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EAN : 9782253151623
576 pages
Le Livre de Poche (24/10/2007)
  Existe en édition audio
4.29/5   6923 notes
Résumé :
Situé dans les montagnes Rocheuses, l’Overlook Palace passe pour être l’un des plus beaux lieux du monde. Confort, luxe, volupté…
L’hiver, l’hôtel est fermé.
Coupé du monde par le froid et la neige. Alors, seul l’habite un gardien.
Celui qui a été engagé cet hiver-là s’appelle Jack Torrance: c’est un alcoolique, un écrivain raté, qui tente d’échapper au désespoir. Avec lui vivent sa femme, Wendy, et leur enfant, Danny.
Danny qui possède l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (556) Voir plus Ajouter une critique
4,29

sur 6923 notes
(Et s'il y avait une petite note discordante et une bonne dose de provoc au milieu de ce concert d'éloges, hein, qu'en dites-vous ?...)
Ne riez pas ! Je n'avais aucun Stephen King dans ma bibliothèque avant de me faire offrir Shining par JC Lattès et l'entremise de Babelio dans le cadre de Masse Critique. C'est un peu la honte, hein ?

Pourtant, j'ai toujours fait beaucoup d'efforts afin d'être fière un jour, au soir de ma misérable vie, de ma petite bibliothèque murale mais jusqu'à présent je n'avais toujours vu briller qu'un seul King, celui qui avait l'âme d'un lutteur, mon cher Martin.
Alors, grand merci donc à Jean-Claude Lattès et à Babelio d'avoir comblé ce manque.

Quand j'interroge autour de moi, je m'aperçois que je dois être une des rares ignares à n'avoir point visionné l'adaptation de Shining par Stanley Kubrick. En revanche, j'ai vu il y a quelques années un film qui s'appelait Sixième Sens, avec Bruce Willis, que j'avais vraiment bien aimé et que la lecture de Shining m'a beaucoup rappelé.

Bon, ce n'est peut-être pas tout à fait un hasard si depuis toutes les années que je lis et que je rencontre des lecteurs, mon curriculum de lectures n'avait jamais encore croisé la ligne verte des bouquins de Stephen King.

C'est vrai que ce n'est pas du tout mon style et je vais essayer de décrire ce que ressent un lecteur ou une lectrice tels que moi, c'est-à-dire plutôt hermétique du bocal pour ce qui est des genres fantastique et horreur.

Je trouve ce roman mu d'une belle efficacité de narration et pour la première moitié de l'ouvrage, je l'ai trouvé plutôt agréable voire très agréable à lire.

Bien évidemment, et c'est la petite critique que je fais également aux diverses ramifications du genre policier, c'est beaucoup plus un scénario qu'une écriture véritable, mais je n'ai pas l'intention de m'embarquer une nouvelle fois sur ce terrain que j'ai déjà largement foulé avec mes critiques des bouquins de Dennis Lehane.

Dès le début, notamment par les incrustations de phrases en italique on sent que le scénario est très construit et qu'on va retomber sur nos pieds tôt ou tard et comprendre toutes ces petites allusions étranges qui tranchent avec la situation du moment.

Le côté psychologique est très présent dans une bonne partie du livre et les trois protagonistes principaux (le mari, la femme, le fils) auxquels on pourrait peut-être adjoindre le cuisinier Hallorann, sont très bien dépeints d'un point de vue psychique. Je n'irai pas jusqu'à écrire " finement dépeints ", mais avec un certain brio.

J'ai bien aimé aussi le fait que Stephen King élève un lieu, ici un grand hôtel de luxe perdu dans les Montagnes Rocheuses du Colorado, au rang de véritable personnage principal, pour ne pas dire le vrai héros de l'histoire. L'Overlook, vieil hôtel ayant vu passer pas mal de grand monde et les dépravations qui vont avec est une figure intéressante qui n'est pas sans me rappeler certaines nouvelles De Maupassant, lui aussi très sensible aux lieux " habités " par l'âme de ceux qui y ont vécu.

Si je dois résumer les points forts de l'ouvrage, ils tiennent selon moi en la bonne qualité de narration de l'auteur, en l'épaisseur psychologique de la triade familiale et en l'élévation au rang de personnage à part entière de ce vieil hôtel cossu.

Pour le reste, je suis loin d'avoir goûté les " subtilités " auxquelles Stephen King nous soumet. Mais, puisque je suis bien lunée aujourd'hui, avant d'aborder les sujets qui fâchent, je m'en vais poser quelque peu le décor, pour les quelques ignorants, dont je faisais encore partie il y a quelques jours, qui n'ont jamais ouï parler du synopsis.

Jack Torrance est un écrivaillon potentiellement prometteur, mais aussi et surtout un alcoolique doublé d'un caractériel hyperviolent qui, sur un pétage de boulon, peut s'acharner sur des membres de sa famille ou d'autres personnes qui l'auront trop contrarié. C'est d'ailleurs suite à l'une de ces bastonnades en règle que Jack a perdu son travail d'enseignant.

