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Critique de irisrivaldi


L'histoire :

Été 1963. Alabama. Plongée dans le sud des États-Unis sur fond de discriminations raciales et de lutte du mouvement des droits civiques. À l'heure où démarre le récit, les quelques milliers d'âmes de la ville de Woodbridge ignorent encore que leur petite communauté est sur le point d'imploser sous la pression d'une mentalité étriquée qui a peu évolué depuis la guerre de Sécession. Dans ce microcosme sévit en effet un racisme ordinaire dont, par bête conviction ou lâche habitude, pâtissent les Noirs par la faute des Blancs ; les nostalgiques de l'esclavage se consolent avec la ségrégation et on voit presque poindre l'ombre des sinistres cagoules pointues du Ku Klux Klan derrière chaque peuplier. le Klan est d'ailleurs très actif dans ces contrées. Y adhérer revient à appartenir à une sorte de confrérie qui exalte la suprématie de la race blanche et toute autre idée « progressiste », de celles qui laissent des traces sur la peau claire d'épouses au foyer soumises pour leur faire passer toute velléité d'émancipation.

Un jour funeste, le corps sans vie d'une jeune Blanche est retrouvé dans les bois. Il s'agit de Meredith Clarence, la fille rebelle d'un homme d'affaires prospère, lequel fait la pluie et le beau temps où qu'il passe. Les circonstances de cette mort se révèlent particulièrement abjectes puisque la victime a subi des violences sans nom avant de succomber. Cette dernière qui prenait fait et cause pour les Noirs vivait justement une passion amoureuse avec un garçon de couleur. le coupable est donc tout trouvé, pas besoin de chercher bien loin... Or il s'avère qu'avant le drame, Meredith, qui sentait sa vie menacée, avait pour ainsi dire lancé deux bouteilles à la mer en alertant par écrit le FBI tout comme un reporter du cru.
Tandis que les autorités maison s'apprêtent à bâcler l'enquête, le Bureau envoie sur place l'agent fédéral Dwayne Olsen. On peut supposer que laisser un seul homme se débattre dans un endroit qui tient autant du brasier que de la mare aux crabes dénote d'un certain manque d'allant à voir éclater la vérité. Alors jusqu'où ira la détermination d'Olsen ?

Silence on lit !🎬

Nicolas Koch a l'art des atmosphères. D'authentiques tableaux d'Edward Hopper. Dans la touffeur de l'été, la tension monte crescendo au point de sentir la sueur perler le long de l'échine. Jusqu'à ce que l'orage éclate. Au fil d'une écriture « cinématographique », en osmose avec les champs, les forêts profondes et les inquiétants marécages qui servent d'écrin au comté de Woodbridge, les pages se tournent d'elles-mêmes comme défilent les images d'un film.
Côté protagonistes, ceux-ci sont plutôt bien troussés mais je décernerais un accessit à deux seconds rôles. D'une part Paul Wesley, le besogneux pisse-copie de la feuille de chou locale qu'on peine à imaginer en gendre idéal. Il endosse ainsi les habits d'un anti-héros dont les failles finissent par le rendre très touchant. Ensuite, chapeau bas pour l'avocate Angelina Woods. Alors qu'elle cumulait les handicaps ; elle est née femme, voyez-vous… noire de surcroît, la vie lui a pourtant souri. Intellectuellement brillante, elle réussit même à conjuguer la beauté à l'intelligence. Tout un programme et une raison supplémentaire pour l'agent Olsen de redoubler de persévérance.

En tout cas, on dévore là un vrai polar à la sauce américaine avec une intrigue construite sur le plan d'une tragédie en trois actes : Péché, Embrasement, Rédemption. Il est bien évident qu'aucune oeuvre de fiction n'a vocation à donner une réponse aux grands problèmes de société, elle peut au mieux susciter une prise de conscience. Compte tenu des thèmes abordés, qui trouvent une bien triste résonance avec l'actualité, le dénouement ne pourra qu'interpeller le lecteur. Cette rédemption ouvre-t-elle une brèche pour l'espoir ou la résignation ?
Lien : http://scambiculturali.over-..
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