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Critique de Henri-l-oiseleur


Cette bande dessinée me replonge un peu par hasard dans l'univers graphique des Walking Dead. Le dessin est toujours assez réaliste, malgré certaines maladresses dans les ombres et les traits des visages, à moins que ce soit voulu. Le parti-pris du noir et blanc fait bien sentir la laideur affreuse de ce monde d'après l'apocalypse, et la violence des personnages, mutilés, émotifs et brutaux, marqués par les stigmates de la catastrophe. La menace des Rôdeurs morts-vivants passe ici au second plan sans disparaître, puisque le récit se concentre sur l'engagement des héros au milieu des complexités de la vie communautaire. Dans les premiers volumes, je crois, les horreurs de la vie, le déchaînement des volontés de puissance faisaient apparaître l'ordre ancien comme souhaitable : un pouvoir central protégeait les citoyens en se réservant le monopole de la violence armée. Mais le monde normal s'est effondré, et ceux qui lui ont survécu ont tenu bon parce qu'ils savaient prendre les armes contre les morts et surtout contre les vivants. Comment revenir à la situation d'avant, comment renoncer à la liberté que donne la possession d'une arme, pour jouir à nouveau du confort confiant d'une vie policée ? Cette question, déjà posée dans d'autres volumes de la série, est rendue plus aiguë encore ici, car les héros voient bien que l'ordre ancien, pour rassurant et confortable qu'il soit, est aussi profondément injuste et inégalitaire. Or la vie sur la route, la lutte pour la survie, favorisent la coopération de tous les membres d'un petit groupe à égalité de devoirs et de droits. Comment renoncer à cette vie dans les bois, sauvage, dangereuse et fraternelle, et accepter l'injustice sociale pour prix du confort ?

Ce trente et unième volume est une mise en images de la pensée de Thoreau, en somme, et de réflexions sociales proprement, profondément, américaines. L'Amérique, ne l'oublions pas, a été peuplée d'émigrants, rompant avec la tyrannie et la misère de la vieille Europe, et qui rêvaient autant de liberté et de justice, que de prospérité.
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