Sa femme Wendy a souvent été à deux doigts de le quitter, mais depuis qu'il a fait l'effort surhumain pour lui de ne plus toucher à une goutte d'alcool, elle veut encore croire à son couple et lui donne une nouvelle chance de la surprendre dans le bon sens du terme.

Leur fils, Danny, est un petit bonhomme de cinq ans, personnage capital du récit, celui-là même qui donne son titre au roman (titre original The Shining, L'Enfant Lumière, plus tard rogné simplement en Shining). Cet enfant semble doué de capacités extrasensorielles d'un type très spécial puisqu'il est capable de sonder les pensées des êtres, ainsi que de voir tant dans le passé que dans l'avenir. (Je vous avoue que c'est là que je commence à un peu décrocher quand je lis des trucs comme ça.)

Jack, donc, lamentablement remercié suite au lynchage d'un étudiant, peine à retrouver un job quand son ancien copain de beuverie, Al, lui propose un emploi honnête et peinard, être gardien d'un hôtel de montagne qui n'est ouvert qu'en saison estivale et qui doit juste être surveillé et entretenu durant le rigoureux hiver des Rocheuses.

Cet isolement et cette tranquillité devrait lui assurer suffisamment de temps libre pour se consacrer à l'écriture et terminer enfin la pièce commencée depuis trop longtemps. Jack et Wendy espèrent aussi que ceci leur permettra de resserrer les liens de leur couple, sérieusement mis à mal depuis quelques années.

À leur arrivée à l'hôtel, ils font la rencontre du cuisinier qui, de suite, remarque l'étrange talent de Danny, le fils des Torrance. Je ne vous en dis pas davantage car si vous souhaitez découvrir l'histoire, cela pourrait vous être préjudiciable.

Venons-en, selon ma propre perception, aux véritables calvaires de cette lecture, aux moments mornes et de faible intérêt pour la lectrice lambda - - - (ou mauvais public + + +) que je suis en matière de thrillers psychologiques, récits fantastiques et romans d'épouvante.

Stephen King fait dans le lourd, la bonne grosse recette classique : les morts vivants, les fantômes, les possédés du démon, la ritournelle habituelle de la maison et des objets hantés, de l'hémoglobine à gogo et des sécrétions honteuses en généreuses proportions. Bref, tout ce qui n'est pas très intéressant à mon goût.

Finalement, quand j'essaie d'analyser la mécanique d'écriture, c'est d'un monotone, c'est d'un plat ! Toujours la même démarche : perception ultra lucide par anticipation du petit Danny, histoire d'attiser chez le lecteur la possibilité d'un risque et de mettre le lecteur dans l'inconfort (c'est la définition même du suspense telle que la donne Alfred Hitchcock), puis transfert du risque sur le père et, pour boucler la boucle, déchaînement de l'hôtel lui-même sur ses trois occupants.

Et quand c'est fini ? Et bien on ré-enclenche une petite " boucle terrifiante ", exactement sur le même schéma, avec une nouvelle intuition ultra sensible du gamin, un nouveau truc gore ou flippant qu'il imagine en rêve ou en transe, etc., etc., et ça n'en fini pas et c'est reparti pour un tour, et sans cesse comme ça, avec, si possible, une surenchère de trucs dégueux à chaque rotation jusqu'à l'apothéose finale.

Ouh, là ! là ! Qu'est-ce que je m'y ennuie intellectuellement dans ses méandres bourbeux et dans ce genre de littérature. Ce n'est vraiment pas mon truc. Je comprends que cela plaise aux ados (voire aux bikers fans de Harley-Davidson qui portent des T-shirt AC-DC ou Iron Maiden avec une petite préférence pour les amoureux de Sepultura) mais je ne m'y reconnais absolument pas ; j'ai passé l'âge, sans doute (si tant est qu'il y ait un âge adéquat).

Il y a, de plus, comme pour enfoncer le clou de la médiocrité, un petit côté racoleur, celui du prolo qui découvre l'envers du monde du luxe et de la jet-set et qui se rend compte que ce n'est pas joli-joli. Cela m'évoque les meilleurs moments de la prose à scandale et du voyeurisme ordinaire, deux choses que je porte particulièrement dans mon coeur.

Oui, je vous l'avoue humblement Monsieur King, je le trouve indigeste votre mille-feuilles ; un peu de finesse, que diable !, on n'est tout de même pas obligé de faire que dans le gras, que dans le collant, que dans le gros gâteau bien lourd bourré de crème ! Et vas-y que je t'en rajoute une couche et encore une couche, toujours plus gras, toujours plus crémeux, toujours plus sucré, jusqu'à l'écoeurement.

