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Critique de LaBiblidOnee


Quel beau titre onirique pour qualifier ces Fous du Zen, sur un fond de « Everybody's Got A Home But Me », de Roy Hamilton ! C'est l'histoire de ces jeunes adultes marginaux de l'Amérique des années 1950, un peu « artistes », qui ne se retrouvent pas dans l'american way of life du « toujours plus de travail pour avoir une maison avec télé et famille ». Ils partent du constat que les travailleurs ne profitent pas de ce qu'ils ont amassés, tant l'abrutissement du travail les occupe sur le moment et les fatigue pour leur temps libre, les enfermant dans une prison d'obligations et de pensées, parfois dorée, ou parfois même pas.


Ces jeunes rêvent de liberté, même si elle est synonyme de moins de confort et de conformisme. Ils la cherchent d'abord dans leur tête, puis dans leur corps, l'un n'allant pas sans l'autre. Ils pratiquent la méditation pour la première, les voyages ou le vagabondage pour la seconde. Sensible à la poésie japonaise, qu'ils étudient, ils s'instruisent aussi de préceptes bouddhistes qu'ils adaptent et appliquent à leur vie, tentant d'atteindre le Nirvana.


Parfois incompris de leurs familles, souvent admirés des étudiants et des artistes pour leur vie hors norme et leur absence de cadre, ces vagabonds bohèmes préfèrent barouder sur les routes, auto-stoppeurs ou clandestins d'un train de marchandises, cherchant des enseignements dans l'aventure, s'installant chez les uns ou les autres rencontrés au gré de leurs périples ; distillant leur philosophies entre eux, ou à toute cantonade qui veut bien les écouter un instant, entre deux petits boulots alimentaires, ou des nuits d'ivresse et d'orgie destinées à se libérer des conventions.
Plus ou moins méditatifs, plus ou moins actifs, ils pensent parfois à tout plaquer pour s'installer, avoir un chez soi stable et confortable ; Mais toujours cette nostalgie de la solitude disparaît face au couperet des chaînes du conformisme, et à leur recherche d'un sens à la Vie.


***

L'idée et les personnages sont intéressants. Mais ils auraient pu l'être beaucoup plus si l'auteur avait fait l'effort d'initier son lecteur à leur philosophie. Au lieu de ça, nous prenons l'histoire de Ray littéralement en cours de route (sur un train de marchandise), entre deux auto-stop : Il a déjà acquis son style de philosophie et de méditation, qui consiste à dire que de toute façon, tout est « vide ». Ce concept sera survolé, mais jamais vraiment expliqué. Aussi je n'ai jamais pu vraiment intégrer la psychologie du personnage. Son discours et sa quête spirituelle me sont demeurés abstraits, étrangers voire artificiels et, pour le coup, vide… de sens. « Tout est vide », oui, certes. Mais ce vide a fait manqué d'épaisseur à ma lecture, il m'a laissé à la surface, dans un flou plus superficiel qu'artistique.


Je voulais me nourrir de sa spiritualité, ou en tout cas de sa recherche. Je me suis sentie flouée, apercevant où l'on allait, sans jamais pouvoir réellement comprendre en profondeur le propos, ni donc le vivre avec le personnage. Je suis restée à l'extérieur. Et pour un lecteur, ce n'est pas une sensation agréable. Au lieu de pénétrer profondément les pensées ou la méditation du personnage, comme dans d'autres lectures, j'ai eu l'impression que l'auteur m'abandonnait en bord de route, moi aussi ; Mais pas comme s'il voulait que j'apprenne par moi-même, plutôt comme si lui-même ne savait pas décrire l'état de son personnage, et donc peut-être racontait quelque chose qu'il n'avait pas lui-même approché d'assez près. Alors qu'en réalité, il semble avoir baigné dans ce milieu.


Par son récit, Kerouac m'aura au moins fait toucher du doigt l'existence de cette « beat generation » : pauvre mais joyeuse, dont il a fait partie intégrante, et qu'il nous livre à travers : ses questionnements de la société de consommation, son inspiration des grands espaces, sa quête de spiritualité presque chamanique. Tous les prémices de mai 68 sont là, la liberté sexuelle est déjà sous-jacente. L'écriture est fluide et les personnages originaux, attachants malgré tout. Je regrette d'être passée un peu à côté de ce qui aurait pu être une belle aventure. Mais je repartirai quand même bientôt « Sur la route » avec Kerouac, par curiosité et pour être sûre de ce à côté de quoi je suis passée. Bien à vous, beat babéliotes !
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