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EAN : 9782954930343
204 pages
Scylla (25/04/2015)
3.83/5   30 notes
Résumé :

Sur Roche-Nuée, atoll de corail blanc qui, depuis que la mer s'est retirée, se dresse comme un énorme champignon au milieu d'un désert de sel, les êtres comme moi n'ont pas droit à l'existence. Je suis un nain de sexe indéterminé, un indésiré, et ce n'est que par un caprice de mon frère aîné que je n'ai pas été jeté à ma naissance du haut de la falaise. Pour moi, vivre, c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Un bon moment d'ethno-SF digeste ...

Ce roman est à classer dans le genre post-apocalyptique .

Les civilisations que nous connaissons , se sont effondrées de longue date , il n'en reste pas de traces et ce : à perte de vue ....
Le fait marquant pour ce qui concerne l'univers de Roche-nuée , est que les océans ont disparus alors que de petites communautés vivent ici , au sommet d'une ancienne île , perdue au milieu " des terres salées " alors que d'autres vivent plus loin encore ...

Cet univers où les terres émergées que nous connaissons se trouvent perdues en des altitudes extrêmes est déroutant .
De plus ces plateaux sont perdus au-dessus des plaines de sel elles même redoutables et qui s'étendent à perte de vue ....

Deux petites communautés aux tabous bien ancrés et perchées sur un de ces toits du monde , depuis aussi longtemps que ce monde existe , donc pour eux depuis toujours , vivent selon des rituels et des habitudes très figées ...

Un jour un marginal extrême ( un exclu ) viendra bouleverser cet édifice en refusant de subir passivement sa condition en obligeant involontairement les autres acteurs de ce récit à réagir et à réfléchir au règles en tentant de les observer.

Ce texte mobilise des paysages assez somptueux , il mobilise des affects assez intenses et dont beaucoup sont subtils et nuancés .
Il y a aussi un drame qui se joue entre deux frères , il y a de l'amour contrarié .. ..

C'est bien écrit , bien agencé et très légèrement teinté de naïveté . Nous sommes plongés dans un monde palpable grâce à une narration efficace à la première personne .
Les paysages .. l'histoire .. les mythes et coutumes sont évocateurs et leur présence est forte et indiscutable .
Ils sont digestes et crédibles .

C'est également assez riche comme d'analyse de sentiments nuancés ( haine , amour , colère ) et puis c'est un texte qui porte aussi sur la façon dont le changement s'impose subtilement dans une société très cadrée , très figée et réglées sur des coutumes contraignantes ...

C'est par ailleurs très agréable pour l'amateur d'univers de voire , et de découvrir , tout ce pays où l'on se balade en suivant les personnages principaux alors que l'on en espérait pas tant ..
Ce détail est à souligner car l'auteur nous surprend en effet en nous faisant quitter assez brutalement , ce petit univers très circonscrit et très solidement mis en place ..

De fait nous avons le plaisir au grés de cette lecture , de découvrir ce qui se trouve au-delà de la ligne d'horizon , en bas ....

C'est un bon moment d'ethno-SF , rendu très accessible et ludique par un style simple ( pas simpliste ) et par une plongée dans un univers réaliste et attachant ..

Pas de quoi se pâmer , rien qui soit absolument transcendantal mais : Je l'ai dévoré en une soirée ..
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Je vais vous parler de deux parties du livre: le contenu (ce qu'on lit) et le contenant (l'édition).

1) le livre est très étonnant car il présente un peuple qui a nos plus gros tabous inversés: un matriarcat qui, en plus de tuer les enfants handicapés, pratique le cannibalisme et l'inceste (entre adultes) en tant que règles morales et religieuses.
Cela m'a beaucoup désorientée et mis mal à l'aise, mais ça a contribué à m'immerger dans le roman en forçant à adopter un point de vue inhabituel. Il faut un petit moment pour rentrer dans ce monde post-apocalyptique (pas "fraîchement" après une apocalypse, mais des centaines ou des milliers d'années après) qui pourrait sembler pré-historique.
Le regard du personnage principal sur lui-même est vraiment intéressant, ainsi que celui qu'il porte sur son peuple et son monde. Un autre personnage vers la fin du livre viendra nous aider dans la mise en relief de notre regard porté sur son regard (Mecal, je crois, qui a une position d'ethnologue).
Le contenu est donc à la fois très original, intéressant, bien écrit et suscitant de nombreuses réflexion.

