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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Harbinger Renegade Volume 2: Massacre de Rafer Roberts & Darick Robertson, et à Secret Weapons d'Eric Heisserer & Raúl Allén. Il est préférable de les avoir lus avant, mais pas indispensable car le tome comprend une introduction rappelant les faits essentiels, ainsi qu'une présentation des principaux personnages permettant de suivre tous les enjeux, avec une connaissance minimale préalable de l'univers partagé Valiant. Il contient les épisodes Harbinger Wars 2: Prelude, les 4 épisodes de la minisérie Harbinger Wars 2 (en abrégé HW2), ainsi que HW: Aftermath, initialement parus en 2018. Matt Kindt a écrit les 4 épisodes de la minisérie, ainsi que le numéro Aftermath. L'épisode Prelude a été écrit par Eric Heisserer, dessiné par Raúl Allén et Patricia Martin, avec l'aide de Borja Pindado. Les épisodes de HW2 ont été dessinés par Tomás Giorello (épisodes 1 à 4), avec Renato Guedes (épisodes 2 à 4), et mise en couleurs réalisée par Diego Rodriguez. L'épisode Aftermath a été dessiné par Adam Pollina, avec une mise en couleurs de Diego Rodriguez. Ce tome comprend également les couvertures originales de Raúl Allén (Prelude, Aftermath) et JG Jones (HW2 1 à 4), ainsi que les couvertures variantes de Cary Nord, Khari Evans, Felipe Massafera (*3), Mico Suayan (*3), Tomás Giorello, Juan Rosé Ryp, Lewis Larosa.

À Los Angeles en Californie, Amanda McKee entre dans le café Sérénité et peut enfin jouir d'un moment calme, sans être assaillie par toutes les informations transitant par des appareils électroniques. Elle est abordée par l'agent Blake Newsome qui lui indique qu'elle est attendue par le directeur Martin. Elle accepte de se rendre au rendez-vous. Sur place, il lui demande où sont les psiots dont elle assure la protection : Nicole, Owen, Avichal. Ils sont en train d'emménager dans une maison à Austin au Texas. Suite à une agression d'une équipe du directeur envers ses protégés, Amanda McKee décide de riposter : elle coupe le courant sur le continent nord-américain, de manière unilatérale.

À Juarez, au Mexique, Peter Stanchek active les pouvoirs d'un psiot jeune adolescent. Il s'enfuit aussitôt après, car il est traqué par Snowbeard et la fondation Harbinger qui a implanté un traceur dans son cerveau. Aux États-Unis, les citoyens souffrent de la panne généralisée de courant électrique, ainsi que de la destruction des satellites qui continuent de tomber vers la Terre. Dans l'espace, X-O Manowar est en train d'intervenir pour en récupérer quelques-uns et empêcher leur chute. Il a été recruté par l'organisation GATE (Global Agency for Threat Excision), commandée par la colonel Jamie Capshaw à bord du vaisseau volant Loveboat qui n'a pas souffert de la panne de courant. Il a également dû faire face au major Charlie Palmer, disposant de superpouvoirs (un à la fois) grâce à sa connexion avec le programme HARD Corps. X-O Manowar a pu rencontrer Livewire en tête à tête dans la forêt Redwood en Californie. Les protégés de Livewire ont pu rejoindre les Renégats (Kris Hathaway, Faith, Torque et Animalia) dans une autre maison sécurisée. Il reste encore à Amanda McKee à convaincre Ninjak (Colin Wilson) et Bloodshot (Ray Garrison) du bienfondé de son sabotage à l'échelle nationale, et que le gouvernement américain doit négocier les conditions de vie des psiots sur son territoire.

Le titre de ce tome fait bien sûr référence à Harbinger Wars Volume 1 (2013), conçu par Duane Swierczynski et Joshua Dysart, écrit et dialogué par Dysart qui était alors le scénariste de la série Harbinger, mettant en scène Peter Stanchek. D'ailleurs cette deuxième série de guerres commence par une page rappelant beaucoup la première page du premier épisode de ladite série Harbinger, avec Amanda McKee assaillie de toute part par des communications omniprésentes, en lieu et place de Peter Stanchek assailli de toute part par des pensées qu'il ne savait pas bloquer. Eric Heissener et Raúl Allén réalisent un prologue très impressionnant. Les dessins sont propres sur eux, descriptifs et détaillés, avec une mise en page conçue pour chaque séquence, du dessin en pleine page montrant Amanda McKee enveloppée par la foule, aux cases de la largeur de la page pour montrer la fuite des psiots, en passant par 2 pages en vis-à-vis comprenant chacune 16 cases lorsque McKee peut à nouveau consacrer son attention aux détails. le scénariste doit accomplir un objectif délicat : montrer l'enchaînement de situations qui amène Livewire à saboter un pays entier. Il atteint son objectif, en restant intelligible pour les lecteurs néophytes, en donnant un minimum de personnalité à chaque protagoniste, en montrant comment Amanda McKee se trouve aculée, sans autre possibilité d'action que de capituler, ou de contre-attaquer de manière spectaculaire. Même s'il reste estomaqué par l'ampleur du désastre occasionné par McKee, le lecteur se retrouve convaincu de son acte par les enjeux auxquels elle doit faire face. Mission accomplie, l'équilibre des pouvoirs est rompu et l'antagonisme entre humains et psiotiques entre dans une phase de guerre ouverte.