Après les visions, les fantômes, les buissons mouvants, l'alcoolisme, l'aliénation mentale, vas-y que je t'en rajoute une louche avec les risques de catastrophe aérienne, la conduite impossible sur neige au bord d'un précipice. Allez ! On met toutes les sources de peur dans un gros sac, on bourre au maximum, on fait feu de tout bois, on secoue un bon coup et le lecteur finira bien par frémir moindrement, non ? Coup de bol, il ne nous a pas fait intervenir l'avalanche, mais c'était moins une !

Et du sang, et des glaires, et de la sueur, et du pus, et des vomissures, et des bêtes infâmes, et encore du sang, et de la bave, et de l'urine, et des bouts de cervelle gélatineuse, et du sang, du sang, toujours du sang... Oh ! que c'est lassant ce sang ! C'est ça la vision et la haute opinion que vous avez de la littérature Mr King ?

Bref, je vais m'arrêter là ; tout le reste serait superfétatoire. En somme, une très bonne qualité de narration mais des ressorts du gore et de l'épouvante que je trouve lamentables, d'où une note mitigée.

Mais, bien évidemment, tout ceci n'est que mon avis, pas brillant, pas shining pour deux sous, c'est-à-dire, vraiment pas grand-chose.

P. S. : j'assume toute la hargne que ce commentaire pourrait susciter chez certains d'entre-vous. Alors, si ça vous fait du bien, lâchez-vous, je n'en prendrai pas ombrage. J'aime bien la provoc et c'est le prix à payer.
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Les enfants ont des pouvoirs spéciaux, c'est bien connu : ils devinent la tristesse qu'on veut leur cacher, ils sentent venir les tempêtes ou devinent que leurs parents sont énervés. (Les tout-petits ont cependant la fâcheuse tendance à réagir à l'irritation parentale en criant encore plus fort ce qui amorce parfois une spirale dangereuse, mais c'est une autre histoire…)

L'enfant-lumière a donc des pouvoirs, des capacités encore plus grandes de lire dans les pensées, mais c'est d'abord un enfant vrai, avec des réflexions et des émotions de son âge. Je pense d'ailleurs que Stephen King a innové dans le domaine du roman d'horreur pour adultes, en mettant en scène un gamin, non pas seulement comme victime ou accessoire du mal, mais comme acteur, comme personnage clé.

Avec l'enfance, King amène aussi le lecteur vers une émotion fondamentale de cette période de la vie où l'être humain est tellement vulnérable. La peur, entière, celle qui ne peut pas être amoindrie par un raisonnement que l'enfant n'a pas encore acquis. La peur de ce qui se cache dans le noir, la peur des monstres et des choses qui font tromal...

Au-delà des rationalisations sur la qualité de l'écriture, on aime un livre en fonction de l'émoi qu'il suscite. Est-ce qu'on ressent l'atmosphère angoissante de l'Overlook? Est-ce que la terreur du petit Dany remue un peu les entrailles et fait remonter les peurs qu'on a tous ressenties un jour ou l'autre?

Pour ma part, ce roman a eu le même effet que Psychose de Hitchcock, son souvenir revient toujours lorsque je suis seule dans le corridor d'un vieil hôtel…
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Un hôtel hanté, un huis-clos loin de toute civilisation, un hiver très rude, un homme soumis à ses colères et sa dépendance, victime d'un passé violent dans sa famille, une mère et son fils tributaires des choix et de la folie d'un mari, un enfant possédant un fort don qui leur permettra d'appeler à l'aide…

Comme beaucoup, j'ai vu le film et n'avais pas lu le roman. Bon c'est chose faite à présent.

Comme beaucoup, je sais que Stephen King n'a pas aimé l'adaptation car je le cite: «Dans le livre, il y a un arc narratif où tu vois cet homme, Jack Torrance, essayer d'être bon, mais petit à petit il évolue dans cet endroit et devient fou. En ce qui me concerne, quand j'ai vu le film, j'ai remarqué que Jack était fou dès la première scène. » Tandis que l'un montre un homme sous l'emprise d'un hôtel hanté, l'autre montre un homme déséquilibré en proie à sa colère et ses hallucinations. L'erreur de Kubrick est l'ellipse temporelle brutale (un mois plus tard) qui nous empêche de mieux connaître Jack avant l'hôtel, et donc absent de la lutte qu'il a avec lui-même.

