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Critique de gabb


Comme dit le proverbe : "Qui ne risque rien n'a rien (*)".
Alors soit, oublions pour un temps la fiction, mettons le roman de côté et risquons-nous à la lecture d'un (petit) essai, ou plutôt d'un recueil de pensées et de réflexions joliment échafaudées par sept intervenants d'horizons divers.
L'objet de cette méditation collective ? La notion de "risque", évidemment.

Le risque au sens large, ou plutôt LES risques multiples et variés, qui couvrent l'ensemble du spectre depuis les menaces vitales pesant sur tout un chacun (accident grave, maladie foudroyante, attentat meurtrier, chute de météorite) jusqu'aux aléas plus "bénins", les risques de tous les jours inhérents à la moindre de nos décisions (entamer une relation amoureuse, investir en bourse, choisir un métier, une formation, une université, une entreprise, opter pour la "pilule rouge" plutôt que pour la "pilule bleue", etc...)
Le risque comme épouvantail, comme motif d'angoisse que l'on redoute et que l'on s'efforce de fuir, ou tout du moins de limiter, mais également le risque comme sel de l'existence, comme source d'excitation après laquelle on court (ne dit-on par "courir le risque" ?), que l'on se plaît parfois à rechercher, à poursuivre, à défier. Deux faces d'une même pièce, que souvent le Hasard se charge de manipuler pour nous...

C'est d'ailleurs bien lui, le hasard, qui m'a poussé vers ce livre, puisque je l'ai choisi à l'occasion d'une "masse critique Babelio" (merci à eux ainsi qu'aux éditions "Philosophie Mag" !) sans trop savoir à quoi m'attendre. Sans doute mon choix fut-il motivé simplement par la jolie couverture très sobre, associée au nom d'Etienne Klein, physicien et philosophe dont on m'a plusieurs fois vanté les mérites. Sa préface est d'ailleurs excellente et très instructive !
Au terme de ma lecture, je dois cependant reconnaître que je reste un peu sur ma faim. En dehors du célèbre écuyer / metteur en scène Bartabas (qui signe peut-être pour moi le plus beau chapitre du livre en abordant - hélas trop brièvement et de manière assez vague - la question de la "prise de risque artistique") je ne connaissais aucune des personnalités réunies autour d'Etienne Klein, et il m'a manqué un "fil conducteur", une cohérence, une unité entre chacune de leurs interventions.
Bien que chaque chapitre soit introduit par un bref message de présentation, je n'ai pas compris pourquoi un psychologue, un journaliste scientifique, un résistant de la seconde guerre mondiale, une docteure en philosophie, ou encore un anthropologue-sociologue avaient été conviés à compiler des textes si différents dans un même recueil sans soucis d'homogénéité, sans véritable idée directrice ni logique apparente (à moins qu'elles ne m'aient échappé, ce qui est tout à fait possible !)
Pour un lecteur comme moi peu habitué à ce type d'ouvrage, les questions soulevées, bien que très intéressantes (Peut-on vivre sans risque ? Qu'est-ce qu'un risque acceptable ? La fréquentation du risque serait-elle la condition pour éprouver la pleine valeur de l'existence ?) ne sont finalement qu'effleurées, ou abordées de manière un peu décousue, et les redites m'ont semblé trop nombreuses.

Entre réflexions philosophiques parfois confuses et brefs récits d'expériences vécues en guise d'illustrations, le lecteur ne sait plus trop où donner de la tête, ni ce qu'il faut retenir de ces différents textes pas toujours très accessibles au profane.
Peut-être quelques idées telles que celle-ci, que j'ai trouvée très juste :
"Notre rapport au risque s'est complètement inversé : il n'est plus perçu comme le prix à payer pour faire advenir le mieux, mais plutôt comme le symptôme d'un dérèglement général à corriger, voire comme l'annonce tangible des apocalypses futures."

Ou encore :
"Nos sociétés contemporaines transforment le risque en une sorte de repoussoir, elles le voient sous l'angle d'un péril dont il importe de se protéger dans d'innombrables domaines où la confiance n'est plus une donnée acquise : technologies, alimentation, transports, santé, loisirs, sexualité. Rien n'échappe à cette traque qui multiplie par ailleurs les contrôles, les réglementations, les procédures, les interdits, la judiciarisation. le risque est aujourd'hui une sorte de mot-valise pour dire l'incertitude avec une connotation néfaste. Son évocation est en dernière instance celle de la mort possible. Pourtant il est inhérent à la condition humaine".

Voilà déjà qui prête à réflexion, non ?
Ainsi, en dépit des quelques réserves énoncées plus haut et d'un léger regret, devant un sujet si intéressant, de n'être trop souvent resté qu'en surface, je suis content d'avoir "pris le risque" de cette lecture et m'en retourne à mes chers romans (peut-être) un peu moins bête !
C'est toujours ça de pris...

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(*) parait que ça marche aussi dans l'autre sens (dixit Guy Bedos) : "qui n'a rien ne risque rien". ☺
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