Je suis l'impossible
du possible
l'encre est mon sang
Si je dessine un arbre
il grandit sous ma plume
Si je dessine un feu
ma feuille s'embrase
Mes yeux creusant la distance
j'invente
un autre présent
Dans notre vie
repose une autre vie
non expérimentée
mais existante
qui nous suivra
jusque dans les ténèbres
de la mort
Mes poèmes interrogent
ils n'expliquent pas
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Le temps est sans visage
sans bruit
Il se confond
avec le jour
Il se confond
avec la nuit
Dans la poésie,
j’écoute le silence
Dans le silence
j’écoute la mort
et le recommencement.
Je marche
et la route marche
avec moi
A ses bords
les pierres se sont endormies
Le matin me réveille…
Le matin me réveille
par les cris des mouettes
qui m’appellent
L’océan s’établit
sur la plage
jetant des coquillages
par-dessus bord
J’enlève mes sandales
pour sentir cette eau sauvage
sur ma peau
Je m’associe
à ses vagues éclatées
qui se noient
dans l’étendue du sable
Après notre mort
nous quitterons
la fiévreuse reconstruction de nos corps
pour nous allonger sous terre
Le temps cessera de vieillir
nous ne respirerons plus
la lumière sera absente
positif et négatif
n'auront plus d'importance
Nous serons confrontés
aux spectres
p.154
Entre commencement et fin
la lumière s'est éteinte
Un nom brûle quelque part
faisant tourbillonner le vent
qui emportera mes cendres
Mes paroles
sont des silences parlés
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