2) le travail d'édition est la première chose qui m'a marquée: il est vraiment très soigné. La couverture est aussi libérée des mots que possible (en lien avec ce peuple qui n'a pas l'écriture), les illustrations extérieures et intérieures évoquent les peintures rupestres et reposent la question de l'ombre, de l'Ombre, qui nous interpelle dans le contenu du livre. le papier de la couverture est doux, et elle a deux volets pliés à l'intérieur.
Le papier intérieur est légèrement crème, un peu gonflé, légèrement gaufré, avec une bonne tenue.
J'ai eu le livre gratuitement avec une Masse Critique mais il est marqué une valeur de 15€ à l'intérieur du livre et j'ai été étonnée d'un prix si bas pour une édition aussi réussie.
C'est devenu tellement rare de voir un tel soin apporté à la globalité du livre que je n'ai pu que remarquer la qualité incroyable du travail d'édition. Bravo!
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"Roche-nuée" (Cloudrock, 1988) est un roman d'éthno-science-fiction, écrit par Garry Kilworth et publié par Scylla.
Il m'a été généreusement offert lors de l'opération Masse Critique Mauvais Genres, et je remercie donc à la fois Babelio et les charmantes éditions Scylla, auxquelles je venais de me frotter avec le génial "BIenvenue à Sturkeyville".

On atterrit ici dans un drôle de récit, à la frontière de nombreux genres, ce qui me fait aborder la classification large d'ethno-SF, mais nous y reviendrons. On y suit des tribus précaires, quasiment néolithiques, vivant sur une espèce de plateau rocheux en altitude (le fameux roche-nuée). Deux tribus occupent les lieux, la tribu "Jour" chassant et menant son quotidien sous le soleil et habitant des yourtes, et la tribu "Nuit" qui elle répond de l'éclat lunaire et vit dans des grottes. Les deux tribus, bien qu'étant parfaitement similaire à l'aune du spécisme, ne se parlent pas et s'ignorent autant que faire se peut. Chaque tribu est asservie à la religion du Dieu Rouge, perceptible dans les éclats crépusculaires du ciel, et répond à des rites assez particuliers: on ne se reproduit qu'avec sa famille (donnant lieu à des "mères-épouses" ou "frère-époux"), les femmes mangent le corps des cadavres pour leur donner l'accès au paradis et enfin, on jette du haut du rocher les "indésirés", enfants nés avec un quelconque handicap physique. Vous vous en doutez, c'est assez fréquent.
Ce sort cruel fut évité à notre narrateur, qu'on nommera "Ombre", nain de sexe indéterminé, sauvé de la chute mortelle par un caprice de son frère. S'il est encore vivant, on ne le considère cependant que comme une ombre et on ignore son existence.
Des évènements vont venir bousculer ce statu quo et permettre à Ombre de s'émanciper et accéder, enfin, à la lumière qui définit jusqu'à la raison-même de son existence.

"Roche-Nuée" est un roman particulièrement intéressant par son travail de fond. Evidemment, tout ce récit n'est ici que pour discuter des "cultures", au sens large du thème recoupant les religions, les rites et les coutumes sociétales. Par son émancipation et la reconnaissance de sa propre humanité, Ombre va questionner à ses dépends un système qui apparait au fil des pages comme absurde et cruel. Et donc de venir discuter ce qui fonde en elle-même une culture et la nécessité de la remettre en question. C'est pourquoi l'appellation d'ethno-SF est ici plutôt loyale. Car il est difficile par ailleurs de savoir si dans les faits, nous sommes dans une ambiance post-apocalyptique (une humanité dévastée s'étant reconstruite par endroit de façon primale, sorte de "régression sociétale post-apo" assez classique lorsque la fresque temporelle est longue) ou bien dans une SF néolithique.
Si le style de Kilworth est à la hauteur, fluide et parfois lyrique, il me sera difficile néanmoins de vous décrire ce récit comme un long discours enjoué. Si l'émancipation d'Ombre a quelque chose de vraiment "portant", je n'ai pas réussi à me défaire d'un certain malaise à la lecture de ce récit (c'est bien volontaire) et d'une désorientation narrative assez malvenue.