***

Je ne pourrais jamais dire que je préfère le livre au film, comme pour Blade Runner, les deux se valent. Tandis que l'un est un génie de l'écriture, happant son lecteur jusqu'au dernier mot, l'autre, par ses nombreux travellings avant et arrière, ses forts plongées et contre-plongées, ses plans fixes qui détonnent la symétrie (et les fausses symétries) avec une froideur incomparable (des plans larges d'ailleurs, peu commun dans l'horreur), les faux champ-contre-champs, le choix de perdre le public (le labyrinthe, mais également la moquette, les couloirs, les murs – des pièces qui changent de volume, de place, de couleurs, donnant l'impression que les murs de l'hôtel se déplacent – des plans qui nous perdent dans l'espace provoqués également par des plans à travers les miroirs, des raccords en fondus enchaînés qui nous brouillent dans l'espace et le temps, le découpage temporel du film de moins en moins précis…), l'éclairage et les musiques évidemment qui sont toujours essentielles à Kubrick, et qui accompagnent avec précision la forme et le fond de ses plans, le son (la machine à écrire, le tricycle dans les couloirs, la balle projetée dans le hall, les coups de hache, etc… ) et la direction des acteurs (une pensée pour la pauvre Shelley Duvall qui a énormément souffert) et toute la symbolique sur la violence ( la violence sur les Natifs – pourquoi Kubrick choisit de dire que l'hôtel a été construit sur un cimetière indien ? La violence sur les afro-américains, la violence et la désintégration de la cellule familiale) est un incroyable réalisateur… Tout cela montre qu'ils se valent même dans leurs différences : deux grands génies.
Mais est-ce que deux grands génies se comprennent forcément ? Il est clair ici, que non.

***

Mon ressenti : l'oeuvre de King est-elle si différente de son adaptation ?
Mais voilà, si Stephen King maîtrise son sujet, il ne maîtrise pas le lecteur et pendant ma lecture je me suis posé cette question : Jack est-il vraiment une victime sous l'emprise d'un hôtel hanté ? Pourtant il a toutes les prémices pour péter un plomb tout seul. Notamment, lorsqu'il raconte son enfance avec un père très violent (la description du tabassage de la mère avec les lunettes cassées dans la purée, détail qui rend l'oeuvre d'une véracité dérangeante), son alcoolisme, ses rapports douteux avec son épouse, sa violence amnésique, ses colères, etc… On peut admettre que quelque chose cloche dans le cerveau de monsieur Torrance même avant son arrivée à l'hôtel. Utiliser l'alcool comme excuse à sa violence et penser qu'en y faisant abstraction, cette colère aura disparue. Mais n'est-elle pas cachée dans l'ombre et le confinement ne peut-il pas la réveiller? Et lorsque l'on fait une analyse plan par plan du film de Kubrick, on se rend bien compte que l'hôtel est hanté et que c'est par cette forme et non par son fond, que le film est plus fidèle au roman que ce qu'il n'y paraît. Mais cela ne tient qu'à UN mot : « interprétation ». Et l'interprétation est quelque chose de totalement subjective. Donc hôtel hanté ou homme fou dans les deux versions?

***

Dans le film, le « don » n'est pas quelque chose de primordial, tandis que le roman met logiquement beaucoup plus l'accent sur ce Shining (l'Enfant Lumière était le titre dans les premières éditions françaises), qui en fait le titre de l'oeuvre. Car dans l'adaptation, Danny pourrait tout aussi bien être un gosse « normal » que cela ne changerait pas vraiment l'histoire car même si l'enfant invoque Hallorann (bip bip bip bip bip pour ceux qui n'ont pas vu le film), son intervention est aussi brève qu'inutile (concernant le don, car dans l'histoire, c'est hautement symbolique).
Et c'est là !!! oui je pointe mon doigt mais personne ne me voit, c'est là que le roman devient une oeuvre à part qui mérite d'être lu même si vous kiffez grave le film ! le choix de Kubrick de faire du don de Danny une anecdote, donne entièrement les armes au charisme indiscutable de Nicholson, offrant l'image du père « fou furieux » dès le début, tant déprécié par l'auteur. Et on se demande, on pourrait imaginer, que Kubrick n'a lu que les 300 premières pages, en omettant toutes les dernières parties qui donnent son titre au roman. La menace dans le film est Jack et uniquement Jack (d'ailleurs on ne verra pas l'agression de Danny dans la chambre interdite, mais uniquement son pull déchiré et les marques dans le cou, qui pourraient être tout aussi bien, finalement être un acte de Jack…). Alors que dans le roman, tout l'hôtel est une menace et le Shining est là pour protéger Danny un maximum.

