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Jacques Houbart (Autre)Michel Mohrt (Autre)
EAN : 9782070367665
436 pages
Gallimard (20/07/1976)
3.74/5   3948 notes
Résumé :
"Sur la route" est centré sur le personnage obscur et fascinant de Dean Moriarty, alors considéré comme le chef de file de la Beat generation.

En révolte contre l'hypocrisie morale de l'Amérique bien-pensante, Jack Kerouac parcourt les États-Unis à la recherche d'un nouveau mode de vie.
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Critiques, Analyses et Avis (279) Voir plus Ajouter une critique
3,74

sur 3948 notes
Ceci n'est pas un livre, c'est un état d'esprit. En effet, qu'on se le dise, Jack Kerouac n'a pas écrit une histoire : au début, on est tenté de suivre les péripéties des deux gaillards principaux, Sal Paradise alias Kerouac lui-même et Dean Moriarty alias Neal Cassady (N. B. : dans le rouleau original, Kerouac n'a même pas pris la peine de modifier les noms réels des protagonistes, ainsi Neal Cassady, Allen Ginsberg et autres apparaissent directement sous leur véritable identité).

Mais au bout d'un moment l'histoire semble patiner et nous avec et puis, d'un coup, paf ! On se rend compte que l'histoire n'a absolument aucun intérêt, que la seule chose qui prime, c'est l'état d'esprit, le « Mood » pour reprendre un terme de jazz si propre à l'écriture de Kerouac.

Soit cela prend et c'est magique, soit cela ne prend pas et c'est une cruelle déception pour le lecteur. Vous aurez compris que pour moi, ça a pris, peut-être parce que je l'ai lu moi aussi sur la route, il y a bien longtemps, au volant d'une petite voiture bouffonne, avec Bob Dylan à plein tubes dans les oreilles, dans une pérégrination entre le Cap Nord et le Sahara, sans but et sans mobile comme les deux protagonistes et à peu près au même âge qu'eux.

Quand cela prend, on n'en ressort jamais complètement indemne : il y a un avant et un après Kerouac. La route prend une tout autre signification, car ce livre n'est rien moins qu'une autre manière de voir la vie. Cela devient de la métaphysique, une philosophie de vie à la Hermann Hesse (qui sera développée plus tard dans Les Clochards célestes).

Est-ce moral de fuir ainsi tout le temps, d'abandonner ses enfants et ses compagnes comme le fait Dean ? Est-ce que ça changerait quelque chose, à l'heure du dernier soupir, de ne pas les avoir abandonnés ? Ce livre a le mérite d'exister et de souffler une autre vision de la vie que l'utilitarisme.

Faire des choses qui ne servent à rien, juste pour les vivre, juste pour l'éphémère sensation qu'elles vous procurent. Vivre tout à fond, comme si c'était la dernière fois, expérimenter à tout va, la folle vitesse, les folles drogues, les folles orgies, les folles distances, les folles déprimes, les folles rigolades, les folles relations humaines, explorer des terrains inconnus de l'être, de la société, de la morale, de l'espace, vivre 100 vies en une, bref, accumuler des expériences, des expériences, et encore des expériences, quels qu'en soient la nature et le type, se chercher soi-même en une quête sans cesse réitérée au travers de ce que l'on ne connaît pas.

Voilà, pour moi, sur la route, c'est tout ça. La devise de ces joyeux drilles pourrait être « peu importe le flacon, pour peu qu'il y ait l'ivresse ! »

Le livre sortit en 1957, année mémorable à plus d'un titre, mais en particulier pour l'envoi dans l'espace du fameux satellite artificiel soviétique nommé Spoutnik. Il n'en fallut pas plus à un journaliste pour imaginer le terme de « beatnik » afin de qualifier ces sortes d'électrons libres déguenillés ayant la bougeotte.

Kerouac lui-même expliqua dans une interview que le terme « beat » faisait référence, selon lui, à trois notions combinées : la première provient des populations noires du métro de New York, littéralement les « battus », oubliés du rêve américain, croupissant dans la misère et l'absence de perspective, mais caractérisés par une sorte d'insouciance, une bonne humeur et une fraternité de tous les instants, couplée à une sérieuse tendance à chanter pour un oui pour un non.

