Je devais admettre que flirter me paraissait toujours étrange. Parler de choses intimes, de choses qui avaient lieu au lit, peau contre peau et entre deux baisers essoufflés. Mais ma gêne fut chassée par la chaleur, le lien que nous avions. Le regard de Brady était incertain, mais ses lèvres frémirent, et son visage se fit plein d’espoir.
Rencontrer un ex était toujours étrange. Et encore plus quand j’apprenais que l’ex en question m’avait servi à manger toute la soirée. Mais je n’aurais jamais pu deviner qu’il s’était passé quelque chose entre eux. Ce n’était pas comme si je bouillonnais soudain de jalousie. Je ne savais simplement pas quoi répondre.
Mes propres doigts se mirent à trembler alors que j’essayais de déboutonner la sienne. Quand j’y arrivai enfin, je penchai la tête pour déposer une pluie de baisers sur sa peau exposée. C’était comme si j’étais en feu, comme si quelque chose m’inondait d’un désir désespéré. J’avais envie de Brady ; de sa force et de son énergie malicieuse. J’avais envie que ses cheveux soigneusement peignés s’ébouriffent sous mes doigts, que ses lèvres magnifiques gonflent sous mes baisers, que son désir assombrisse les profondeurs de ses yeux chocolat. J’avais besoin de cela ; de me sentir vivant, de sentir Brady répondre à la moindre de mes caresses.
Nos langues se mêlèrent, et la pression brûlante de ses lèvres sur les miennes se transforma en halètement affamé de désir, en frisson d’excitation alors que nos corps se fondaient l’un dans l’autre.
Nous étions ceux qui répertoriaient les mythes modernes qui seraient lus au prochain millénaire. Je ne savais pas quelle proportion de ce qu’il disait était vraie, et quelle proportion n’était qu’une simple fable romantique, mais cela avait donné à ma vie tranquille une impression de grandeur.
Il était une fois, j’avais fait partie des peintres rupestres. Mais à présent, j’avais perdu l’étincelle nécessaire pour transformer l’encre et la couleur en quelque chose de significatif. Mon travail n’avait plus rien de romantique, plus d’âme.
La vie est une question d’équilibre... Se faire plaisir n’est marrant que si l’on compense en étant raisonnable.
— J’aimerais pouvoir te peindre, murmurai-je, et il sourit.
J’étais sincère. Si j’avais eu de la peinture en cet instant, pour saisir la manière dont ses cheveux retombaient sur son front, ses ondulations dorées qui encadraient des yeux expressifs, sa mâchoire assez puissante pour supporter tous les baisers, tous les mots murmurés, ses lèvres qui m’attiraient vers elles encore et encore, l’élégance de ses mouvements, l’éclat de sa peau inondée de soleil, j’aurais tout arrêté. Je me serais noyé dans sa beauté, encore et encore, jusqu’à ce que mes mains saignent de ses couleurs.
je ne pense pas que l’aimer et le perdre veut dire que tu dois mourir aussi, Quinn. Je ne vais pas faire comme si je savais ce que ça fait, ce que tu ressens, et je ne vais pas te faire un discours débile sur ce qu’il voudrait. Honnêtement, je l’ignore. Tout ce que je peux dire...
Il inclina légèrement la tête pour trouver mon regard et le soutenir, avec une tendresse et une intensité telles que j’eus immédiatement envie de détourner les yeux à nouveau.
— … c’est que je pense que tu en vaux la peine. Je pense que tu vaux la peine qu’on mange tes pancakes déformés, qu’on t’apporte de la soupe les jours de pluie et qu’on te prête des écharpes. D’accord ?