***

J'ai beaucoup aimé le roman. Etonnement, il m'a été plus facile de dissocier les personnages aux acteurs que ce que je pensais, tout simplement parce que la Wendy du roman est plus forte (de toute façon les figures féminines chez Kubrick sont souvent fantomatiques ou responsables des problèmes). On aura donc une Wendy beaucoup plus intéressante, beaucoup plus courageuse et confiante. Jack aussi est très différent, en lutte avec lui-même, en lutte avec son alcoolisme, on sent un homme qui veut être un bon père, et qui se retrouve acculer à des choix qu'il ne peut contrôler à cause de sa dépendance passée. Il ne ressemble pas à un déséquilibré mais à un homme qui veut faire au mieux et on éprouve de l'empathie pour lui. Et Danny est beaucoup plus éloquent. D'autre part, tout le passage du déni des adultes face aux « surnaturelles » est nettement plus captivant, que ce soit Jack et les animaux du buis, ou le docteur qui prend Danny pour un mentaliste précoce lorsque ce dernier confie quelque chose d'assez extraordinaire. Et il y a aussi « l'emprunt » du passe-partout qui montre un petit garçon bien trop curieux, ou qui lui aussi veut vaincre ses démons en dépassant sa peur, ou se prouver qu'il n'y a rien, qu'il n'y a rien, qu'il n'y a rien… Jusqu'à l'agression physique et bien réel.
Je n'ai pas aimé certains passages du roman que j'ai trouvé trop " kitch" comme les buis qui s'animent. Je pense qu'il souhaitait peut-être sortir du cliché du fantômes au drap blanc. Difficile, je pense de faire une maison ou un hôtel hanté sans passer parfois dans le kitch... Mais dans l'ensemble c'est un excellent roman de Stephen King et comme c'est le roman de Stephen King le plus lu par nos babelpotes, je pense que vous serez nombreux à le confirmer.


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Alors que le « Docteur Sleep » sortait en librairie, il était donc plus que temps que je découvre ce qui s'était passé 36 auparavant dans les montagnes Rocheuses, un coin perdu du Colorado. Jack Torrance que j'associe forcément à Jack Nicholson. le film fort et phare de Stanley Kubrick, ce générique qui nous présente comme dans un long travelling aérien et sinueux de la pente vers cet hôtel qui me terrifie déjà avant d'ouvrir même la première page du bouquin.

"La femme qui gisait dans la baignoire était morte depuis longtemps. Elle était toute gonflée et violacée et son ventre, ballonné par les gaz et ourlé de glace, émergeait de l'eau gelée comme une île de chairs livides. Elle fixait sur Danny des yeux vitreux, exorbités comme des billes. Un sourire grimaçant étirait ses lèvres pourpres. Ses seins pendillaient, les poils de son pubis flottaient à la surface et ses mains congelées se recroquevillaient comme des pinces de crabe sur les bords godronnés de la baignoire en porcelaine."

Il est quatre heures du matin, lorsque je finis les dernières pages de ce roman. Insomnie, besoin de frissons, pas envie d'attendre le lendemain pour en terminer avec le dénouement. Un King, c'est certes de grosses ficelles pour faire peur, cela reste pour moi une littérature adolescente, mais c'est aussi le plaisir de se retrouver seul avec une lumière tamisée, d'entendre la neige tomber lourdement et de sentir ces animaux en buis effrayant, prêts à me sauter à la gorge. Mais j'en ai vu d'autres. Je ne vais pas me faire avoir comme un vieux puceau, ne vais pas uriner dans mon pyjama (pour la simple raison que je n'en porte pas la nuit, mesdames !)

"Danny hurla sans qu'aucun son ne sortît de sa gorge ; le cri refoulé plongea au fond de son être comme une pierre qui tombe au fond d'un puits. Il recula de nouveau, faisant tinter le carrelage sous ses pas, et subitement il sentit que dans son affolement il s'était inondé d'urine."

Tu as entendu ce cri ? C'était quoi ? Maman ! ! Ouf, j'ai bien cru que cette vieille moisie allait me sauter dessus pour me faire des trucs que je n'avais pas envie, vieille perverse. Allons, allons, il y a des enfants qui nous regardent. Pense au petit Danny. Il doit se sentir bien seul là-haut, avec un père alcoolique (serait-ce mon image ?) qui tente d'écrire le chef d'oeuvre de sa vie (serait-ce le reflet de ma vie ?)

Il me faut un verre. Double whisky pour moi. Gin pour l'écrivain Jack. Laissez-lui la bouteille, il se servira. Il lui faut sa dose. Hallucinations. Et si tout cela n'était que le fruit de mon imagination, la neige, la vieille, la tâche de sang. Pourquoi est-ce que j'ai caressé le radio-émetteur à coups de battes de base-ball ?

"Toujours grimaçante, elle rivait sur Danny ses énormes yeux exorbités. Ses paumes mortes crissaient sur la porcelaine, ses seins se balançaient comme de vieux punching-balls craquelés. Quand elle se leva, on entendit un bruit à peine perceptible de bris d'échardes de glace, mais elle ne respirait pas : ce n'était qu'un cadavre, mort depuis des années."

Un huis-clos terrifiant qui malgré son âge n'a pas pris tant de rides que cela. Une longue montée en progression de l'horreur, les cauchemars se font de plus en plus réels. L'abîme est là, juste derrière la prochaine page qui reste à tourner. Au prochain chapitre, promis, c'est la suite de l'horreur.
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"C'était la nuit que le vent se mettait à hurler autour de l'aile ouest de l'hôtel. Il détestait tout particulièrement les nuits - elles étaient pires que tout".