La seconde provient de la notion de pulsation, de « battement », terme qui évoque le coeur, mais aussi et surtout la rythmique du jazz, dont la prose spontanée de Kerouac se veut l'équivalent littéraire des improvisations propres à cette musique.

Enfin, n'oublions pas que Kerouac était francophone et que le français était même sa langue maternelle et donc que le terme « beat » fait également écho aux termes français « béat, béatitude » dans leur sens d'émerveillement simple et naturel devant le spectacle de la nature (humaine ou rencontrée sur la route).

Ainsi, l'auteur désigna-t-il sa génération (ceux qui ont fait 39-45 et en sont revenus un peu paumés) comme la « beat generation », clin d'oeil à la non moins fameuse « génération perdue » de 14-18, si bien décrite par D. H. Lawrence dans L'Amant de Lady Chatterley, et dont l'écrivain Ernest Hemingway en est un archétype.

À titre de comparaison, si vous avez l'occasion, lisez cet autre « Sur la route » qu'est Voyage à motocyclette de Che Guevara et vous verrez un tout autre effet du fait de voyager sans but. D'une certaine manière, c'est la même histoire, les mêmes protagonistes, mais le hasard a fait qu'ils n'ont pas croisé la même réalité et qu'elle n'a pas eu les mêmes effets sur eux. Ceci engendre une autre métaphysique qu'il n'est pas inintéressant de confronter.

Enfin, est-il utile de préciser que le « Sur la route » de Kerouac est dans la lignée des romans américains qui tirent leur origine du monument de Herman Melville, Moby Dick. J'en veux pour preuve la première et la dernière page du roman.

Dans la première, le héros ressemble à s'y méprendre au Ishmaël de Melville et dans la dernière, Kerouac compare l'Amérique à un ventre géant et allongé, allusion à peine masquée à la grosse baleine tueuse.

En somme, d'après moi, Sur La Route est un livre qu'il est bon de laisser décanter en nous, pour en saisir le sens profond, lequel sens profond, me concernant, n'était pas forcément dans le projet de l'auteur. Je crois que la phrase, ou du moins l'une des phrases, les plus importantes du roman apparaît dès la première page et est la suivante :

« Avec l'arrivée de Dean Moriarty commença le chapitre de ma vie qu'on pourrait baptiser : Ma vie sur la route. » Ceci implique que, même pour Kerouac, cette période devait être transitoire, qu'elle avait quelque chose d'extraordinaire, de hors du temps, qu'elle ne se reproduira jamais, et qu'elle est fortement liée à la personnalité si atypique de Dean.

D'après moi, en aucun cas, au moment où il écrit Sur la route, il ne songe à en faire un mode de vie qui soit une alternative crédible au système dominant, mais plutôt une relation d'expériences diverses qui sont une initiation, quelque chose comme faire ses armes avant de passer à la vraie vie dans le monde et dans la réalité.

Avant d'en finir, je voudrais encore vous offrir un passage qui me paraît fondamental pour comprendre l'oeuvre dans son entier. (Il s'agit de la traduction de Jacques Houbart datant de 1960, qui ne me semble pas géniale, mais bon, faute de lire le livre en VO, ça aide un peu quand même.)

« Mais alors ils s'en allaient, dansant dans les rues comme des clochedingues, et je traînais derrière eux comme je l'ai fait toute ma vie derrière les gens qui m'intéressent, parce que les seules personnes qui existent pour moi sont les déments, ceux qui ont la démence de vivre, la démence de discourir, la démence d'être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller ni sortir un lieu commun mais qui brûlent, qui brûlent, pareils aux fabuleux feux jaunes des chandelles romaines explosant comme des poêles à frire à travers les étoiles et, au milieu, on voit éclater le bleu du pétard central et chacun fait : " Aaaah ! " »

« They danced down the streets like dingledodies, and I shambled after as I've been doing all my life after people who interest me, because the only people for me are the mad ones, the ones who are mad to live, mad to talk, mad to be saved, desirous of everything at the same time, the ones who never yawn or say a commonplace thing, but burn, burn, burn like fabulous yellow roman candles exploding like spiders across the stars and in the middle you see the blue centerlight pop and everybody goes " Awww ! " »

