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Critique de fanfanouche24


Un grand choc que ce livre... qui curieusement, alors que le sujet est "abominablement" sombre, qui ne parle quasiment que de la mort, s'infiltrant partout... reste un texte combatif, d'une vitalité rare exprimée à travers un humour corrosif, mais aussi par des fulgurances poétiques, d'instants de répit [ si rares... qu'être en vie prend une valeur
démultipliée ..]

Dans mes dernières lectures,je me disperse aux 4 coins de la planète, entre la Chine, l'Inde, l'Algérie et cette fois, la Syrie !...
Je fais connaissance pour la première fois avec cet écrivain syrien, Khaled Khalifa.

Un humour acide...Une fratrie de 3 enfants doit enterrer leur père, selon ses dernières volontés, aux confins d'un pays, en guerre ! Et nous verrons, ce n'est pas une mince affaire !!
Une sorte de "MISSION IMPOSSIBLE" !...où les obstacles s'ajoutent sans fin, où la fratrie passe par tout un éventail d'émotions et de sentiments ambivalents, les uns envers les autres !

Des frères et des soeurs qui n'ont pas eu l'occasion de se retrouver réunis depuis une éternité...
Chacun , selon sa sensibilité réagit fort différemment à l'événement, et ne sont pas tous d'accord pour respecter les dernières volontés de leur père !

Une sorte de farce macabre, où le transport de la dépouille paternelle et son enterrement sont le prétexte d'une radioscopie du pays en guerre...où la vie et la mort n'ont plus la même valeur... Lorsque je caractérisais l'humour de cet écrivain d'acide, je pensais à sa manière de parler de LA MORT omniprésente....où rester en vie tient quotidiennement du miracle !

"Au cours des derniers mois, plus personne ne se posait de questions sur la mort et sur ce qui l'avait causée. Il était de notoriété publique qu'on pouvait mourir sous les bombardements, sous la torture dans les lieux de rétention, après un enlèvement pour exiger une rançon, ou victime de la balle d'un franc-tireur, sinon au combat. Mais mourir de tristesse ou mourir par défection du corps était devenu rare. La mort qui ne suscitait pas la colère était suspecte." (p. 49)

Cet ouvrage raconte avec une fausse neutralité la vie quotidienne dans un pays, en état de siège constant, depuis un grand nombre d'années...où la population survit comme elle peut, alors que les assassinats de la population civile sont légion, mourir de mort naturelle devient même suspect !!.


Un écrit des plus sobres, épuré pour dire l'horreur de la guerre, de la barbarie et de la mort omniprésente.....Même au milieu des bombardements, restent toujours l'espoir, les histoires d'amour....la poésie, le courage, la solidarité...

Sur la lancée de cette chronique, une envie d'établir une sélection personnelle de littérature syrienne...que je méconnais totalement. Je crois, sans hésitation, que c'est le premier écrivain syrien que je lis ! A la fois pour me familiariser un tant soit peu avec l'histoire de ce pays, et pour tenter de comprendre la tragédie qui perdure en Syrie, depuis de si longues années !

Un roman qui frappe droit au coeur, car il n'y a aucun pathos, aucune once de larmoiement, l'ensemble du récit s'en trouve renforcé dans son propos....

"Tu as besoin de bonté et de compassion pour ne pas être confronté à toi-même, et devoir reconnaître la dure vérité. Se préserver d'une mort absurde est un devoir autant sacré qu'égoïste." (...)
La mort en période de guerre est aveugle, elle ne prend pas le temps de regarder ses victimes. (p. 124)

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