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Critique de Pois0n


« L'empreinte du renard » se révèle être tellement plus qu'un polar. D'ailleurs, l'enquête à proprement parler ne débute réellement qu'au tiers du livre, tout le début posant les bases de l'intrigue, et la suite le voyage des deux policiers jusqu'en pays Dogon, loin, très loin de la capitale, presque dans un autre monde. Un univers à part régi par ses lois propres et ses coutumes ancestrales...

C'est là le véritable coeur de « L'empreinte du renard », ce choc des cultures où le commissaire Habib et l'inspecteur Sosso se retrouvent à devoir bousculer leur vision d'étrangers afin de pouvoir, un peu, comprendre le mode de vie des Dogons, si différent du leur. A le considérer sans porter de jugement, tout en conservant malgré tout l'esprit critique à même de les aider à résoudre cette affaire de meurtres en série...

Autant dire que oui, on voyage. Moussa Konaté nous expédie en pays Dogon en même temps que ses protagonistes, laissant loin derrière nous l'agitation de la ville, ses bouchons et les contraintes budgétaires de la police. Nous voilà bientôt en pleine brousse, au pied de falaises majestueuses, en compagnie de ces gens vivant hors du temps et pourtant plus conscients que quiconque de la menace qui pèse sur leurs traditions. En témoigne le taux de participation aux élections imposées par l'état... Au gré des pérégrinations des deux enquêteurs, l'auteur nous immerge avec eux au milieu de la danse des masques, du petit rituel de bienvenue lorsque l'on arrive chez quelqu'un ou même de l'art de converser par métaphores. Parce que bien évidemment, des fouineurs en uniforme venus d'ailleurs et qui bousculent les convenances, on n'a pas trop envie de répondre à leurs questions, quand bien même la discussion reste courtoise...

Côté enquête en revanche, les amateurs de polars complexes aux multiples ficelles n'y trouveront clairement pas leur bonheur. Ici, le déroulement des investigations est assez lent, simple, sans tension, entretien du mystère ni fausses pistes dignes de ce nom. On se contente de suivre le raisonnement d'Habib d'un point A à un point B au gré des maigres indices ou fragments d'informations récoltés. Est-ce qu'on s'y ennuie pour autant ? Non ! Car Moussa Konaté a su parfaitement rythmer son récit. La progression des évènements se fait naturellement, et la suivre demeure un plaisir.

Certes, on pourra arguer que le dénouement est un peu facile, un peu basé sur du vent. Mais l'on appréciera son absence totale de manichéisme. Certain.e.s se sentiront peut-être un peu frustrés, pourtant, il ne pouvait y avoir de meilleure conclusion pour cette histoire, (gros spoiler) (fin spoiler). Un récit définitivement beaucoup plus profond que la simple enquête cousue de fil blanc qui lui sert de support, sur la remise en question, l'intérêt collectif, le respect des autres et, comme dans « L'affaire des coupeurs de tête », l'opposition entre modernité et traditions.
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