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Critique de gruz


Un bond d'une quarantaine d'années en avant, pas si loin de nous. Un monde qui nous est un peu étranger, mais pas tant que ça, ces quelques décennies ne suffisent pas à nous faire perdre totalement nos repères.
Un terrain de réflexion qui nous permet de prendre un certain recul sur la situation actuelle, tout en participant à cette projection réaliste.
Premier constat, et premier intérêt, à la différence de beaucoup d'auteurs, Ewoud Kieft ne dépeint pas un monde effondré. Les crises économiques sont passées par là, elles ont chamboulé la société, mais le facteur majeur de changement est l'omniprésence de l'Intelligence Artificielle.
Évidemment, on pense à 1984, sauf que cette société-là est moins totalitaire, davantage tournée vers le bien-être. Mais surveillée, épiée à chaque instant, pour le « bien » de chacun.
Chaque personne possède une IA qui lui sert d'assistante de vie. de confidente aussi, comme si vous aviez une amie proche dans votre tête, à qui dévoiler vos pensées les plus intimes.
La singularité du roman vient du fait que c'est Gena, l'IA de Cas, qui parle. Qui raconte ce qui s'est passé. Avec froideur mais également avec une certaine dose d'humanité assez déstabilisante. Comme si elle avait une sorte de « conscience » bien à elle.
Cas, le personnage principal, est un jeune homme qui a de vraies difficultés à trouver sa place, à interagir. Il préfère se confier à Gena, et se noyer dans des mondes et des jeu artificiels.
Jusqu'au jour où Cas se rapproche des Imparfaits, les rares personnes qui refusent l'évolution du monde et vivent en totale marginalité.
Voilà le genre de roman d'anticipation qui nous questionne. Qui nous fait nous pencher sur cette évolution (inéducable ?), assez subtilement.
Il faut dire que le livre tient autant du conte philosophique que du roman fictionnel. le cursus de l'auteur, historien, n'est sans doute pas étranger à la manière de présenter les choses au lecteur.
Cette société de demain a lissé le quotidien, les émotions trop fortes sont gommées, tout comme la capacité à se gérer soi-même. Une culture de l'abandon où, à force de se confier à son IA, on se coupe des autres.
Le questionnement du rapport à autrui est intéressant. Cette déshumanisation subtile est vraiment bien pensée.
Dommage que l'auteur néerlandais oublie un peu trop souvent qu'il faut aussi raconter une histoire et qu'il la perd parfois en chemin. Elle m'a semblé bien trop délayée dans ces pages qui voient l'IA se questionner sur ses éventuelles erreurs. C'est bien dommage, j'ai du coup trouvé certains passages trop longs, un peu répétitifs et parfois dispensables.
Les imparfaits est un roman d'anticipation tout en ambivalence, un peu froid dans son approche, mais qui titille la curiosité par l'approche intéressante de ce futur à portée de mains.
Ewoud Kieft a bien réfléchi son monde.
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