Danny Torrance avait peut-être le Don de réveiller les forces obscures tapies dans l'hôtel Overlook, mais Stephen King a toujours eu le Don de réveiller mes vieilles peurs et de me coller des frissons avec des choses simples ou des scénarios qui, a priori, pourraient nous paraître éculés.

Si j'avais délaissé cette oeuvre majeure du King lorsque j'étais plus jeune, c'était parce que j'avais peur d'avoir peur... Oui, ce livre me fichait la trouille !

Un hôtel isolé, bloqué durant des mois par la neige, Jack Nicholson-Torrance, une hache à la main, sa tête de psychopathe fou et voilà...

"Il alla vers la planche à hacher et saisit le manche du maillet. Il le leva et le fit tournoyer. le maillet faucha l'air avec un sifflement menaçant. Jack Torrance se mit à sourire".

C'est la publication de "Docteur Sleep" qui m'a poussé à enfin sortir "Shining" de ma pile afin de me plonger dedans. J'avoue que j'en frissonne encore et ce n'est pas à cause de la neige ou du froid. Et je pense que je n'ai pas été la seule à avoir la trouille durant ma lecture !

"Il eut l'impression que ses testicules se transformaient en deux petites bourses ridées, pleine de glace pilée, et ses tripes en gélatine".

L'histoire, je la connaissais, en gros, mais le détail fut encore plus terrifiant, angoissant... Et le King, malgré une écriture assez "simple", possède un véritable talent de conteur pour nous conter son histoire qui nous entraîne petit à petit dans l'horreur, avec un vieil hôtel dans les personnages principaux. Il est temps de compter vos abattis !

Parlons un peu de ce personnage pour le moins inhabituel... Construit en 1907, l'Overlook est un somptueux hôtel des Montagnes Rocheuses qui a changé de nombreuses fois de propriétaires, passant dans de mauvaises mains. Bref, c'est un hôtel qui a un passé pour le moins "agité" et surtout particulièrement sanglant : suicides et meurtres. Quand au précédent gardien, il a massacré sa femme et ses deux filles...

Certaines personnes exceptionnelles possédant le Don peuvent se retrouver, malgré elles, témoins de ce passé sanglant sous la forme de visions, d'apparitions, de fantômes,... Ce qui fut le cas pour Dick Hallorann, cuisinier et d'une femme de chambre. Ce sera pareil pour le tout jeune Danny "Prof" Torrance.

La femme qui gisait dans la baignoire était morte depuis longtemps. Elle était toute gonflée et violacée et son ventre, ballonné par les gaz et ourlé de glace, émergeait de l'eau gelée comme une île de chairs livides. Elle fixait sur Danny des yeux vitreux, exorbités comme des billes.

Un hôtel isolé qui semble doué d'une conscience autonome et foncièrement malfaisante... Fallait penser à l'écrire et le cauchemar que le King eu en 1974, dans la chambre 217 d'un hôtel où sa famille était les seuls clients, n'y est pas étranger.

Y'a pas à dire, Stephen King sait vous terrifier uniquement avec des ambiances angoissantes, des vieux ascenseurs, des tuyaux d'incendie et des buissons de buis représentant des animaux.

Au cours du roman, j'ai ressenti des frissons d'angoisse avec ce foutu hôtel qui avait lancé une véritable OPA de séduction sur Jack, ne sachant pas s'accaparer de l'esprit de Danny, qui lui, faisait de la résistance. Brrrr, oui, j'ai eu peur.

Ce livre, c'est une écriture qui fait mouche, du suspense, de l'angoisse, des temps fort, un huis-clos oppressant... le tout distillé goutte à goutte.

Le fait d'attendre aussi longtemps pour découvrir ce roman fut une bonne chose parce que cela fait peu de temps que j'ai appris que le King était dépendant à l'alcool lorsqu'il a écrit ce livre, tout comme son personnage, Jack Torrance. Cela confère au récit une force bien plus grande que s'il avait été écrit par un auteur sobre comme un moineau.

L'auteur savait très bien ce que Jack pouvait ressentir lorsqu'il se retrouve sans alcool, essayant tant bien que mal de s'en sortir; comme il savait bien l'état d'esprit que son personnage pouvait avoir lorsqu'il cédait aux chants des sirènes pur malt.

Si Stephen King détesta l'adaptation de Kubrick c'est parce qu'il lui reprochait d'avoir négligé les thèmes de la désintégration de la famille et de l'alcoolisme qu'il traitait dans ce livre avec une sacrée justesse.

Autre chose, si dans le film, Jack Nicholson/Torrance cédait assez vite à la psychopathie ambiante, sombrant rapidement du côté obscur de l'hôtel, il n'en est pas de même dans le livre où l'auteur prend le temps de le faire sombrer dans le déchéance. On voit Jack changer petit à petit et on tremble pour sa famille.

C'est ce qui donne tout le sel au récit : pas de précipitation ! L'Overlook infiltre l'esprit et les veines de Jack avec lenteur, prenant possession de lui, petit à petit, mais pas à 100% puisque Jack réussira tout de même à avoir quelques moments de lucidité, dont un fort important pour mettre en garde son fils : la marionnette a eu un sursaut de résistance...

