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Critique de OverTheMoonWithBooks


Deuxième génération aurait pu être un énième ouvrage qui relate les évènements de la Shoah et de la vie après la Shoah. Mais il n'en est rien.

Pour cette bande dessinée, Michel Kichka s'est inspiré de sa propre vie, et de celle de son père, un rescapé des camps et de la marche de la mort.
Ce que j'ai trouvé particulièrement bien fait, c'est le fait d'avoir exposé les difficultés des deux "partis. D'un côté les fantômes et les difficultés à reprendre une vie "ordinaire" des survivants, mais aussi leurs nombreuses frustrations : les études, le froid, la faim, les difficultés à exprimer son affection et à transmettre. Transmettre, oui, c'est le rôle des parents avec leur enfants, mais dans ce cas précis, que peut-on transmettre ? La mort ? C'est pourquoi il est impératif pour le chef de la famille Kichka de prendre sa revanche sur "les Boches" (termes presque anachronique puisqu'il a surtout été utilisé pendant la Première Guerre mondiale).

En réalité, l'auteur montre très bien que ce désir effréné de revanche par la voie familiale donne une lourde responsabilité à la deuxième génération qui porte cet héritage malgré elle. Michel Kichka se souvient, par exemple, d'un moment de sa vie où il était amoureux d'une goy. Mais oh malheur ! Quel impie ! Il briserait le 11ème Commandement : "Contribuer à repeupler la Terre de petits juifs tu devras".
Ce poids devient vite trop lourd à porter sur les frêles épaules d'enfants et d'adolescents qui n'ont pas demander à avoir la Shoah comme membre invisible (et envahissant) de la famille. Cette culpabilisation (plus ou moins) involontaire amène une inversion des rôles : ce sont les enfants qui cherchent à protéger leurs parents ! A ne rien dire pour ne pas les contrarier. A ne pas répondre aux phrases assassines du père qui dit à son fils qui ose se plaindre lorsqu'il est malade : mais comment aurais-tu survis dans le camp ! le constat est donc sans appel : la seule fautes de ces enfants, c'est de ne pas avoir subi les atrocités de cette période.

Et finalement, c'est bien l'écrit (BD ou roman) qui aide à combattre ce silence qui règne et qui est le fruit pourri de l'incapacité à exprimer ses douleurs et à les partager avec ses proches.

A découvrir !
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