Cordons

“Qu'est-ce que l'amour si ce n'est la plus dure des drogues ? le corps se met à produire un tsunami de dopamine et d'adrénaline comme une usine folle, et sans prévenir, c'est l'accident. le cerveau baignant dans cette chimie poisseuse surchauffe, et quand l'évidence te frappe, c'est trop tard : tu es tombé amoureux. Tombé, c'est le mot. Tu es au sol, une larve incapable de bouger, de manger, de respirer si ce n'est pas pour cette personne particulière qui devient ton dealer et ta perte.”

Ces quelques phrases qui résonnent d'un écho qui perdure longtemps après la lecture sont pour moi le symbole de ce livre. L'auteur dépeint d'une façon parfois rude, parfois très tendre, cette force insubmersible qui prend possession de nous à la rencontre de cet être unique, pour qui on serait justement prêt à se noyer, à partir sur cette route fracassée sans espoir de retour.
Ce livre est bouleversant. La richesse et la complexité des sentiments y sont décrites d'une façon qui frappe droit au coeur, et qui s'enfonce dans le corps, dans une sorte d'étreinte à la fois douloureuse et sublime.
Les personnages sont très riches psychologiquement, ce qui est quelque chose que j'apprécie particulièrement en tant que lectrice. Leur cohérence interne est profonde, ce qui fait qu'on suit leurs méandres et leur luttes comme s'il s'agissait des siennes.
J'ai particulièrement aimé les passages où ces émotions, cette passion insensée qui gouvernent les deux protagonistes sont décortiquées et exhumées par le faisceau d'une plume d'une maturité stupéfiante. On sent que l'auteur a intimement connu, au creux de sa chair, ces souffrances et ces plaisirs démoniaques qu'il évoque tout le long des pages, ce qui rend la lecture de ce livre à la fois troublante et terriblement viscérale.
Bref, allez-y !

“Plutôt la damnation que le désert mortel de la solitude. Plutôt la douleur cuisante de la faim qu'une existence sans appétit.”