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Critique de beatriceferon


Alexandrin est un vieux poète qui propose aux gens de lui acheter quelques feuillets de ses textes. Parfois, on l'accueille gentiment, parfois, on le chasse comme un voleur.
Un jour, notre errant solitaire rencontre Kevin, un gamin qui fouille les poubelles à la recherche de nourriture.
Cette bande dessinée faisait partie des coups de coeur dans ma librairie. J'ai déjà lu beaucoup des ouvrages de Pascal Rabaté. le titre de celui-ci me fait sourire. Je me rappelle l'air horrifié de mes élèves lorsque je leur annonçais que nous allions consacrer notre année à la poésie, comme si je leur proposais d'étudier le mandarin ancien. Et puis, ils étaient nombreux à se laisser séduire. Je comprends donc tout à fait ce vieil original, vêtu d'un antique manteau à carreaux, long nez, coiffure surannée. Il parle tout naturellement en alexandrins (comme Victor Hugo, selon ses amis!) Il déambule dans les rues de la ville, jetant des coups d'oeil indiscrets à travers les carreaux. Il cherche à deviner à qui adresser ses vers. Si l'habitant possède de nombreux livres, sans doute sera-t-il réceptif.
Alexandrin a l'air de surgir d'une époque lointaine. Les couleurs utilisées sont pâles, sépia, sanguine. Elles font écho au personnage, donnant l'impression d'avoir ouvert un vieil album aux photos fanées.
Une nuit, à la belle étoile, les personnages réchauffent une boîte de raviolis sur un feu de camp. La planche est rouge. Les saisons passent. Les couleurs dominantes vont du vert au beige. de grandes vignettes zooment sur une feuille morte, la pleine lune, une fleur, la neige.
L'histoire est touchante, parfois amusante. Ainsi, l'auteur de bandes dessinées à qui Alexandrin propose des textes me semble être une caricature (très outrée) de Pascal Rabaté lui-même. Alexandrin l'interroge : « Peintre, encadreur ? Écrivain, traducteur ? » L'homme répond « On peut dire ça, je fais de la bande dessinée. » et Alexandrin : « Ah, du commercial (…) Je vous laisse retourner à vos petits Mickey. »
Parfois angoissante (les personnages sont poursuivis par des molosses) et souvent mélancolique, voire triste. Heureusement, Alexandrin garde le moral. Il nous propose une leçon simple, qui est aussi la mienne : « Quand ça ne va pas, je regarde les arbres, les oiseaux... de nouveau la vie va et mon humeur repart au galop. »
Je l'ai terminée le coeur serré : quand on voit Alexandrin assis par terre, sur le trottoir, au milieu de jambes pressées, quand il est gelé dans la forêt, le nez rouge de froid, tremblant dans son manteau trop mince. Mais la vie l'emporte. La poésie ne meurt jamais. Il y a toujours quelqu'un pour reprendre le flambeau.
J'ai adoré ce volume.
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