"Roche-Nuée' est un roman intelligent, à favoriser pour les amateurs d'ethno-SF curieux et exigeants. Finalement très propre sur le papier, ce roman implique un certain intellectualisme, qui même s'il est recouvert d'un style agréable, viendra plomber quelque peu le récit.
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Une histoire originale d'un peuple à la fois préhistorique et évolué, archaïque et doué d'une forte connexion à la terre et au vivant, replié sur lui-même et dans le même temps capable, malgré ses fortes croyances, de s'ouvrir au monde. Cette dichotomie aurait pu être le vrai point fort du livre si cela n'en devenait pas complétement invraisemblable. le genre est déjà difficile à a définir : post-apocalyptique, dystopique, science-fiction, fantasy, roman ethnologique? Un peu de tout ça et au final un peu de rien. le style narratif ne colle vraiment pas avec les valeurs et le mode de vie du peuple en question: trop bien écrit, trop détaillé, trop comparatif avec des modes de vie qui ne devraient pas être connus des membres de cette tribu... du coup on se dit qu'à un moment ils vont être confrontés à d'autres peuples et d'autres croyances pour pouvoir sans cesse y faire référence. Et donc cela gâche le plaisir du lecteur qui devine ce qui va se passer... et qui attend donc impatiemment des rebondissements. Quels rebondissements? Une pseudo histoire d'amour, une pseudo guerre, des pseudo fuites (beaucoup d'hésitations dans la prise de décision des personnages), des pseudo retrouvailles. Bref on attend encore les évènements qui auraient pu, finalement, faire de ce livre un roman d'aventure. Difficile également de croire au personnage principal qui 'd'ombre' devient leader De La Famille, en passant par toute une gamme de comportements allant de la pure soumission à la négociation diplomatique. Sans compter que ce qui aurait dû nous horrifier (inceste, cannibalisme) n'arrive même pas à nous faire tressaillir. Bon, sincèrement j'ai trouvé cette lecture laborieuse et j'en suis désolée car j'espérais beaucoup de ce petit roman au thème alléchant (vous reprendrez bien un petit os humain?).

Je remercie Babelio et les Éditions Scylla pour ce roman reçu dans le cadre d'une Masse Critique.
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Un peu fable avec ses thèmes et sa visée moralisante, un peu conte avec son parcours initiatique, Roche-Nuée de Garry Kilworth est tout cela en même temps, et peut-être plus encore.

Dans ce court récit plongé dans un univers préhistorique sur fond ethnologique, nous suivons de près les agissements d'un personnage singulier nommé Ombre, et, par la même occasion, les évènements marquant le basculement d'une époque pour la tribu à laquelle il appartient.

Puisqu'on l'apprend dès la première page, autant le dire tout de suite : le nain Ombre (qui a reconnu en lui le bossu du film 300 ?) est un anti-héros : un indésiré sur Roche-Nuée, humilié sinon ignoré. le reste du roman développe surtout le thème de la tolérance à la différence et à la difformité. D'autres thèmes sont abordés comme l'inceste, l'amour et l'amitié.

Je n'ai pas vraiment été séduit par cette histoire.
L'écriture est agréable, fluide, évocatrice-ce-qu'il-faut. Peut-être est-ce un problème de rythme ou d'intrigue. L'impression que je retiens est celle d'une plate succession d'évènements, comme si le texte avait été fait d'une phrase unique.

Les personnages ne sont pas attachants. Peu crédibles, trop naïfs. Même Ombre, qui semble au début se démarquer par son intelligence, a des réactions souvent puériles (il reste un enfant…).

Certaines scènes sont également peu crédibles. On sent parfois les contorsions qu'a entrainées le choix du point de vue subjectif à travers le journal de bord tenu par Ombre.
Le monde de Roche-Nuée est beau, je me le suis représenté sans problème. En revanche, certains aspects sont à peine évoqués, comme la caste des agriculteurs. Il est également fait mention d'objets métalliques (par exemple une grille servant à la cuisson), or il semble n'y avoir aucun corps de métier lié au travail du métal.

Je n'ai pas davantage été sensible au riche travail métaphorique autour de l'ombre, récurrent dans l'histoire. Au moins permet-il de donner à la pirouette finale – assez logique – une certaine consistance.

Évidemment, comme dans toute fable, l'essentiel reste le message : le rapport à la différence, à la difformité. Pour ma part, j'ai été bien plus touché par ce qu'en dit Blandine le Callet dans La Ballade de Lila K, où elle y consacre un chapitre. L'art de susciter des émotions n'y est peut-être pas étranger.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Pour moi , vivre , c’est me faire oublier
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J'aurais voulu lui parler du bruit des étoiles, la nuit. Lui expliquer comment elles faisaient cliqueter en cadence ces mots dans ma tête : « Marche, Ombre, marche. Tu vois l'horizon blanc plein de promesses ? Tu entends la lune lointaine fredonner son chant de séduction ? Elle dit, marche, marche, marche... »
J'aurais voulu lui dire les voix du silence qui parlait à mon coeur. Les voix du vent et de l'eau, du soleil et de l'ombre. Chaque pierre, chaque rocher, chuchotait : « Va. » Le désert lointain, scintillant d'un million de minuscules cristaux de feu blanc, criait : « Viens. » Comment pouvais-je les ignorer ?
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Dans les yeux de mon frère il n'y avait toujours aucun signe de reconnaissance de ma présence. Ce n'était pas nécessaire. Tout avait commencé ainsi, c'était ainsi que cela finirait et nous préfèrions qu'il en soit ainsi. Nous avions retrouvé notre ancienne camaraderie, quand nous partions ensemble à la chasse. À une différence près. C'était Argile qui me suivait.
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