AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Davalian


Dieu n'habite pas La Havane a pu bénéficier depuis sa sortie d'une certaine couverture médiatique. Il est difficile de se balader en ville, sans apercevoir une publicité ici ou là. Il faut dire aussi que Yasmina Khadra jouit d'une certaine notoriété. C'est donc avec une certaine surprise que j'ai pu recevoir il y quelques jours ce livre dans ma boîte aux lettres à la suite de l'édition de la rentrée 2016 de Masse critique. Merci à Babelio !

Le premier contact laisse perplexe. le prix éditeur est plutôt dissuasif. Il s'agit d'une beau livre, qui a fait l'objet d'une édition soignée avec une mise en page de qualité. Sauf qu'après un examen un peu plus approfondi le format du livre assez ramassé étonne. Puis c'est au tour du nombre de pages d'interroger. Un peu moins de 300 pages, seulement ? Encore faut-il préciser que la police est de taille confortable et les pages plutôt petites. Pour finir, la couverture extérieure (fort bien conçue au demeurant) mise de côté, le livre se révèle dans une forme bien plus simple.

Le style de l'auteur est son point fort. Elle a du talent et nous le démontre. Dès les premières pages, nous voilà embarqués pour un voyage vers Cuba et il va être difficile de décrocher. Les heures filent, le confort offert par le livre aidant, l'immersion est totale. le plus souvent épuré mais parfois un peu plus complexe, le texte s'adresse au grand public.

A Cuba, le voyage se poursuit progressivement : l'on peut vraiment avoir l'impression d'y être. L'ambiance est ici maîtrisée, nous plongeant dans un univers bien particulier. Il va surtout être question de musique. C'est d'ailleurs un peu dommage que cette approche soit aussi restrictive. Certes il y a quelques voyages sur l'île, quelques références ici ou là aux plages, au rhum et aux cigares, mais tout cela reste très superficiel.

Dans un premier, Juan, don Fuego, suscite un élan de sympathie. Suivre son récit est un plaisir, d'autant que la narration indirecte renforce encore l'immersion. Mais au bout d'un moment l'on ne peut que prendre de la distance et ressentir une exaspération grandissante envers le protagoniste. La galerie de personnages secondaires est assez impressionnante pour un récit aussi court. Cette variété est la preuve d'une imagination fertile, même s'il faut bien reconnaître que certaines psychologies et évolutions restent sommaires ou convenues.

L'intrigue est plutôt décevante. Elle met beaucoup trop de temps à entrer dans le vif du sujet. Une première partie assez descriptive peut être jugée trop longue. Pourtant il s'agit là du meilleur moment du roman. La quatrième de couverture est certes tentante, mais elle en dit trop entraînant un niveau d'exigence élevé. La deuxième partie est poussive et inintéressante. Nous voilà partis pour une histoire amoureuse (celle qui est annoncée), il était (presque) temps ! La dernière partie compte une soixantaine de pages. Un coup de théâtre, des surprises et nous voilà fort occupés. Encore faut-il reconnaître que le capital sympathie de Juan est alors sérieusement entamé.

De manière très générale, le roman est badigeonné de plusieurs couches de conformiste. L'auteure ne nous épargne ni les critiques du capitalisme, ni celles adressées au régime castriste. Bien entendu, elle glisse également quelques piques ici ou là à l'encontre de l'incurie des dirigeants et de certains fonctionnaires, du côté sans-gêne des touristes... Son approche du récit est également profondément consternante. L'aboutissement de la romance déçoit. Tout ça pour en arriver là ?! Et pour bien forcer le trait un discours moralisateur vient encore gâcher le plaisir alors même que quelques questions restent sans réponse.

Au final, voici donc un roman qui doit tout à son univers et au talent d'écriture de son écrivaine. Ce supplément d'âme est ici le petit plus qui peut amener à nous pencher sur ce roman. Il parvient à compenser la déception ambiante.
Commenter  J’apprécie          245



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}