Enfin, chers Babelionautes, puisqu'il n'est nullement prescrit la forme et la fonction que doit revêtir une critique sur ce site, j'en termine en vous laissant le fruit d'une expérimentation : je me suis demandée comment rendre, dans une critique, un volatil état d'esprit, restituer un sentiment aussi insaisissable, aussi impalpable que le livre qu'elle représente. Et j'ai accouché de ça, ce truc, sans forme et sans nom :

On vient
Jusqu'à mon jardin
Cueillir le muguet
Sentir le lilas

Et moi
Dans mon gros village
Derrière mon voilage
Je reste plantée là

On vient
Jusqu'à mon jardin
Sentir les fumets
S'évader des plats

Et moi
Dans mon gros village
Derrière mon voilage
On m'embarque pas

Et Dean
Avec une copine
Est passé par là
Et m'a dit comme ça :

Eh toi !
Dans ton gros village
Derrière ton voilage
Faut pas rester là

Eh toi !
Quitte ton gros village
Boucle ton paquetage
Et viens dans mes bras

Mais, bien entendu, comme toujours, vous avez compris que tout cela n'est que pure subjectivité, n'est que mon avis, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Ca y est, j'y suis arrivé, quel voyage, les amis ! La route fut longue mais tellement incroyable, Kerouac nous ballotte d'une contrée, d'un état à l'autre. C'est le genre de livre qui à mon avis, l'on dévore très vite ou qu'on rejette très vite. Heureusement pour moi, c'est la première solution qui m'a guidée. Des kilomètres de bitume ou drogue, alcool, sexe sont les moteurs. Une forme de fuite en avant pour trouver un sens à tout ça. Vivre à fond sans penser à l'avenir. Des rencontres, des questionnements, une vie au jour le jour, une course perpétuelle pour trouver de l'argent, à manger, un toit. Kerouac remplit les pages, avec une frénésie et un style incroyables. Cette route-là avec la naissance de la génération Beatnik est drôlement addictive. Moi, je me suis régalé. On comprend pourquoi les pérégrinations de Kerouac sont devenues de même que son auteur cultes.
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Soixante ans après sa première publication, que reste-t-il de Sur la route, souvent qualifié de roman mythique, de révolution littéraire, et nimbé d'une aura sulfureuse?

On connaît l'histoire éditoriale du roman largement autobiographique, écrit initialement sur un rouleau de 36 mètres de long, et refusé sous sa forme originale car potentiellement inacceptable par l'Amérique puritaine des années 60. Ce qui en subsiste après correction, su le fond et sur la forme est bien pâle, et depuis, les auteurs ont pu faire fi de tous ces préjugés moralistes, y compris aux Etats-unis. Si ce road-trip n'est pas une promenade de santé, il reste très conventionnel. Beaucoup d'alcool (mais des ivresses plus festives que celles d'Hemingway dans le Soleil se lève aussi), un peu de drogue, un peu de sexe, beaucoup de folie (celle de Dean, démon tentateur, qui entraîne dans ses délires femmes et potes), tout cela est loin de l'image véhiculée par les rumeurs.

Difficile de parler de l'écriture, tant l'écran de la traduction fausse l'appréciation. J 'ai été gênée par l'utilisation du mot fille pour désigner les les petites amies . On se doute qu'il s'agit de girl en anglais, mais cela n'a pas le même sens, » It's my girl », , ce n'est pas « c'est ma fille » C'est certainement un roman à lire en VO. de même l'utilisation du neutre « on revint auprès de Frankie, », « on décida d'abord de se laver à la station service », un peu redondante.

Reste de sublimes pages sur le jazz, en particulier ce passage sur le « it », qui révèle une passion viscérale pour cette musique.

Donc pour le sulfureux, il faut sans doute se reporter au rouleau original, publié depuis et traduit.

C'est pour moi un mythe démystifié, et une lecture très mitigée, un peu longue et répétitive, et qui a (mal) vieilli.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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"Rien derrière et tout devant, comme toujours sur la route."

La sortie du roman "Sur la route" (1957) était pour la littérature américaine une sorte de choc thérapeutique bienfaisant. Jack Keroauc (dont le visage mal rasé et agréablement viril regardait suggestivement son lecteur depuis la couverture de la première édition) a transgressé tous les codes littéraires alors en vigueur, en arrivant en trombe à une vitesse non-autorisée, hurlant à pleins poumons l'enthousiasme, la tristesse, la joie et le désespoir, avant de disparaître dans un nuage de poussière quelque part sur la route 66.
Sa prose "spontanée" ne contenait rien de ce qu'on pourrait qualifier de "forme littéraire", mais ce long rouleau sorti de sa machine à écrire mesurait en réalité quelques milliers de kilomètres, et contenait toute l'Amérique.

