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Critique de Flaubauski



Dans ce premier roman de Jack Kerouac, l'on passe au fil des pages de The Town – Galloway, petite ville de la Nouvelle-Angleterre, à proximité de Boston – à The City, New York. Dans ce passage d'un lieu à l'autre, que l'on pourrait d'abord imaginer comme un classique désir d'ascension sociale en littérature, l'on assiste au contraire à une forme de déclassement, dans lequel l'accès à la grande ville est tout sauf gage d'une vie meilleure.

Au centre de ce déclassement, une famille de huit enfants, les Martin, que nous suivons à partir des années 1930 jusqu'aux années d'après-guerre : trois filles, cinq garçons – auxquels le narrateur s'intéressera d'ailleurs davantage, une seule des trois soeurs, Liz, prenant une importance au fil du récit – que nous voyons grandir, devenir adultes, ou adolescent pour Mickey, le petit dernier, et qui finissent par suivre des chemins plus ou moins tracés par leurs aptitudes et leurs envies.

Peter, alter ego romanesque de Jack Kerouac, sera celui qui bouleversera bien sûr davantage les normes et les attentes de ses parents, tout en permettant au lecteur de s'échapper du prisme familial pour découvrir un ailleurs, géographique par des voyages en mer, culturel par des amitiés underground new-yorkaises. Alors, certes, lorsqu'on connaît la vie du romancier, l'on se rend compte de la part autobiographique présente dans The Town and The City, mais ce n'est pas à mon sens ce qui importe le plus.

Ce premier roman est en effet, et avant tout, le portrait d'une Amérique en pleine mutation, avec la Seconde Guerre Mondiale comme catalyseur, à cause de laquelle la nouvelle génération ne se retrouve plus dans le monde qu'on lui propose, et qui permettra à la Beat Generation de s'épanouir, tout comme la Première Guerre Mondiale en France avait permis l'avènement du surréalisme.

Portrait sous la forme d'une fresque familiale, malgré tout, et au contraire de la suite des oeuvres de Kerouac, éminemment classique, empli de superbes descriptions de lieux ou de personnages qui lui donnent vie, et dans la lignée d'auteurs américains comme Steinbeck ou Carson McCullers que j'apprécie particulièrement.

En somme, un vrai régal littéraire que je n'oublierai pas de sitôt, même si j'ai trouvé les dialogues parfois artificiels, manquant tout autant de dynamisme que de réalisme.
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