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Critique de Nastie92


"Je m'appelle Turambo et, à l'aube, on viendra me chercher." Et vu ce qui suit, on comprend très vite qu'on ne va pas l'emmener en promenade Turambo.
C'est à l'échafaud qu'on l'emmène.
Quelle entrée en matière ! Yasmina Khadra ne perd pas une seconde et nous plonge tout de suite dans le vif du sujet. Les quatorze pages de l'introduction sont percutantes, brillantes, saisissantes.
S'ensuit un long flashback dans lequel Turambo raconte sa vie. Et quelle vie !
La vie de Turambo n'est pas un long fleuve tranquille, loin s'en faut. Certaines personnes sont douées pour le bonheur, elles enchaînent les heureuses coïncidences, tout leur sourit. Pour Turambo, c'est tout le contraire.
Comme pour bien signifier qu'il sera sans arrêt le jouet des éléments et des hommes, qu'il ne maîtrisera rien dans sa vie, Yasmina Khadra n'a même pas donné de nom à son héros : Turambo est le surnom qu'un boutiquier lui a donné car c'est le nom du village dont il est originaire.
Le lecteur ne peut que s'attacher à ce personnage qui ne possède même pas ce que tout être humain, même le plus démuni, possède : un nom. D'autant plus qu'il n'a pas grand-chose d'autre.
Il est attachant ce Turambo dans sa quête de réussite sociale, sa quête d'amour, sa quête de gloire. Pur et naïf, il est une victime facile : victime du sort et victime de personnes sans scrupules.
Il essaie de toutes ses forces de s'élever, mais ses efforts ne sont jamais payés en retour : Turambo retombe invariablement, jusqu'à la chute finale.
Yasmina Khadra est un auteur que j'aime particulièrement. J'aime le lire et j'aime entendre ses interventions télévisées ; il y a, je trouve, une grande intelligence dans ses propos.
Les anges meurent de nos blessures est un roman surprenant. S'il paraît à première vue plus léger que d'autres ouvrages du même auteur tels que L'attentat ou Les hirondelles de Kaboul, sa force est certaine, et il laissera en moi une trace durable.
Au-delà du héros, Yasmina Khadra a mis en scène une belle galerie de personnages : DeStefano l'entraîneur de boxe, l'ami Gino, le grand amour Irène, l'infâme Zane ("De l'avis d'un marabout, lorsque Zane rendra l'âme en gardant ses péchés, il n'ira ni en enfer ni au paradis puisque le Seigneur niera en bloc l'avoir créé.") et bien d'autres.
Le tout dans l'Algérie coloniale des années trente, dont l'auteur nous donne un bel aperçu.
Un beau tableau, un beau roman.
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