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Critique de JeanLouisBOIS


L'enfer, stade suprême du libéralisme.

Pas de pleurs, de grincements de dents ou de feu éternel dans l'Enfer de Gaspard Koenig. Et pourtant on se trouve réellement en enfer, mais dans un enfer moderne, remis au goût du jour ! L'Enfer, c'est d'abord une sorte d'aventure post-mortem ; les morts se retrouvent actifs et passent leur temps à voyager d'aéroports en aéroports. C'est ensuite un conte philosophique sur la vie terrestre des hommes en société et une tentative de redéfinition des valeurs essentielles. C'est enfin une réflexion sur soi-même et une condamnation de l'individualisme forcené et du système libéral occidental.
En enfer, l'aventure est déroutante. On vit dans un monde qui présente de nombreux points communs avec le nôtre : les aéroports, la consommation, les objets et les choses, … Il s'avère très vite qu'on a affaire à une dystopie où les contraintes, bien que subtiles et parfois agréables, structurent une communauté infernale avec ses anges rouges.
Il s'agit bien sûr d'un conte philosophique où l'imagination le dispute au réel et nous en révèle davantage sur notre monde, nos modes de vie que sur un éventuel séjour des damnés. Comme chez Voltaire, mais avec beaucoup moins de lourdeur, Koenig se livre à une critique en bonne et due forme de notre fonctionnement social. Que ce soit le milieu universitaire ou les économistes libéraux, la réalité virtuelle ou le nomadisme planétaire, la technologie inhumaine ou l'hyperconsommation, l'auteur ne nous épargne aucune pique avec cette dose d'humour qui permet de faire passer le message en douceur.
Plus profondément, l'auteur en profite pour analyser les conséquences de l'individualisme de nos sociétés occidentales. L'enfer, ce n'est plus les autres, mais soi-même, se retrouver en face de soi-même face à l'indifférence des autres qui cherchent davantage à satisfaire leurs désirs immédiats et matériels qu'à créer une société plus solidaire et plus fraternel en se contentant du nécessaire
L'Enfer de Gaspard Koenig se lit facilement. Il se caractérise par sa fluidité, sa légèreté, son dynamisme, ses dialogues qui s'inscrivent bien dans l'action et le regard décalé du narrateur. Cependant, cet ouvrage me laisse sur ma faim. Malgré toutes ces qualités intrinsèques, l'impression de superficialité domine. le traitement trop extérieur et trop étriqué du sujet renforce l'insatisfaction du lecteur. On a du mal à dépasser la simple critique de « l'utilitarisme froid » et de l'anonymat croissant des sociétés libérales. On s'attend à un dénouement presque cosmique … qui ne vient jamais. On n'entend jamais parler du Diable, de Dieu ou du Purgatoire (pourtant essentiel dans le cadre de ce livre). On se situe bien loin de l'enfer de la Divine comédie de Dante, auquel il est fait référence à chaque début de chapitre! Pour moi, ce livre manque d'envergure et peut-être d'ambition.
NB: Lu dans le cadre de Masse Critique, un grand merci aux Éditions de l'Observatoire!
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