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Critique de chriselis


Soufiane KHALOUA : La vallée des Lazhars (Agullo)

Deux familles ennemies depuis toujours, les Ayami et les Hokbani, agricultrices, habitant une vallée aride marocaine dont elles se partagent chacune un versant près de la frontière avec l'Algérie ; une jeune homme de 20 ans, Amir Ayami, né en France où il vit et étudie, fils d'un émigré de la 1ère génération, et qui revient avec son père en vacances dans la famille pour la 1ère fois depuis six années à l'occasion du mariage de sa cousine (Ayami) avec un Hokbani ; Une rencontre avec une jeune fille du clan Hokbani et par laquelle il sera subjugué dès le premier regard ; les retrouvailles avec son cousin Haroun adoré et admiré, son complice de vacances lorsqu'ils n'étaient encore que des adolescents ; une haine ancestrale et viscérale entre les deux clans, que plus personne ne peut expliquer, mais curieusement entretenue par cela même qui aurait permis de la conjurer : le devoir d'hospitalité.

Le narrateur, Amir Ayami, devenu âgé s'adresse à sa petite-fille, pour lui raconter l'histoire d'Haroun Ayami , et lui transmettre une partie de l'histoire familiale; mais c'est bel et bien son histoire à lui que nous allons vivre tout au long de notre lecture.

Par une succession d'« allers-retours » entre les réminiscences du passé de l'adolescent et le vécu en direct du jeune homme de 20 ans qu'il est devenu depuis les 6 dernières années, Amir va trouver un chemin semé d'embûches, un parcours sinueux au long duquel il va chercher à comprendre les relations entre les clans et entre les membres de sa famille, la vie, la mort, la naissance d'un amour, la passion, la réparation, la désillusion. Ce séjour va marquer son passage vers sa vie d'adulte.

À la fois observateur et acteur, et à travers l'histoire dramatique de la naissance de son cousin Haroun, Il va chercher petit à petit à comprendre quelle est sa place propre entre ses racines et son avenir, où il se situe dans sa « lignée ».

Les thèmes universels de la filiation, des rapports des générations entre elles, de la notion d'appartenance au clan, du droit de fuir et de s'émanciper, ou bien le besoin de se réintégrer dans sa communauté d'origine sans en posséder vraiment ni les codes ni la langue, comment trouver un équilibre entre « faire partie de » et « être extérieur à », réussir à vivre entre deux mondes complètement différents.

C'est un roman fort, d'une écriture fluide et constante où suinte à la fois des sentiments d'étouffement (chaleur, sécheresse, fond de la vallée) et d'ennui de la vie qui passe, toujours renouvelée à l'identique où rien ne semble évoluer pour les protagonistes, et à la fois, une abondance d'événements extrêmement denses et déterminants pour l'avenir de ces deux communautés ainsi que pour le narrateur.

Les personnages bien que durs et sévères sont attachants par leur fierté et par les valeurs humaines qu'ils placent haut sans jamais être arrogants, par le foisonnement des sentiments d'amour et de haine qui les habitent et qui signent l'attachement qu'ils ressentent malgré tout, les uns pour les autres.
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