"Sur la route" est le plus grand manifeste de la liberté.
Non pas à cause de son scénario ; après tout, Sal Paradise et ses amis se déplacent à travers l'Amérique un peu comme une grenouille paumée au fond d'un arrosoir, et peu de lecteurs voudraient être vraiment à leur place. L'important est la façon dont le roman est écrit - comme si de chaque mot, de chaque pas sur le périphérique pluvieux aux alentours de Boston ou de chaque kilomètre sur la route semi-désertique de Denver à Frisco émanait l'amour du pays, des éternels changements et des possibilités sans fin.
Pourtant, je ne saurais dire ce qui génère cette impression positive du roman, qui contient aussi une bonne dose de mélancolie. La seule raison pour être sur la route est la route elle-même ; pour fuir la routine et la façon de vivre des "paddys" américains, étriqués dans leur rêve de prospérité comme une bonne femme dans un corset qui l'empêche de respirer.
L'idée n'était pas nouvelle, on peut penser à Emerson, Thoreau ou Whitman, mais la "beat génération" était la première à annoncer ouvertement que quelque chose cloche dans la société américaine de l'après-guerre. le succès a été immense, mais aussi à double tranchant. Les littéraires et les intellectuels reprochaient aux beatniks leur superficialité, leur flirt dangereux avec la drogue et le zen-bouddhisme, et leur jeu malhonnête à la pauvreté. Les "paddys" ont même réussi à commercialiser le mythe, en organisant des voyages groupés à San Francisco pour que tout le monde puisse admirer les "véritables" beatniks américains : chevelus, sales, ivres et immoraux. La "façon beatnik" est devenue une sorte de mode, le snobisme retourné à l'envers, et Kerouac lui-même a dû plus tard fuir ses fans, et même ses anciens amis.

Les personnages de Kerouac, ses héros et ses vagabonds, rappellent un peu Huck Finn de Twain : lui aussi s'est échappé sur la rivière Mississippi, car il ne voulait pas se laisser "civiliser".
Le livre n'a pas une véritable histoire, il est fait de souvenirs, impressions, et d'un tas de petits croquis de gens rencontrés au hasard : fermiers du Minnesota, chauffeurs de camions, commis voyageurs, flics, intellectuels beatniks... et surtout les vagabonds solitaires, un peu comme Sal Paradise et Dean Moriarty eux-mêmes.
Dean est le moteur surpuissant qui fait avancer le livre. Même si, au début, il demande à Sal de lui apprendre à écrire, on peut dire que c'est lui qui apprendra Sal à vivre. Mais c'est précisément la relation avec Dean, un jeu compliqué de refus et d'acceptations, de l'amitié et de l'égoïsme, d'admiration et de retenue, qui ajoute un étrange côté triste au livre. Sal approche ce monde avec enthousiasme sans jamais s'y identifier complètement et en restant toujours un pas en arrière, en observateur émerveillé.
Peut-on vraiment aimer Dean Moriarty, cet ange flamboyant derrière le volant, qui prend la route avec la même insouciance que la vie, en laissant derrière lui autant de voitures que de coeurs cabossés ? En tout cas, sa philosophie est "ici et maintenant".

"Une fois de plus, nos valises cabossées s'empilaient sur le trottoir on avait du chemin devant nous. Mais qu'importe : la route, c'est la vie."
Le roman de Kerouac est particulièrement salutaire si vous avez besoin d'une injection de spontanéité dans votre système neuronal anémié, ou si vous avez envie de croire que la vie n'est pas une fois pour toutes déterminée par les décisions faites d'avance. On n'a même pas besoin d'être vraiment "sur la route", juste savoir que cette douce possibilité existe pour de bon. Quel que soit le but et la direction, et que ce soit pour aller en Californie, ou à plus de 10km de chez soi. 4/5
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Qu'est-ce qui fait de 'Sur la Route' un livre culte depuis 50 ans pour tant de gens?