C'est au tour de Matt Kindt d'entrer en jeu pour écrire cet événement ayant des répercussions dans toutes les séries Valiant. Il doit donc faire en sorte de rappeler qu'il s'agit d'un univers partagé en impliquant les principaux personnages. Ils sont presque tous là de X-O Manowar à Faith Herbert, en passant par Tama (Geomancer). S'il s'amuse à faire l'appel, le lecteur se rend compte que le scénariste a opéré des choix et qu'on est loin du compte pour rassembler tous les superhéros (à commencer par Gilad Anni Padda). Toutefois, il ne fait pas les choses à moitié et il prend à coeur de faire honneur au titre. Il n'est pas là pour développer les personnages, ou creuser leur personnalité. le titre annonce une guerre et elle a bien lieu sur différents champs de bataille. À l'évidence, même dans un univers fictif, il n'est pas question que les gouvernements et les militaires restent sans réaction face à ce qui s'apparente à un acte terroriste de grande ampleur.

De fait, l'action de Livewire évoque l'attaque de Magneto contre un sous-marin, toute proportion gardée et la crainte, voire la peur, que suscitent les psiotiques s'apparente à la haine anti-mutants dans l'univers Marvel. Contre toute attente, Matt Kindt réussit quand même à présenter les choses sous un angle original, car il n'est pas handicapé par des décennies de continuité, avec quelques répétitions en cours de route. Il se focalise sur la formation d'alliances, plus ou moins évidentes, plus ou moins faciles (un ancien amant de McKee travaillant pour un gouvernement), ainsi que sur les différentes batailles qui conservent une taille gérable. Il montre clairement dans quel camp se situe son coeur, mais en même temps il est difficile de condamner les intentions du gouvernement américain. Par contre, il est facile de condamner les actions de ceux mènent la guerre sur le terrain, à commencer par le major Charlie Palmer. Il sait aussi montrer le prix psychologique à payer par Amanda McKee, à la fois pour les conséquences de son sabotage, à la fois parce qu'elle ne voit pas d'autre issue qu'une guerre ouverte. Ses face-à-face avec d'autres superhéros (à commencer par Aric de Dacie) permettent d'établir la singularité de sa position, ainsi que la validité de ses motivations.

Pour illustrer cet événement fédérateur, les responsables éditoriaux ont fait appel à deux valeurs sûres ayant déjà travaillé pour Valiant : Tomás Giorello & Renato Guedes. le premier de ces artistes réalise des dessins avec plus d'informations visuelles dans les cases, qu'à son habitude. L'influence de Gene Colan dans les postures et les mouvements de ses personnages n'est plus aussi manifeste, mais il sait toujours donner de l'allant à leurs déplacements, à leurs gestes. Il sait donner de la prestance aux superhéros, faire en sorte qu'ils en imposent physiquement, que ce soit X-O Manowar ou Bloodshot. Il montre des lieux avec assez de caractéristiques pour que le lecteur puisse s'y projeter. Il sait prendre du recul pour montrer l'ampleur des destructions occasionnées par Livewire, ou lors des affrontements. le lecteur se retrouve au milieu de l'action qui est spectaculaire à souhait. Renato Guedes réalise quelques pages par épisodes, avec illustrations plus réalistes, parfois presque photoréalistes. En conséquence, les personnages deviennent plus touchants dans leurs inquiétudes ou leurs souffrances. Les décors deviennent plus palpables, avec parfois un écart qui se produit lors de l'utilisation de superpouvoirs qui appartiennent du coup à une autre forme de réalité.

Matt Kindt a pu bénéficier d'un cinquième épisode pour écrire son épilogue, établissant bien sûr le nouveau statu quo pour Livewire, posant ainsi les bases de sa future série à suivre dans Livewire Volume 1: Fugitive de Vita Ayala & Raúl Allén. Il positionne également un autre personnage central de l'univers partagé Valiant dans une nouvelle situation. Adam Pollina réalise des dessins tout aussi descriptifs et méticuleux que Raúl Allén, avec le même degré de détails, un peu plus de textures, et des prises de vue un peu moins imaginatives.

L'ensemble de l'équipe de créateurs met du coeur à l'ouvrage pour réaliser une histoire qui soit à la hauteur du titre. Les batailles ont bien lieu, et l'antagonisme est justifié par une volonté de contrôler, ou sinon d'éradiquer une minorité. Les artistes sont à la hauteur du défi de d'insuffler du rythme à ce récit brassant de nombreux personnages, et à rendre compte de l'ampleur des affrontements. le tout constitue une lecture dans ce genre très codifié de l'événement spectaculaire. Il aurait peut-être été meilleur ou indispensable si Matt Kindt avait su insuffler plus de personnalité aux protagonistes au travers des dialogues.
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