Puisque je viens de vous parler de Jack, je vais m'attarder sur les autres personnages : il est un fait que certains sont plus attachants que d'autres et j'ai ressenti une tendresse particulière pour le petit Danny, 5 ans, qui va devoir faire face à des écueils dont il n'est pas préparé, ainsi que sa mère qui doit le protéger et pour le cuisinier, Hallorann, qui a le Don lui aussi.

Si le petit Danny a le rôle phare (normal pour un enfant lumière), si l'hôtel Overlook a un rôle central, si le cuisinier Dick Hallorann aura son importance, si Wendy, la mère de Danny joue son rôle de protectrice du mieux quelle peut, Jack Torrance est la pièce maîtresse du roman.

Voilà un autre point que j'ai apprécié dans "Shining" : l'évolution de Jack Torrance. Au départ, ce n'est qu'un pitoyable poivrot, un pilier de comptoir. Un homme au caractère versatile, changeant d'avis comme les vapeurs d'alcool changent sous la direction du vent. Comme toujours, c'est le même combat : il veut arrêter de boire, mais il veut le faire sans aide aucune, uniquement par sa seule volonté, ce qui est quasiment impossible.

Bref, pas un personnage que l'on a envie d'aimer. Pourtant, lorsque King nous parle de lui, nous faisant découvrir dans le récit ce que fut sa vie, sa jeunesse, nous parlant de ses ambitions perdues, de son père violent, de l'amour qu'il ressent pour son fils, Danny, et bien, mon regard a changé et j'ai commencé à ressentir de l'empathie pour lui.

Il n'est pas coupable de tout... L'hôtel a pris possession de lui et il n'est plus qu'un pantin dans les mains d'un marionnettiste plus fort que lui.

Un autre point que j'ai bien aimé : dans les dernières pages, lorsque tout est consommé et consumé, l'auteur nous montre que l'Overlook peut avoir une influence maléfique, diabolique, même sur les gens les plus purs... Achevant de me convaincre, par là-même, que Jack n'avait pas la capacité de résister et qu'il ne fut qu'une marionnette pour l'hôtel.

La télépathie, le combat de l'écrivain contre la page blanche, la famille, la solitude, le passé, la dépendance à l'alcool... sont des thèmes qui, dans ce roman, sont exploités avec une rare justesse.

Merci, Stephen, de m'avoir, une fois de plus, donné une excellente histoire bien frissonnante avec des personnages forts ! Si un jour je te croise, je pourrais te dire que ta littérature a marqué ma vie, avec celle de Conan Doyle (mais lui, je risque moins d'avoir l'opportunité de le croiser).

PS : j'ai tellement été perturbée par ce livre que j'avais publié ma critique de "Shining" dans "Docteur Sleep"... Oups !!!

Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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Rares sont ceux qui survivent à l'épreuve de l'abstinence et quand ils reviennent, ils vous font un récit effroyable de leurs tourments. Quand l'ivrogne renonce à boire pour suivre le Droit Chemin, ce chemin lui paraît une voie royale qui domine de haut le ruisseau où se vautrent les poivrots au milieu de leurs vomissures et de leurs bouteilles de Thunderbird et de Granddad. Il se dit que tous ces braves gens qui le sommaient de s'amender ou de déguerpir garderont désormais leurs flèches empoisonnées pour d'autres. Vu du ruisseau, [...] le Droit Chemin est le plus beau chemin du monde, un chemin tout pavoisé, avec une fanfare qui ouvre la marche et des majorettes qui font tournoyer leurs bâtons et vous montrent le bout de leurs culottes en levant la jambe. L'ivrogne est persuadé qu'il faut prendre ce Droit Chemin et dire adieu à ces poivrots du ruisseau qui se saoulent de n'importe quoi, même de leur propre vomi, et qui ramassent tous les mégots, même quand il n'en reste que le filtre. [...]
Alors, ils se tire du ruisseau et il se met sur le Droit Chemin, tout fier de lui, vous pouvez me croire. Les spectateurs de part et d'autre du chemin l'applaudissent, l'acclament comme s'il était sur le plus beau char de tout le défilé. Il n'y a que les saoulards ivres morts dans le ruisseau qui n'applaudissent pas. C'étaient ses amis, mais, tout ça, c'est fini maintenant. [...]
Mais bientôt il commence à découvrir la vérité, [...] la vérité qu'il ne pouvait pas voir du ruisseau. Il découvre que le goudron frais de ce beau chemin lui colle aux pieds, qu'il n'y a pas de bancs pour s'asseoir, que toutes les femmes qu'on y croise sont de vieilles harpies plates comme des limandes, habillées de robes longues avec un peu de dentelle autour du cou et qui, pour faire leurs chignons, ont si fort tiré sur leurs cheveux qu'on croit encore les entendre hurler. Elles ont toutes le même visage plat, pâle et luisant et elles chantent à l'unisson " Vers la Jérusalem céleste ". On lui passe un missel et on lui dit de chanter lui aussi. S'il veut rester sur le Droit Chemin, il faut chanter, matin, midi et soir, surtout le soir. C'est alors qu'il se rend compte de la vérité. La vérité, c'est que le Droit Chemin ne mène pas au paradis, mais en prison.