Certainement pas le récit au premier degré des voyages de Sal et Dean ! Liste des villes traversées, des moyens de locomotion utilisés, détails fastidieux de qui conduit à quel moment quelle voiture et à quelle vitesse, budget détaillé des 2/5/15€ dépensés ou manquants... Plutôt assommant tout ça !
D'autant plus que, quand ils ne roulent pas, ils sont soit en train de voler du fromage et du pain quelque part (toujours du fromage et du pain !), soit à une station service (où parfois ils volent en même temps du fromage et du pain !), soit en train de dormir au bord de la route (avec des petites variations : dans le sable près de la chaussée, sur le toit, sur la banquette arrière...).
Tout ça en transpirant abondamment (jamais vu autant d'allusions à la sueur dans un livre !) et sans jamais regarder le paysage ou visiter le moindre monument...

Probablement pas non plus leur vie entre les différents voyages...
En général, ils en profitent pour enchainer les beuveries d'alcool, "thé" ou benzedrine avec leurs nombreux amis déjantés; pour prendre un boulot également, si possible bien pourri, afin qu'on puisse à nouveau avoir le détail des 2/5/15€ qu'il leur manque en permanence; et enfin pour se trouver une gentille fille à rendre chèvre (voire, pour Dean, à épouser, mettre enceinte et rendre très malheureuse).
Tout ça en enchainant des élucubrations sans queue ni tête et des théories allumées sur le sens de la vie, et en cassant un maximum de choses (plusieurs voitures notamment, ou le pouce de Dean).
Bref, des bons losers, en plus même pas solidaires entre eux quand l'un ou l'autre va mal !

Non, ce qui rend ce livre culte à mon sens, c'est que Sal et Dean cherchent le 'it', la liberté, le bop. Ils ne veulent pas s'arrêter aux apparences, à la recherche de l'argent et du confort ou au conformisme petit-bourgeois. Ils veulent vivre vraiment, intensément, absolument, follement. Ils représentent les rebelles de ces années d'après-guerre, paumés mais fondamentalement vivants.

Même si je ne vois pas ce qu'il y a d'intense à sillonner le pays en transpirant et en déblatérant, j'ai été sensible à cette quête d'absolu. Elle m'a touchée, alors que les moyens mis en oeuvre ne me parlent pas du tout (suis plutôt sérieuse tendance coincée, moi).
Donc je suis contente d'avoir lu ce livre jusqu'au bout, aussi dérangeant et parfois ennuyeux qu'il ait été pour moi.
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critiques presse (3)
Bibliobs
17 mai 2023
Si Kerouac a écrit « Sur la route », c’est Neal Cassady qui l’a inspiré. Une lettre, perdue pendant des décennies, et retrouvée il y a peu aux Etats-Unis, permet de comprendre la genèse du chef-d’œuvre beat.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaLibreBelgique
18 avril 2022
Son roman "Sur la route" et sa vie chaotique firent de lui la figure de proue de la Beat Generation.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeMonde
28 novembre 2011
Des années avant Sur la route, Kerouac y décrit son alter ego comme "en révolte contre la société telle qu'elle est". Tous les thèmes favoris de la littérature de la beat generation y sont déjà largement évoqués : The sea is my brother laisse transparaître l'amour de Kerouac pour les voyages, les grands espaces et les pérégrinations sans objectif précis
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (429) Voir plus Ajouter une citation
(ATTENTION ! Le morceau qui suit me paraît fondamental pour comprendre l’œuvre dans son entier. Je vous restitue fidèlement la traduction exacte de Jacques Houbart qui date de 1960, mais cette traduction ne me semble pas géniale, loin s'en faut, surtout la fin. Je vous propose donc à la suite (en exclusivité et parce qu'il faut bien se mouiller un peu de temps en temps) ma propre traduction du même passage, elle aussi fort imparfaite, mais qui me semble un peu plus proche de l'esprit du texte original. Les anglophones, vous me direz ce que vous en pensez.)

Mais alors ils s'en allaient, dansant dans les rues comme des clochedingues, et je traînais derrière eux comme je l'ai fait toute ma vie derrière les gens qui m'intéressent, parce que les seules personnes qui existent pour moi sont les déments, ceux qui ont la démence de vivre, la démence de discourir, la démence d'être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller ni sortir un lieu commun mais qui brûlent, qui brûlent, pareils aux fabuleux feux jaunes des chandelles romaines explosant comme des poêles à frire à travers les étoiles et, au milieu, on voit éclater le bleu du pétard central et chacun fait: "Aaaah!"

