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Critique de nanek


nanek
02 novembre 2020
Juan del Monte, la soixantaine déclinante, alias Don Fuego, un brin mégalo et narcisse passionné de musique cubaine, porte un regard nostalgique sur sa carrière de chanteur de cabaret.
Le prestige suranné du Buena Vista Cafe où il officie son art ne permet plus de résister contre les à coup du capitalisme, érodant le flamboyant d'antan. Juan est désormais un crooner pour touristes et midinettes hors d'âges.
Sa passion pour la musique doit se réinventer hors des planches du Buena Vista car le cabaret est vendu à des investisseurs privés américains.
Il loge en famille élargie, dans un quartier de la Havane, avec sa soeur ainée, son beauf dépressif et une ribambelle de neveux et nièces.
Il doit réinventer sa vie, c'est l'occasion d'errer dans la ville au charme désuet afin de réactiver ses réseaux artistiques, ses amitiés anciennes délaissées du temps où travailler était une passion.
Confronté à la loi du marché capitaliste, les relents d'espionnage d'état et la chape des contrôles de laissés passés, Juan fait face à la honte, ment la vérité pour ne pas l'accepter et s'appuie sur un optimiste aveugle
Il philosophe avec son ami et voisin Panchito, un trompettiste de légende marginalisé lui aussi, accompagné de son chien alcoolique Orféo.
Le sacrifice de son mariage au profit de son travail, l'éloignement de ses enfants Ricardo et Isabel lui renvoi en miroir cette place d'étranger à leurs yeux.
Sa famille se rappelle à lui après ses années d'égoïsme passionné. Son fils et ses rêves de jeunesse, son ex toujours amoureuse, sa fille l'attendant silencieusement.
Puis c'est la rencontre avec Mayensi, une jeune femme à la beauté aveuglante. Rencontre d'une étoile crépusculaire et d'une étoile filante, elle aussi tourmenté par une histoire traumatique, insondable et aux comportements d'une bête atteinte de rage, extrêmement défensive.
Il endosse ce rôle de dompteur passionné qui doit évoluer sur des oeufs pour ne pas voir disparaitre cette femme qui lui redonne l'espoir de redorer son lustre d'antan empoussiéré. Aveuglé par l'amour, il s'accroche à celui-ci puis se laisse couler jusqu'à la noyade dans l'irrationnel.
Je tairai la fin, mais celle-ci ponctue plutôt efficacement ce livre d'un de mes auteurs favoris qui je dois l'avouer, et dans la lignée de nombreuses critiques, n'est pas le plus efficace de Yasmina khadra.
Il y a un peu de l'atmosphère de l'Olympe des infortunes, je trouve. Une certaine langueur, alliée à des réflexions philosophiques qui laisse la trame en arrière-plan, rendant l'accroche moins incisive. L'écriture de ses déambulations cubaine reste plaisante à parcourir.

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