Chapitre 28.
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Jack Torrance pensait : Petit connard prétentieux.
Ullman mesurait à peine plus d'un mètre soixante-cinq, et ses gestes avaient cette brusquerie un peu efféminée qui semble être l'apanage des petits hommes grassouillets. La raie de ses cheveux était parfaite et son costume sombre austère, mais rassurant. Je suis là pour résoudre vos problèmes, disait ce costume aux clients. Aux employés, il s'adressait plus sèchement : j'espère que vous avez fait du bon travail. Un œillet rouge était fixé à sa boutonnière, peut-être pour que personne dans la rue ne confonde Stuart Ullman avec le croque-mort local.
En l'écoutant parler, Jack s'avouait qu'il n'aurait jamais pu éprouver de la sympathie pour toute personne assise de l'autre côté de ce bureau, compte tenu des circonstances.
Ulman venait de lui poser une question qu'il n'avait pas sai-sie. Mauvais. Ullman était du genre à noter ce type d'erreurs dans un Rolodex mental pour les étudier ensuite.
« Pardon ?
— Je vous demandais si votre femme a bien conscience de ce qui vous attend ici. Et puis, il y a votre fils, évidemment. » Il jeta un coup d'œil à la demande de candidature devant lui. « Daniel. Votre femme n'est pas un peu intimidée par ce projet ?
— Wendy est une femme extraordinaire.
— Et votre fils, il est extraordinaire lui aussi? »
Jack sourit - un large sourire de représentant de commerce.
« On aime le croire. Il est très indépendant pour un garçon de cinq ans. »
Ullman ne lui rendit pas son sourire. Il glissa la demande de Jack dans un dossier. Qui disparut dans un tiroir. Il ne restait plus sur le bureau qu'un sous-main, un téléphone, une lampe Tensor et une corbeille à courrier dont les deux bacs Arrivée et Départ étaient vides.
Ullman se leva et se dirigea vers un classeur situé dans le coin.
« Venez de ce côté du bureau, je vous prie, monsieur Torrance. Nous allons regarder les plans de l'hôtel.»
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Et pourtant, à travers toutes ces expériences, il n'avait pas eu le sentiment d'être un salaud. Au contraire, il se croyait un très brave type. Évidemment, ses accès de colère risquaient de lui attirer un jour de véritables ennuis, et il aurait intérêt à les maîtriser, ainsi que son faible pour l'alcool... Mais, avant d'être alcoolique, il avait été caractériel. Les deux infirmités devaient d'ailleurs se confondre quelque part dans les profondeurs de son être, là où il valait mieux ne pas mettre le nez.
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S'il écartait le rideau de douche, il découvrirait peut-être quelque chose d'agréable, quelque chose que Papa avait oublié ou que Maman avait perdu, quelque chose qui leur ferait plaisir... Il fit glisser le rideau de douche. La femme qui gisait dans la baignoire était morte depuis longtemps. Elle était toute gonflée et violacée et son ventre, ballonné par les gaz et ourlé de glace, émergeait de l'eau gelée comme une île de chairs livides. Elle fixait sur Danny des yeux vitreux, exorbités comme des billes. Un sourire grimaçant étirait ses lèvres pourpres. Ses seins pendillaient, les poils de son pubis flottaient à la surface et ses mains congelées se recroquevillaient comme des pinces de crabe sur les bords goudronnés de la baignoire en porcelaine.
Danny hurla sans qu'aucun son ne sortît de sa gorge ; le cri refoulé plongea au fond de son être comme une pierre qui tombe au fond d'un puits. Il recula de nouveau, faisant tinter le carrelage sous ses pas, et subitement il sentit que dans son affolement il s'était inondé d'urine.
Alors la femme se mit sur son séant. Toujours grimaçante, elle rivait sur Danny ses énormes yeux exorbités. Ses paumes mortes crissaient sur la porcelaine, ses seins se balançaient comme de vieux punching-balls craquelés. Quand elle se leva, on entendit un bruit à peine perceptible de bris d'échardes de glace, mais elle ne respirait pas : ce n'était qu'un cadavre, mort depuis des années.

Chapitre 25.
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Tu perds la tête, tu déménages, tu travailles du chapeau, tu as les méninges en accordéon, tu as une araignée au plafond, tu as le timbre fêlé, tu ondules de la toiture, tu es bon pour le cabanon. Ou, tout simplement : tu deviens fou.
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