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Critique de SMadJ


"Revival" de Stephen King - La chronique qui s'est pris un coup de jus !

Un roman foudroyant ! Peut-être un des plus flippants de l'auteur. On l'ouvre avec l’envie pressante de le déflorer et on le referme électrisé, se disant qu'on n'est pas prêt de trouver le sommeil de sitôt.

Le titre "Revival" est très riche, il peut évoquer à la fois la renaissance, la résurrection du corps ou de l'âme, la réparation, ou bien un renouveau, un retour à un courant musical ou un regain d'intérêt pour une époque passée.
"Dans un contexte chrétien, le terme revival désigne généralement une période spécifique de reviviscence spirituelle dans la vie de l'Église." Les Revival religieux sont monnaie courante aux États-Unis.
Et la grande maestria du King c'est que toutes ces possibilités évoquées par le titre vont se retrouver dans son roman.

D'ailleurs, Stephen King paie son tribut (revival ?) aux auteurs qui l'ont inspiré : Lovecraft, Stoker, Bloch, Arthur Machen et surtout Mary Shelley, la maman du roman fondateur qu'est "Frankenstein" (ça vous dit quelque la chose la renaissance de sa créature ?).

De cet hommage, il crée une œuvre à la fois sociale et spirituelle. Ce roman est un questionnement sur la religion. Sa légitimité, son utilité et sa finalité. Il en dresse, à travers l'un de ses protagonistes, le pasteur Charles Jacobs, un portrait accablant et terrifiant.
Stephen King donne de sérieux coups de pieds dans le ventre de la religion. À ses bateleurs comme à ses gogos qui la suivent aveuglément, à la manière d'un spectacle de fête foraine auquel le King fait de grands parallèles en citant à plusieurs reprises, pour le plus grand bonheur de ses fans, un de ses livres précédents, "Joyland".

Il n'y a pas qu'à "Joyland" à qui l'auteur fait un clin d'œil. Il s'auto-cite même. Le temps d'une phrase piquée à son "Docteur Sleep" : "La vie est une roue et elle revient toujours à son point de départ". Terrifiant, je vous dis.

Comme toujours, en plus d’un talent incontestable de conteur de génie, c'est le travail apporté sur ses personnages qui est le tour de force de chacun des livres du Maitre. Celui-ci ne déroge pas à la règle. Les deux principaux protagonistes que ce soit le "bon" pasteur Jacobs ou l'enfant Jamie Morton ainsi que leur destin commun, liés sur près de cinquante années, sont fouillé, nourris, incarnés. C'est de la matière littéraire lumineuse qui s'anime et prend vie avec le style et la plume délicate de l'auteur.
C'est aussi une certaine histoire du Rock que le King nous raconte, celle de la sueur, des larmes, de la rébellion et de la drogue. Celle qui des années 60 à nos jours grave l'âme de ceux qui ont un cœur de rocker.

Un grand King alors ? Pas si vite !

Le livre met du temps à démarrer, le fantastique n'arrivant que très lentement, par petites touches parcimonieuses. Donc, il est possible que le début te rebute, oh toi ami lecteur, mais ne te laisse donc pas décourager, ce serait passer à côté d'un bouquin magistralement écrit. Je ne ferai justement pas le bateleur de foire en te disant que c'est son meilleur, ce n'est pas le cas. Mais si tu te laisses embarquer, la fin du voyage te promet de fortes sensations, du genre de celles qui posent leur empreinte indélébile sur ton âme.

Le King a une plume d'or semblable au joueur de flûte de Hamelin ; ses lecteurs, hypnotisés par le son de ses mots et les rythmes lancinants de ses phrases, le suivront aveuglement jusqu'aux tréfonds de la rivière. 3,5/5

Lien : http://cestcontagieux.com/20..
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