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Critique de Emnia


Emnia
12 septembre 2018
India Morgan Phelps – Imp –, peintre, auteure à ses heures perdues et schizophrène, tient un journal dans lequel elle retrace l'histoire de son obsession pour Eva Canning, une femme étrange qu'elle a découverte nue sur le bord d'une route en juillet, ou peut-être en novembre… Autour et à cause de cette obsession, la vie d'India et sa santé mentale s'effritent et s'effondrent : sa relation amoureuse avec Abalyn, son traitement et suivi psychologique qu'elle ne parvient plus à assurer, son emploi qu'elle perd. le style, confus, digressif, transcrit l'état d'esprit de la narratrice qui sait ne pas pouvoir se fier à sa mémoire mais n'a malgré tout que ses souvenirs auxquels s'accrocher.


L'art a une place cruciale dans le récit : d'abord la toile The Drowning Girl de Saltonstall, un peintre américain de la fin du XIXe influencé par le préraphaélisme, puis les oeuvres contemporaines malsaines d'Albert Perrault, mettant en scène le Dahlia Noir et le Petit Chaperon rouge. L'un des tours de force de ce roman va être la construction du personnage d'Eva Canning par le biais d'une part de la confusion qui s'opère chez India entre Eva et les sujets de ces oeuvres, et d'autre part de la genèse des oeuvres que l'on découvre à travers les recherches d'India ; et ainsi de la coïncidence entre un regard subjectif délirant et des faits objectifs qui, contre toute attente, vont venir à l'appui de ce délire.


The Drowning Girl (La Fille qui se noie en VF) est un dédale ponctué de visions et de créatures surnaturelles dans lequel il faut accepter de se perdre. Il faut accepter, pour en apprécier la lecture, que deux versions d'une première rencontre, se déroulant l'une en été, l'autre à la fin de l'automne, puissent coexister ; accepter qu'une femme puisse être tout à la fois sirène et louve. Si le récit peut sembler un inextricable écheveau, l'auteur, avec une habilité étonnante et tout en maintenant le trouble et l'hésitation propres au fantastique, y révèle entre les lignes, un fil après l'autre, une explication rationnelle, que d'aucuns, peut-être, trouveront cruelle, mais en laissant le choix au lecteur d'y adhérer ou non.


Plusieurs nouvelles de Kiernan, que l'on retrouve dans les deux volumes de son best-of, prolongent l'univers du roman. Dans le premier volume, « The Road of Pins » évoque Albert Perrault, le Petit Chaperon rouge et la Bête du Gévaudan, et « Houses Under the Sea » le personnage trouble de Jacova Angevine. Dans le second, la nouvelle « The Mermaid of the Contrete Ocean », un long entretien entre un journaliste et un ancien modèle autour de l'origine d'un tableau, a quant à elle trouvé par la suite sa place dans le roman.
Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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