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Critique de migdal


« De Gaulle, stratège au long cours » est le titre étonnant du remarquable ouvrage que François Kersaudy publie, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort du Général, dans la collection « Maitres de Guerre » consacrée aux chefs militaires de la seconde guerre mondiale.

Etonnant, car l'expression « au long cours » évoque traditionnellement la mer … qui n'est pas le terrain de jeu habituel du célèbre fantassin et que les neuf parutions précédentes de cette collection manquent de marins et d'aviateurs (quand les rejoindront les Amiraux Darlan, Dönitz ou Nimitz ?).

Etonnant, mais finalement logique, car cette synthèse, qui se défend d'être une biographie, se focalise sur ses ambitions, ses anticipations et ses décisions, et, après avoir évoqué rapidement (50 pages) la formation, la grande guerre, la captivité et la campagne de Pologne du capitaine De Gaulle, analyse ses théories, ses livres, ses conférences à l'Ecole de Guerre et son long murissement de 1920 à 1940.

Au printemps 1940, le Colonel mène son régiment à la bataille de Montcornet, puis le Général, à titre provisoire, entre au Gouvernement de Paul Reynaud, avant de rejoindre Londres le jour où le Maréchal Pétain devient chef du gouvernement en demande l'armistice. Commence alors l'épopée de la France Libre et l'auteur analyse finement (200 pages) le parcours semé d'embuches de l'été 1940 à l'été 1943, où, à Alger, De Gaulle devient le chef incontesté qui l'été suivant entre à Paris et prend la tête de l'état après s'être imposé sur le front intérieur et sur le front international face à un Roosevelt méfiant et réticent.

Les 25 années suivantes (1945/1970), en 80 pages, survolent la traversée du désert, la guerre d'Algérie, la création de la V République, et les 10 années de Présidence en les inscrivant dans le fil de ses intuitions initiales, notamment l'arme de dissuasion nucléaire, et démontrent ainsi « le long cours ».

L'iconographie, comme toujours dans cette collection, est remarquable. le lecteur y trouve, ou y retrouve, les photos « historiques » qui forgent le « roman national » et une cartographie aussi claire que synthétique. A noter, malgré tout, l'ambiguité de la légende (page 142) désignant la Reine, épouse du Roi Georges VI, comme « reine mère » … L'éditeur Perrin nous offre une mise en page attrayante et simple avec une série de notes insérées lisiblement en bas de page. Ne manque qu'un index des personnages et lieux, hélas, mais cet ouvrage de référence se distingue par sa clarté et sa beauté.

En conclusion, j'ai apprécié cette évocation « au long cours » qui sculpte un des grands personnages de notre histoire avec une indéniable objectivité et une grande hauteur de vue.

Toute comparaison avec ses successeurs serait cruelle, mais l'histoire enseigne qu'à chaque tragédie nationale, la France a toujours engendré celui ou celle qui lui rappelle sa vocation et la rétablit dans sa grandeur.
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