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Critique de DragonLyre


le titre laissait envisager une ambiance un peu déjantée, un roman détonant et décalé… et ma foi, c'est bien l'impression que m'a donnée cette lecture !

Il ne faut pas s'attendre à un grand scénario ni à des personnages très recherchés. Leurs traits de caractère sont grossis jusqu'à devenir caricaturaux. Ainsi, Régis, le concierge, est persuadé que les dirigeants de différents pays prendront le temps de répondre à ses courriers. Mama Rose est d'origine africaine et bien en chair ; elle se donne pour mission de nourrir tout le quartier avec ses petits plats fort peu diététiques, et de prendre tout le monde dans ses bras, même les plus récalcitrants. Mimosa, la fleuriste un peu naïve et effacée, côtoie Mireille, une femme de la génération de Léonce mais qui prend la vie à l'opposé de cette dernière. Il reste Chicano, le vieil ex-plombier macho et mal léché, dont le discours grossier est compensé par l'arrivée d'Arsène, cet élégant retraité que Léonce cherche à croiser tous les jours à la boulangerie depuis leur première rencontre.

Ondine Khayat verse dans la satire, elle pointe du doigt la vision que notre société a des personnes âgées. Et pourtant, le ton reste très léger et la narration se décline dans un style assez oral. Debout les vieux ! est un roman très prenant ; on tourne les pages avec un sourire mi-amusé mi-attristé pour cette mamie râleuse. le lecteur découvre petit à petit pourquoi elle vit si mal sa mise à la retraite, l'entreprise de couture qui l'embauchait l'ayant déjà gardée bien plus longtemps que ne le demande la loi. Léonce est veuve et sa fille a rompu tout contact avec elle depuis des années. Sans son travail, Léonce ne trouve plus de but, de raison de se lever le matin. On suit ses déambulations hypocondriaques, mais n'agit-elle pas ainsi par volonté de trouver une cause physique à son mal-être psychologique, plutôt que par réelle volonté de savoir la mort proche pour lui éviter de végéter trop longtemps ? Ou tout simplement, pour ces quelques instants de discussion ouverte avec son médecin, de précieuses minutes volées dans une journée de solitude et de désoeuvrement ?

Là où l'histoire devient comique, c'est que Léonce est têtue et bornée. Fière comme un pou, elle refuse de revenir sur ses positions ou d'avouer sa souffrance, sa détresse, à ses voisins. Alors petit à petit, elle s'enfonce… mais elle ne perd pas une seule once de sa verve ! Son sens de la répartie et ses sarcasmes implacables font d'elle un personnage très pittoresque et haut en couleurs. Pas de répit, même pas avec les enfants qu'elle fait parfois fuir en pleurant ! Son salut pourrait cependant bien venir de l'un d'eux : Slimane (qui prend quelques fois la place du narrateur), un pré-adolescent dont la jeunesse a été ternie par les violences et le deuil, mais qui rayonne au quotidien dans la cité. Les autres habitants de la Résidence des Mouettes prendront régulièrement le relais pour venir à bout de la récalcitrante et lui montrer que même à la retraite, la vie vaut largement la peine d'être vécue. Et qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire !

La conclusion de cette histoire, aussi amusante que pertinente en plein « Papy Boom », est certes très rose et idyllique, mais l'ensemble garde toute sa fraîcheur et son intérêt malgré tout. Ondine Khayat exacerbe ici sa positivité pour nous offrir une fable juste et moderne, qui nous fait rire et nous met du baume au coeur.
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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