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Critique de gabrielleviszs


Je remercie Jeanne Malysa ainsi que la maison d'éditions ExAequo pour l'envoi de ce livre de leur collection Alcôve. J'ai été tenté d'abord par la couverture sobre, ensuite par le fait que je ne connaissais pas cette maison d'éditions. C'est toujours une joie pour moi de découvrir de nouvelles choses, de nouveaux auteurs, de nouveaux écrits et je dois avouer que je suis très heureuse d'avoir fait une aussi belle découverte.

Andrews Wells, "détective", enquêteur à la Criminelle vit pour deux choses : son travail et sa libido. 30 ans physiquement et toujours 18 dans son esprit. Il aime les rencontres d'un soir, dans un bar, dans les clubs privés où il peut être lui-même. Enfin c'est ce qu'il croit. Choisir le cordon de cuir ne fait de lui qu'un dominant en mal de soumis, non régulier. Il ne veut pas d'attaches, pas de relations longues. Seule Kathryn trouve grâce à ses yeux en tant qu'amie. Une amie de longue date, car il se connaissent depuis le lycée et collègues de travail. Elle est une véritable pépite, pleine de bonne humeur et de sourire et c'est ce qu'il faut à notre héros bougon et mal luné.

Une soirée, celle des anciens lycéens qui se profile à l'horizon, cette saleté de soirée où la plupart attendent avec impatience et d'autres c'est la remontée des souvenirs. Pour Andrews c'est ça : les mauvais souvenirs. Les coups, les brimades parce qu'il était différent : il est gay et cela dérange, même à notre époque. S'il est venu, c'est à cause de Kathryn, elle a réussi à lui soutirer un oui et le voila accoudé au bar dégustant verre sur verre. Encore une soirée où il va vivre un enfer et c'est le cas en deux mots : Milton Montgomery. C'était celui qui a fait de sa vie un enfer, celui qui a commencé par un coup de poing sans savoir pourquoi. Une vengeance, une envie d'avoir Andrews comme bouc émissaire ? Toujours est-il que Milton n'est pas celui que notre détective Wells aurait aimé retrouver. D'ailleurs la soirée ne se termine pas forcément dans la joie et la bonne humeur.

Deux hommes, deux passés difficile à surmonter. le premier est flic, le second psychiatre. Deux mondes qui vont devoir cohabiter afin de traquer un tueur en série. Cette rencontre fait remonter tous les souvenirs et vraiment TOUS ! Milton se souvient de tout ce qu'il lui a fait subir et le pourquoi. Ce pourquoi qui le hante toujours autant, cette demande de pardon qui le travaille depuis plus de quinze ans. Cette recherche de pouvoir donner des excuses le taraude tant, pourtant il faudrait qu'il puisse avoir du temps. Entre l'enquête et les cadavres qui sont laissés au gré du vent, entre Andrews qui ne veut rien entendre et préfère ses coups d'un soir, Milton va ramer, voire couler. La haine est aussi forte que le désir, les esprits s'affrontent, les corps s'attirent pourtant le passé ne cesse de revenir en force et donner ce sentiment de peur. Une peur viscérale de tout perdre, de se laisser aller, d'avoir peut-être quelque chose ou quelqu'un à qui l'on tient vraiment, d'avoir une vraie relation.

Le récit est alterné entre le point de vue d'Andrews et de Milton. Tous les deux ont besoin de faire table rase, mais ce n'est pas évident. Il y a eu des années de souffrance, puis d'oubli, d'enfoncer les souvenirs le plus profondément possible jusqu'à ce qu'ils remontent à la surface pour tout détruire. Ces souvenirs reviennent par flashback qui nous font comprendre à la fois la joie et la douleur ressenti durant ces années, pour les deux. L'enquête n'est que le point des retrouvailles de ces deux hommes, nous ne la suivons que de très loin sans avoir vraiment le mot de la fin. J'avoue que j'aurai bien aimé avoir le dénouement de cette enquête, à part cela dans l'épilogue j'aurai bien avoir un mot sur Kathryn. Épilogue que j'ai beaucoup apprécié car nous avons l'avenir de nos personnages principaux. Autrement, je n'ai rien à redire au niveau de l'écriture. Elle est souple, douce, sensuelle, j'ai pris un grand plaisir à le dévorer ce livre. J'en viens même à regretter le fait que le livre ne soit pas plus long.

Les descriptions des personnages sont justes, jusqu'à cette cicatrice blanche sur le nez d'Andrews, et les lunettes qui cachent son regard. C'est une histoire érotique entre deux hommes. Oui je sais certain vont me regarder en me disant, quoi ? Tu as aimé ? Eh oui, pour tout un tas de raisons. Déjà l'écriture qui est imagée juste comme il faut, pas de vulgarité, pas de mot cru à tout bout de champs comme on peut lire dans certain récits. Les scènes intimes sont longues niveau page et pourtant elles passent très vite. Sans avoir besoin de parler de l'abeille qui passe de fleur en fleur, l'auteur capte notre attention avec de belles descriptions, des émotions, des sentiments purs. C'est le charme de l'écriture qui donne ce frisson d'envie : celle de connaître ce qu'ils vont découvrir. La sensualité parcourt les pages, même lorsque notre détective Wells va d'amant en amant dans des recoins reculés de Londres. La souffrance qui émane de certaines pages est palpable, tout comme le besoin de ressentir l'étreinte dont il a besoin.

Les deux personnages ont un passé commun, violent, douloureux, intrusif. le présent de chacun est à la fois douloureux par ce biais, mais également par le fait qu'il faudrait de la confiance et cette dernière se mérite. Les questions qu'ils se posent sont naturelles. et si Milton était revenu pour continuer à pourrir la vie d'Andrews ? Et si Andrews se vengeait une fois de plus d'une autre manière ? Entre les deux hommes, c'est un combat de chaque instant, pour avoir le pouvoir sur l'autre : celui d'obliger l'autre à rester, à moins que ce ne soit l'inverse. L'auteur a basé son histoire sur ce passif et les caractères des personnages qui sont toujours en souffrance. J'utilise beaucoup ces mots : douleur, souffrance, difficile, mais le récit n'en est rien. Il développe les sentiments dans ce contexte pour pouvoir mieux les apprécier. le mot amour est inconcevable pour notre détective Wells et il faudra plus que de la patience pour l'en convaincre.

Le récit n'est pas uniquement sur eux d'eux, les thèmes abordés sont forts. Nous avons le pardon qui est difficile à donner tout comme les excuses difficile à accepter ; le fait que deux hommes (ou deux femmes) puissent être amoureux dérangent toujours un certain nombre de personnes ; le besoin d'être vu autrement, d'avoir ce pouvoir sur un autre, d'être regardé alors qu'il domine. L'acceptation de soi est également un thème récurent dans le texte : être capable de s'aimer, de s'apprécier pour pouvoir aimer un autre, être capable d'évoluer pour être meilleur pour soi d'abord, pour l'être aimé ensuite. C'est un ensemble qui mit bout à bout donne une sérénité une fois le livre terminé. En conclusion, j'ai adoré suivre ces personnages qui étaient plus proches de personne que de simples mots sur du papier, en plus la plume de l'auteur est tellement passionnante qu'il est difficile de résister. J'ai hâte qu'un jour une nouvelle histoire voit le jour de ses doigts.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/cordons-gabriel-kevlec-a203934098
Lien : http://chroniqueslivresques...
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