AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Gwen21


J'avais promis de redonner sa chance à Stephen King après le cuisant échec de notre première rencontre via le recueil de nouvelles « Juste avant le crépuscule », alors voilà, c'est chose faite.

Il semble que la meilleure méthode à appliquer pour mettre toutes les chances de mon côté ait été de puiser dans les vieux pots du « King » pour y dénicher la meilleure soupe*. Avec « Shining », j'ai en effet pu saisir avec plus d'acuité la substantifique moelle du travail d'écrivain du « roi de l'épouvante » et ainsi mieux comprendre le lien magnétique qui l'aimante à son public depuis déjà plusieurs décennies.

Comme dans un bon blockbuster, tous les ingrédients sont réunis : un héros névrosé, une héroïne gracile mais combative, et un enfant de la bouche duquel sort fatalement la vérité. Ajoutez à cela un vieux palace désert et hanté aux proportions soviétiques, complètement coupé du monde par un hiver rigoureux au coeur des Rocheuses. Pimentez d'un zeste de folie due à un alcoolisme larvé couplé à un complexe de médiocrité tout à fait justifié et vous obtenez un bon roman haletant où le suspense est omniprésent, la violence à la fois latente et fulgurante, le fantastique à portée de main, la psychologie fouillée quoiqu'assez stéréotypée et une ambiance de huis-clos oppressante qui vous fait vite préférer la lecture en journée plutôt qu'avant de vous coucher.

Une part obscure de ma personnalité a aimé ce roman d'abord parce qu'il me renvoyait à ma propre histoire. Non, je vous arrête tout de suite, je n'ai jamais été poursuivie par un maniaque au maillet dans les couloirs interminables d'un vieil hôtel moquetté du sol au plafond mais quand, il y a dix ans, jeune femme au bord de la crise de nerfs, j'ai fui Paris pour m'enterrer vivante dans la campagne bourguignonne et suis passée en quelques heures du XVème arrondissement à un bourg de 35 habitants (vaches incluses), je n'en menais pas tellement plus large que Wendy.

-- Avertissement, là, je raconte un peu ma vie --
C'était l'hiver aussi, je ne connaissais personne, j'arrivais en terrain vierge pour tout redémarrer de zéro et j'avais réussi à obtenir de loger six mois dans la maison de campagne d'un couple de Parisiens avec pour mission de chauffer la baraque et d'éviter ainsi que les tuyaux gèlent. A 23 ans, je me suis donc retrouvée seule, isolée, sur un plateau de Langres balayé par les vents et la neige et avec pour défi quotidien de chauffer 200 m² avec un poêle Godin de maison de poupée n'acceptant que des bûches de 20 cm. Avec 0° dans ma chambre, emmitouflée jusqu'au front dans un plaid et ravitaillée pendant plusieurs semaines par les pompiers qui m'avaient ordonné de déblayer une allée entre ma porte et la route, je me suis souvent fait quelques films, surtout quand la vieille maison se mettait à résonner de mille et un bruits impossibles à identifier !

Donc, c'est d'abord pour cette raison égoïste que j'ai aimé ce roman.

-- Là, je vous reparle du roman—
Je reconnais volontiers à l'auteur une belle capacité à construire une atmosphère propre à faire frissonner son lecteur même si, c'est dommage, j'ai compris le sens de TROMAL dès que j'ai lu le mot. Au début de ma lecture, je me suis étonnée qu'il faille presque 600 pages pour raconter un huis-clos et j'ai un peu redouté l'ennui mais ce ne fut pas le cas, les pages se tournant très vite. Je qualifierais le style de Stephen King de « facile et efficace », ce n'est pas de la grande littérature mais c'est parfois reposant et bienfaisant de se laisser aller à découvrir d'autres univers sans se prendre la tête. Une seule chose m'a semblé peu crédible : l'âge de Danny. 5 ans, c'est vraiment jeune ; un héros d'une dizaine d'années m'aurait peut-être davantage convaincue.

Je serais ravie de mettre la main sur l'adaptation cinématographique de Kubrick car je ne doute pas que son sens unique de l'esthétisme ait auréolé de talent un tel roman.

*Selon les us, certains diraient plutôt que « c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures » mais la version de la soupe me semble plus proche de ce que j'ai ressenti à ma lecture. Sans vouloir forcer sur la péjoration, même si ce roman m'a divertie, je ne suis pas prête à lui vouer un culte, avec tout le respect que je dois aux aficionados.
Commenter  J’apprécie          655



Ont apprécié cette critique (52)voir plus




{* *}