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Critique de BazaR


Ce petit recueil d'extrait du livre de reportages en Afrique de l'Est La piste fauve est mon premier Joseph Kessel. Il ne sera sûrement pas le dernier.

J'ai été complètement emporté, téléporté, par la plume l'auteur qui magnifie les sensations qu'il a éprouvées lors de ses rencontres. Comme le titre l'annonce, on le croirait arrivé dans l'antichambre du paradis.

Il y a des rencontres fugaces avec des peuples presque mythiques : les Pygmées cachés dans la forêt et les Masaï au port d'aristocrate. La noblesse naturelle de ces derniers impressionne énormément Kessel, tout comme elle impressionne les autorités britanniques de l'époque.

Il y a les rencontres avec des européens, comme la soeur de la congrégation du Père de Foucault venue avec quelques collègues instruire et soigner les Pygmées, comme l'Hindou – je pense qu'il voulait dire Indien d'Inde ; il semble y en avoir beaucoup dans le coin – Djouma qui semble connu de tout le monde et est capable de débloquer n'importe quel tracas administratif avec le sourire, comme le chasseur repenti et gardien du parc naturel d'Amboseli, Taberer, encore plus fasciné par l'humeur de l'Afrique que Kessel.

Mais ce sont les descriptions féeriques des paysages qui enflamment l'imagination et distillent les ondes de plaisir de lecture. La délicieuse remontée du Nil Blanc depuis le lac Albert en direction des chutes Murchison, alors que tombe le crépuscule, que se faufile l'eau du fleuve entre les tiges de roseaux, que brillent les yeux des centaines de crocodiles et s'ébrouent les hippopotames. Encore plus magique, le fantastique parc d'Amboseli dominé par la masse du Kilimandjaro, où la forêt le dispute à l'immense plaine et où la vie sauvage et parfois violente se déploie. Une image poignante : la lutte de regard et de fierté entre un éléphant et un rhinocéros, aucun des deux ne voulant céder.
Ces descriptions sont magnifiées par une sensation d'éternité, par cette obligatoire patience qui doit accompagner le visiteur et qui semble toute naturelle aux autochtones, toujours souriant, jamais perturbés quels que soient les obstacles qui parsèment leur route, alors que Joseph Kessel, lui, crise, s'agace, perd ses nerfs, s'épuise.
Puis se calme, regarde, est bouleversé par ce qu'il voit et le transcrit avec des mots merveilleux.

Voilà assurément une découverte coup de coeur. Je ne tarderai pas, j'espère, à approfondir un peu l'oeuvre de Joseph Kessel, et aussi celle de Conrad qu'il cite quelquefois.

PS: je ne résiste pas à associer une image du parc d'Amboseli: https://fr.wikipedia.org/wiki/Parc_national_d%27Amboseli#/media/Fichier:Mount_Kilimandjaro_in_Amboseli_national_park.jpg
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