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Critique de Natiora


Irmgard Keun était une jeune femme quand elle a assisté dans son pays à la montée de l'idéologie nazie et à l'avènement d‘Hitler. Comme le souligne Eric-Emmanuel Schmitt dans la préface de Après minuit, il est frappant de constater à quel point cette femme était lucide sur la situation alors que pour beaucoup de ses compatriotes, il aura fallu quelques années de recul pour comprendre que le pays avait été aveuglé par des propos fallacieux et était allé droit dans le mur. En effet, ce roman a été publié en 1937, alors qu'Hitler n'avait pas encore déployé toute sa perfidie.

Comme d'autres auteurs, Irmgard Keun fut intégrée à la liste noire du parti, qui recensait les écrivains considérés comme dangereux et donc interdits. Après avoir choisi l'exil pour son salut, allant même jusqu'à feindre son suicide pour se faire oublier des autorités, l'écrivain est rentrée en Allemagne sous un autre nom et n'écrivit plus. Ce n'est que tard que sa bibliographie fut redécouverte.

L'histoire de Après minuit se passe à Francfort, en 1936. Suzon est une jeune fille qui pense à des choses de son âge : l'amour, les garçons, passer du temps avec son amie Gerti… Mais son quotidien est empoisonné par une ambiance morose. Sa tante est une militante active du parti et est allée jusqu'à la soupçonner de trahison. Elle s'oppose par ailleurs à l'amour qui unit son fils, Franz, et Suzon. La jeune fille a en conséquence choisi de vivre avec son frère et sa belle-soeur. Mais son frère est un écrivain déchu. Lui qui connaissait un grand succès se voit maintenant contraint d'écrire des niaiseries qui siéent au parti. Et puis il y a Gerti, qui aime Dieter, qui a eu la mauvaise idée de naître d'un père juif… Car le courant antisémite prend de l'ampleur et s'insinue dangereusement dans les esprits. L'état d'esprit de Suzon est l'incompréhension. Comme elle le dit souvent, elle fait semblant de comprendre ou de rire à des choses qui la dépassent totalement.

Pour autant, peut-être est-ce parce que justement, j'ai le recul nécessaire, je n'ai pas trouvé que je lisais le chef-d'oeuvre attendu. La littérature après guerre a produit quantité d'ouvrages sur ce thème autrement plus percutants et immersifs. L'écriture parfois hachée et confuse de Irmgard Keun, qui passe facilement d'une situation à une autre, retranscrit un sentiment de stupeur, de trouble. On peut avoir du mal à suivre le fil des évènements et à comprendre les attitudes des différentes protagonistes.

Malgré tout, ce roman mérite d'être lu et connu ne serait-ce que pour la place qu'il occupe depuis des décennies dans la littérature allemande et pour la lucidité qui s'en dégage.
Lien : http://lejardindenatiora.wor..
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