Pour moi , vivre , c’est me faire oublier
J'aurais voulu lui parler du bruit des étoiles, la nuit. Lui expliquer comment elles faisaient cliqueter en cadence ces mots dans ma tête : « Marche, Ombre, marche. Tu vois l'horizon blanc plein de promesses ? Tu entends la lune lointaine fredonner son chant de séduction ? Elle dit, marche, marche, marche... »
J'aurais voulu lui dire les voix du silence qui parlait à mon coeur. Les voix du vent et de l'eau, du soleil et de l'ombre. Chaque pierre, chaque rocher, chuchotait : « Va. » Le désert lointain, scintillant d'un million de minuscules cristaux de feu blanc, criait : « Viens. » Comment pouvais-je les ignorer ?
Dans les yeux de mon frère il n'y avait toujours aucun signe de reconnaissance de ma présence. Ce n'était pas nécessaire. Tout avait commencé ainsi, c'était ainsi que cela finirait et nous préfèrions qu'il en soit ainsi. Nous avions retrouvé notre ancienne camaraderie, quand nous partions ensemble à la chasse. À une différence près. C'était Argile qui me suivait.