They danced down the streets like dingledodies, and I shambled after as I've been doing all my life after people who interest me, because the only people for me are the mad ones, the ones who are mad to live, mad to talk, mad to be saved, desirous of everything at the same time, the ones who never yawn or say a commonplace thing, but burn, burn, burn like fabulous yellow roman candles exploding like spiders across the stars and in the middle you see the blue centerlight pop and everybody goes "Awww!"

Ils descendaient les rues en dansant comme des dingodadets, et je me traînais derrière eux, comme je l'ai fait toute ma vie derrière les gens qui m'intéressent, parce que les seuls êtres pour moi sont les fous, ceux qui vivent comme des fous, qui parlent comme des fous, ceux qui sont fous pour obtenir leur salut, ceux qui sont désireux de tout à la fois, ceux qui jamais ne bâillent ou ne débitent un lieu commun, mais qui au contraire brûlent, brûlent, brûlent, comme les fabuleuses chandelles romaines des feux d'artifices, qui éclatent en formant des araignées jaunes à travers les étoiles, et au beau milieu, vous voyez soudain le bleu du bouquet final et tout le monde fait « Aaah ! »
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Les seuls gens qui existent sont ceux qui ont la démence de vivre, de discourir, d'être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller.

Tel que relevé sur "Les fils de la pensée" https://filsdelapensee.ch/quote/418179
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Ma garce de vie s'est mise à danser devant mes yeux, et j'ai compris que quoi qu'on fasse, au fond, on perd son temps, alors autant choisir la folie.
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J’ai rencontré Neal pas très longtemps après la mort de mon père… Je venais de me remettre d’une grave maladie que je ne raconterai pas en détail, sauf à dire qu’elle était liée à la mort de mon père, justement, et à ce sentiment affreux que tout était mort. Avec l’arrivée de Neal a commencé cette partie de ma vie qu’on pourrait appeler ma vie sur la route. Avant, j’avais toujours rêvé d’aller vers l’Ouest, de voir le pays, j’avais toujours fait de vagues projets, mais sans jamais démarrer, quoi, ce qui s’appelle démarrer. Neal, c’est le type idéal, pour la route, parce que lui, il y est né, sur la route, en 1926, pendant que ses parents traversaient Salt Lake City en bagnole pour aller à Los Angeles. La première fois que j’ai entendu parler de lui, c’était par Hal Chase, qui m’avait montré quelques lettres écrites par lui depuis une maison de correction, dans le Colorado. Ces lettres m’avaient passionné, parce qu’elles demandaient à Hal avec une naïveté attendrissante de tout lui apprendre sur Nietzsche et tous ces trucs intellectuels fabuleux, pour lesquels il était si justement célèbre. À un moment, Allen Ginsberg et moi, on avait parlé de ces lettres, en se demandant si on finirait par faire la connaissance de l’étrange Neal Cassady. Ça remonte loin, à l’époque où Neal n’était pas l’homme qu’il est aujourd’hui, mais un jeune taulard, auréolé de mystère. On a appris qu’il était sorti de sa maison de correction, qu’il débarquait à New York pour la première fois de sa vie ; le bruit courait aussi qu’il avait épousé une fille de seize ans, nommée Louanne. Un jour que je traînais sur le campus de Columbia, Hal et Ed White me disent que Neal vient d’arriver, et qu’il s’est installé chez un gars nommé Bob Malkin, dans une piaule sans eau chaude, à East Harlem, le Harlem hispano. Il était arrivé la veille au soir, et découvrait New York avec Louanne, sa nana, une chouette fille ; ils étaient descendus du Greyhound dans la 50e Rue, et ils avaient cherché un endroit où manger ; c’est comme ça qu’ils s’étaient retrouvés chez Hector, à la cafétéria que Neal considère depuis comme un haut lieu new-yorkais. Ils s’étaient payé un festin de gâteaux et de choux à la crème.
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Je me suis rendu compte que ces clichés, nos enfants les regarderaient un jour avec admiration, en se figurant que leurs parents menaient des vies lisses et rangées, se levaient le matin pour arpenter fièrement les trottoirs de la vie, sans se douter du délire, de la déglingue, de la déjante des réalités de notre existence, de notre nuit, de notre enfer, cauchemar absurde de cette route-là.
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