt, les indiens des citadins, les anciens des modernes. Ce style d'écriture haletant traduit bien à mon sens la réalité vivante et dure, met clairement l'accent sur les difficultés de la vie. Un rythme sans relâche où chacun des personnages se bat et se débat dans sa propre existence, à la destinée pourtant implacable.
L'histoire est simple, des hommes et des femmes vont construire un pont. Ils vont se croiser, s'aimer, se détester, douter, sourire, pleurer, s'épauler, se marcher dessus, se détruire...Georges Diderot, Katherine Thoreau, Summer Diamantis, Jacob, Mo Yun pour ne citer qu'eux...Des incursions dans leur passé permettent au lecteur de comprendre comment ils en sont arrivés là. En assistant à la construction du pont, on voit à quel point les personnages ont le désir fort de changer de vie, de sortir de leur existence morne et répétitive, mais tous restent englués dans leur solitude, leur quotidien, leurs soucis.
Alors que le pont sort de terre, les personnages eux, n'avancent pas. Leur vie ne subira que très peu de changement, finalement.
Et le pont est le lien impossible entre la nature préservée et la cité, son pouvoir, son économie, ses bruits et lumières . Ce colosse de béton semble tout écraser sur son passage, seule lueur : l'arrêt du chantier durant la nidification des oiseaux, ce sera son seul triomphe !
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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